Qui veut dénaturer la gestion du football national ?

D’un point de vue économique, les acteurs du football (clubs, joueurs, fédérations) créent un produit : le match, qu’ils devront vendre à leurs sponsors, aux chaînes de télé et, bien sûr, aux supporters. Non seulement, mais aussi aux historiens.

Le football algérien est loin d’être pauvre en événements. Au contraire, le monde footballistique est un pan de l’histoire du sport franco-algérien durant l’épreuve de la lutte de Libération nationale qui a fièrement hissé l’emblème national lors des compétitions sportives internationales». Ferhat Abbas, alors président du Gouvernement provisoire de la République algérienne, lâchait une déclaration qui retentit encore de nos jours «l’équipe FLN a fait avancer la Révolution algérienne de dix ans». En effet, le 13 avril 1958, Mohamed Boumezrag, le fondateur de l’équipe du FLN, fut désigné directeur technique et entraîneur de l’équipe FLN où siégeait le GPRA. Une pause est-elle enfin possible pour relire l’histoire, comprendre ce football qui traverse des zones de turbulences souvent violentes ? Rêver d’un championnat sans encombre, débarrassé de ces zones de turbulences, est-ce possible ? De même au monde sportif de vivre une saison dont son sponsor serait la sportivité ? Cela est-il possible ? Lui faire réussir à tirer profit d’une gestion positive qui ferait date dans les annales du football ? Le football, ce sont ces cartes aux valeurs intrinsèques que détiennent les fans d’un club de foot, et qui ressemblent à une institution, au regard du rôle qu’ils jouent.
Mais devant la financiarisation du foot, de sa professionnalisation qui traîne, sa mondialisation et l’explosion de sa couverture médiatique, des clubs essayent d’imposer une «image de marque» parfois en désaccord avec son identité passée. Les dernières pages de la saison qui n’ont pas pu y aller jusqu’à son terme est déjà un mauvais investissement pour les annonceurs qui avaient voulu en profiter et tirer profit de ce championnat. La pandémie en a décidé autrement. De plus, un travail de communication est fait pour changer l’image de la marque et aller dans le sens d’un nouveau climat. Le sera-t-il lors de la saison qui entrera en scène en novembre 2020 ? Comment repenser les rapports toujours difficiles et indispensables entre les différents gestionnaires du football ? Un sport ne produit pas d’ennemi mais des amis. Les saisons consomment de l’information mais très peu de communication, on n’aime pas trop, même lorsqu’elle est face à des gestionnaires dont certains se perdent, dans la phraséologie, dans des discours creux et dont leurs réponses aux questions des médias sont prises dans des tourbillons de bégaiements qu’elles permettent d’identifier les qualités et les compétences des uns et des autres.
C’est aussi les saisons écoulées qui montrent comment sont-elles gérées, d’où la question : à quoi bon se mobiliser si rien ne change, ou plutôt si pour un problème de réglé, dix surgissent sans cesse à recommencer. Si la communication permet de savoir ce qu’il y a à faire, elle montre aussi combien le non respect des textes et des lois, sont souvent violés. Malheureusement, il ne suffit pas d’informer pour communiquer. C’est ce qui s’est dégagé de toutes les saisons sportives et qui ne sont autre que la non maîtrise de la Com’ et de l’information. Qu’en est-il du professionnalisme ? Comment le sauver ? Le nouveau système de compétition de Ligues 1 et 2, adopté le 17 septembre courant par (AGEx) de la FAF et qui entrera en lice dès la saison 2019/2020 va t-il sauver le professionnalisme en réduisant le nombre d’équipes de 32 à 18 disposant du statut de club professionnel ? Sont-ils vraiment prêts pour sa relance ? Pas si sûr, pensent les spécialistes et observateurs. Parmi les témoignages recueillis ça et là, nous retiendrons que depuis un siècle, les clubs sont dans les pays européens des entreprises de vente de spectacle sportif, par nature le football professionnel est un business.
Un confrère d’El Watan écrivait dans l’un de ses récents papiers «nous sommes très loin de la vraie réforme du professionnalisme, notamment rien n’a encore changé entre le football amateur et le football professionnel à cause d’une gestion fortement subventionnée que s’octroient les clubs sportifs professionnels et d’une gouvernance incohérente». Mais le rapport à l’argent est souvent critiqué par le grand public. Wladimir Andreff explique pour sa part : qu’aux Etats-Unis, la question de la valeur du foot (morale ou économique), de son ambivalence sport-business ne se pose pas. Le sport y est un business assumé, les clubs sont des entreprises qui cherchent à maximiser leur profit : c’est leur but primaire. Pour le directeur de Canal+, Charles Biétry, directeur du service des sports de la chaîne de 1984 à 1998 «on voulait mettre le téléspectateur dans le stade. Lui montrer ce qu’il ne voyait jamais. Mais si on est fier de ce qu’on a fait, je crois qu’au final on a échoué car on est finalement jamais mieux qu’au stade pour voir du foot». Le succès est phénoménal. Quant à Guy Roux, ancien entraîneur du club de l’AJ Auxerroise «il ne faut jamais oublier que plus de la moitié de la fiche de paie de n’importe quel acteur du foot pro en France est remplie par Canal+» ! «La Ligue 1 est un feuilleton. Il y a le fort, le petit, le méchant : c’est passionnant», déclarait en 2003, Michel Denisot, ancien patron des sports de Canal+.
H. Hichem