Le développement des énergies renouvelables toujours à la peine

L’Algérie tourne le dos définitivement au projet Désertec !

L’abandon définitif du méga projet Desertec qualifié de «daté et de dépassé» par le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, traduit-il les intentions latentes des autorités de recourir à l’exploitation du gaz de schiste au détriment du renouvelable ? Ou tout simplement, l’existence d’un projet alternatif plus vaste visant à promouvoir et développer le développement des énergies renouvelables dans le pays.

Un principal rempart du développement durable, notamment, face à la crise pétrolière mondiale. Pour le moment, il n’y a aucune réponse à cette question, étant donné que l’accord préliminaire signé en mois d’avril dernier entre Algériens et Allemands n’est plus pris en compte par l’Algérie qui avait même entamé les rounds de concertations et de négociations afin d’évaluer et d’examiner l’éventuelle relance du grand projet Désertec, abandonné déjà par les anciens dirigeants. Le mystère entoure toujours ce projet qui vient d’être enterré définitivement par l’Algérie. Désormais, il n’y a pas de tournant énergétique inédit pour l’Algérie en matière du renouvelable, mais plutôt dans l’énergie non-conventionnelle (gaz de schiste). Le même scénario se réédite aujourd’hui. M. Attar l’a dit clairement : «Le projet Désertec est dépassé et il faut l’oublier», alors que les autorités avaient annoncé au début de l’année leur détermination à développer les énergies renouvelables et durables. Cette décision crée un véritable couac à un certain niveau où des spécialistes du domaine s’interrogent sur les motivations et les raisons de l’abandon de ce projet, mais aussi sur l’impact qu’une telle décision aurait sur l’exploitation des énergies propres.
Sachant que l’Algérie a un important manque à gagner en la matière, notamment, pour subvenir aux besoins internes en énergie surtout que les du pétrole et du gaz sont à la peine. Même les niveaux de production sont en repli en raison de la crise sanitaire du Covid-19 et économique qui secouent le monde. L’absence d’explications plausibles et convaincantes de la mise au placard de ce projet suscitent l’incompréhension chez les spécialistes du domaine, mais aussi se heurtent avec les objectifs et ambitions du ministère de la Transition Énergétique et des énergies renouvelables, créé depuis quelques mois pour accélérer la transition énergétique et passer au vert le plus tôt possible. Le projet Désertec a été plébiscité par les autorités algériennes avant de tomber dans les oubliettes. Il aurait pu être le précurseur ou le catalyseur du développement réel des énergies renouvelables indispensables pour amorcer la transition énergétique et se libérer des énergies fossiles et réduire la pollution environnementale.
Quels sont les réels facteurs d’échec du projet Désertec qui peine à voir le jour ? Manque d’engagement, du budget ou de garanties ?!! Ce qui est sûr, le Sahara algérien ne deviendra pas un vaste panneau solaire et une source hybride de centrales solaires, du moins pas pour le moment. Peut-être plus tard s’il y a à l’horizon un projet alternatif. Sinon, la piste de l’exploration et de l’exploitation si nécessaire comme l’avait souligné récemment, M. Attar se dessine, notamment pour expliquer l’arrêt de la consommation du gaz naturel et son exportation à l’horizon de 2030. Le résultat de l’équation est déjà trouvé. Quant au développement des énergies renouvelables, il se fera, à en croire les mêmes responsables, progressivement. Le vrai paradoxe est ici. Après plusieurs tergiversations, la relance de méga projet s’avère être une annonce farfelue qui a fini aux oubliettes.
Même le ministre de la Transition Energétique et des énergies renouvelables, le Pr Chams Eddine-Chitour, a confié à la presse, explicitement, ne pas connaître les raisons de l’abandon définitif du projet Désertec. M. Chitour croit toujours en les potentialités que l’Algérie recèle dans le domaine. «L’Algérie possède l’un des plus grands gisements solaires au monde. Près de 3000 KW par mètre carré et par an», a-t-il déclaré lors d’une rencontre médiatique, précisant avec enthousiasme qu’«un Algérien consomme l’équivalent de 1.500 kilowatt-heure par mètre carré par an. Un mètre carré de soleil au Sud, peut nourrir énergétiquement parlant deux personnes». Son enthousiasme disparaît en faisant face à la réalité et à la difficulté de lever des fonds pour développer ses projets. «Mais ce n’est pas évident de le faire», a-t-il lâché, espérant parvenir à trouver des partenaires sérieux pour l’accompagner dans la réalisation de ce type de projet. M. Chitour opte pour la raison, à défaut de perspectives à long terme, notamment, avec l’enterrement du projet Désertec. Toutefois, il pense que l’exploitation du gaz de schiste avec l’utilisation «d’une technologie qui n’est pas encore mature pour l’exploitation de ce gaz», ne fera qu’abîmer le Sahara algérien qui s’étale sur plus de «2 millions de km2, une nappe phréatique de 45.000 milliards de M3 d’eau douce, une faune, une flore et des gens qui sont là depuis la nuit des temps». Quelle alternative au pétrole et gaz naturel ? Le schiste ou l’énergie renouvelable !!! Un casse-tête pour les pouvoirs publics.
Samira Takharboucht