L’Opep escompte un «retour prompt à l’équilibre et à la stabilité du marché»

La fourchette des prix du pétrole reste étroite malgré les efforts de l’Opep+

Malgré les prévisions sombres concernant la stagnation de la demande et les craintes d’une deuxième vague du Covid-19, les prix du pétrole maintiennent leur schéma positif, ignorant pour l’instant l’instabilité de la situation économique mondiale. Toutefois, il reste dans une fourchette étroite qui s’adapte au contexte actuel.

Le changement ne pourra se produire qu’après l’évaluation réelle de la situation économique mondiale qui dépend de l’évolution de la crise sanitaire mondiale du Coronavirus. Ainsi, les prévisions de la demande pour les prochains mois demeurent inquiétantes, selon les hypothèses émises par certains investisseurs dans le domaine qui table sur la reprise de la demande à moyen terme car les perspectives à long terme ne sont pas convaincantes. Amener ces prévisions à un seuil acceptable et éviter l’enlisement de la situation, les pays signataires de la Déclaration de Coopération qui ont conclu l’Accord Opep+ en mois d’avril dernier, ont procédé à la baisse de leur quota de production afin de soutenir les prix de l’or noir et absorber l’offre abondante du brut sur le marché mondial. Trois mois après l’entrée en vigueur de cet Accord, les pays membres de l’Organisation exportateurs du pétrole (Opep) et leurs alliés conduits par la Russie se sont réunis, jeudi dernier, avec la participation du ministre de l’Energie et président de la Conférence de l’Opep, Abdelmadjid Attar, dans le but d’évaluer la situation évolutive du marché pétrolier mondial et étudier les perspectives d’évolution du marché pétrolier.
«Au regard des signes encourageants de retour progressif à la situation qui prévalait avant l’apparition de la pandémie, le Comité ministériel mixte de suivi OPEP/non-OPEP (JMMC) s’est dit «confiant dans les perspectives d’évolution des fondamentaux du marché pétrolier», a indiqué un communiqué du ministère de l’Energie algérien qui a rapporté l’intervention du ministre de tutelle dans laquelle, il a insisté sur «l’importance de se conformer à 100% dans l’application des décisions de l’Accord Opep+», alors que le JMMC a ainsi évalué le taux de conformité global en août à 102 %. Un point de vue que partage le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, qui a invité, à la même occasion, «l’ensemble des pays signataires de l’Accord de réduction de la production pétrolière de l’Opep+ à maintenir le taux maximal de conformité à cet accord historique». Un accord qui a permis de stabiliser les prix du pétrole et ce, malgré la décroissance économique mondiale et les conflits régionaux et les menaces terroristes galopantes dans certaines zones fragiles. Pour éviter l’effondrement à nouveau du marché pétrolier qui menace les économies et finances des pays dépendants des revenus des hydrocarbures, à l’instar de l’Algérie, l’Opep a dû revoir ses prévisions à la baisse. Le cartel est de plus en plus prudent dans l’élaboration de ses scénarios.
Dans sa déclaration, le secrétariat général de l’OPEP, Mohamed Barkindo a indiqué que «le PIB mondial devrait se contracter de 4,1% en 2020 et la demande pétrolière mondiale devrait baisser de 9,6 millions de baril par jour (Mbj), tandis que l’offre de pétrole des pays non-OPEP baisserait de 2,68 Mbj», ajoutant que «pour 2021, en raison d’une amélioration notable de la situation sanitaire mondiale, la croissance du PIB mondial devrait rebondir à + 4,7%, la demande pétrolière augmentera de 6,62 Mbj et l’offre non-Opep croîtra de près de 1 Mbj, selon les mêmes prévisions». Les mêmes perspectives établies par l’Agence internationale de l’Energie (AIE) qui a revu à la baisse ses prévisions, au même titre que l’Opep. La raison est qu’elles ne voient pas que la demande se redresser comme espérée en Inde et dans d’autres pays asiatiques qui étaient les premiers à reprendre l’activité industrielle après plusieurs mois de paralysie. Par ailleurs, la guéguerre commerciale qui oppose la Chine aux Etats-Unis a influencé négativement la reprise de la demande, mais aussi la guerre des prix que déclenche à chaque fois l’Arabie saoudite qui ne semble peut-être pas consentir à de nouvelles réduction.
Tout comme la Russie. Ces deux poids lourds de la production pétrolière considèrent déjà que la limitation de la production pétrolière n’est plus utile étant donné que la Chine et les pays asiatiques reprendront leur activité industrielle, en parallèle du redressement de la demande et le maintien de ses lucratifs contrats avec ses alliés asiatiques. C’est une hypothèse parmi d’autres. L’Arabie saoudite profite, en effet, de son pouvoir au sein du cartel afin d’agir à sa guise, mettant mal à l’aise les autres pays membres qui n’ont d’autres choix que de s’arrimer aux décisions de l’Opep. Cette dernière semble gagner en force de décision sur le marché pétrolier, notamment, face à l’indomptable politique américaine de production pétrolière qui n’obéit à aucune règle et instance. Mis à part aux tergiversations du marché. La réunion du JMMC a coïncidé avec la célébration du 60ème anniversaire d’existence. Le ministre algérien de l’Energie a rendu un vibrant hommage à cette organisation qui «est plus que jamais influente et s’est montrée à la hauteur des défis qu’elle a eu à relever, devenant un acteur respecté et dont le rôle dans la stabilité du marché est incontournable».
Samira Takharboucht