Le citoyen est protégé de toute forme de représailles

Dénonciation de la corruption

Le président Abdelmadjid Tebboune insiste sur le nouveau comportement que doivent avoir les différents services de sécurité et institutions de l’Etat face aux lettres anonymes de dénonciation qui entraînent des poursuites judiciaires à l’encontre de cadres de l’Etat et responsables à différents niveaux.

Un communiqué de la présidence de la République, rendu public vendredi, rappelle que le président Tebboune avait annoncé, dans son allocution d’ouverture prononcée lors de la deuxième rencontre Gouvernement-walis de cette année, tenue les 12 et 13 août dernier, de ne plus tenir compte des lettres anonymes dans les poursuites judiciaires, celles-ci ne pouvant en aucun cas constituer une preuve d’imputabilité de faits qualifiés de crime ou de délit. Le communiqué fait savoir qu’une semaine après cette rencontre, le président de la République a adressé une instruction dans ce sens aux membres du Gouvernement et aux responsables des corps de sécurité. Le président Tebboune fait observer que des rapports parvenus à la présidence de la République font ressortir que certains cadres de l’Etat et responsables à différents niveaux ont fait l’objet de poursuites judiciaires, sur la base de simples lettres anonymes adressées aux différents services de sécurité et institutions de l’Etat. Nombre de cadres ont ainsi été privés de liberté sur la base de ces lettres qui, le plus souvent, se sont avérées dénuées de tout fondement.
Outre l’injustice subie par ces derniers-sus-cités, cet état de fait a entraîné une paralysie de l’activité des administrations et des entreprises publiques, à cause de la crainte, la peur et l’angoisse d’être poursuivi sur la base d’une simple lettre anonyme, poursuit l’instruction présidentielle. Conséquence: le traitement d’importants dossiers, revêtant parfois un caractère d’urgence, est renvoyé à des dates ultérieures, causant ainsi de graves préjudices au fonctionnement de ces institutions. Alimenté par la rumeur, un climat de crainte et de suspicion s’est installé auprès d’autres responsables qui, par crainte d’éventuelles poursuites judiciaires, se limitent à un minimum d’obligations et ne développent aucun esprit d’entreprise. Si la lutte contre la corruption est irréversible et nécessaire, elle ne doit, en aucun cas, prendre la forme d’une campagne de déstabilisation des outils de réalisation et de concrétisation des missions de l’Etat et de ses différentes structures d’exécution.
Ce climat malsain est naturellement alimenté par des rumeurs souvent distillées par les tenants de l’argent sale, des corrompus, ceux qui veulent à tout prix déstabiliser l’Etat et ses structures pour échapper à leur sort inéluctable. L’instruction présidentielle appelle à différencier les fautes de gestion dues à une erreur d’appréciation des actes volontaires qui ne profitent qu’à leurs auteurs ou à des tiers malintentionnés. Pour ce faire, l’administration judiciaire dispose de tous les moyens légaux pour mener des investigations en la matière. Du temps où el ‘issaba (le gang) régentait le pays, les citoyens n’avaient d’autres moyens de dénonciation de la corruption et des actes contraires à l’intérêt national, que les lettres anonymes.
On racontait alors que les dénonciateurs qui osaient le faire ouvertement, en dévoilant leur vraie identité, étaient eux-mêmes transformés le plus souvent d’accusateurs en accusés, et se retrouvaient en prison à la place des coupables qui, eux, étaient sauvés par l’intervention d’el ‘issaba grâce à des mécanismes illégaux. Maintenant qu’une Algérie nouvelle se construit, il n’y a plus aucune raison de recourir aux lettres anonymes. Une plainte en bonne et due forme ne fait plus courir aucun risque aux dénonciateurs, qui seront par contre obligés de bien constituer leur dossier sur la base de faits avérés et non pas de racontars glanés ici et là au gré des discussions de café ou de salons. L’instruction appelle toute personne détenant des informations dans ce sens à s’adresser directement aux autorités habilitées, ou expressément aux organes de la presse, la liberté de cette dernière étant consacrée par la Constitution. Cette aide apportée par les citoyens, directement ou à travers les médias avec les preuves nécessaires, doit être prise en compte pour des investigations éventuelles. Il est clair que dans ce cas, le citoyen doit être protégé par l’Etat de toute forme de représailles, rassure l’instruction présidentielle.
Lakhdar A.