Un besoin de compréhension et de repères pour son développement

Football

Ils seront nombreux à évoquer le bilan de la Fédération algérienne de football et de la Ligue professionnel de football. Chacun ira de ce qu’il a emmagasiné depuis la venue de l’équipe de Kheireddine Zetchi à ce jour. Bien entendu, il y aura certainement ceux qui salueraient leurs réalisations en n’omettant pas de mettre en exergue l’Équipe nationale, notamment le trophée et le titre de champion d’Afrique.

Un acquis d’une valeur inestimable à verser au bilan, mais aussi il y aura ceux qui mettront en vitrine les dérapages de la LFP, en contradiction avec les objectifs annoncés. Ce n’est certes pas grave pour la troisième tranche. Quelle serait la note que toutes ces parties attribueraient ? Là est la question. En attendant, il faut rêver d’une meilleure saison. Ils penseraient que la gestion du football serait un jeu d’enfants. Ils se bousculeront à chaque élection et utiliseront toutes les options pour croire à une élection, à concrétiser leur rêve. Les discours naitront, se noieront dans des promesses, changeront de tonalité, s’identifieront à leur objectifs, objectifs tant de fois détaillés dans les déclarations médiatiques, agrippé au pupitre, droit dans leurs bottes, ils reprendront souvent des paroles qui suffiraient à contenter un public qui serait acquis à leur cause.
Une fédération forte, bien organisée et crédible, et autour d’elle, des supporters, ceux qui promettent assistance dans ses multiples missions. Un scénario tant de fois répété ici et là. Les résultats attendus se mêleront à des questions d’incompréhensions et à l’inobservation des textes façonnés pour faire avancer la mécanique. Mais les pièces s’useront plus vite à ne point produire ce qui était dans l’agenda. Et après tant d’années, on comprendra que la gestion du football n’est pas un jeu à la portée de tous, notamment après avoir compris que ce sport relève du marché et des acteurs économiques. Les clubs recourent massivement à l’endettement. Le football professionnel européen, à titre d’exemple, totalisait durant les dernières années déjà près de 15 milliards d’euros de dettes. Le football espagnol, lui, se baignait dans 5 milliards de dettes, le club anglais Manchester United avait, à lui seul, 900 millions.
Au Maghreb, depuis plusieurs semaines, des tractations sont en cours pour éponger les 6 millions de dollars de dettes du Club Africain. En Algérie, selon le document de la Chambre nationale de résolution des conflits, publié par la FAF, les dettes des clubs Ligue 1 et Ligue 2, dits professionnels, montrent des chiffres faramineux. Au total, c’est 102,4 milliards de centimes (presque 1 million de dollars). La France, quant à elle, s’est dotée d’un contrôle, via une autorité comptable et financière (la DNCG)… Il s’agissait, soulignait un document aux pouvoirs publics, de ne pas laisser tomber les clubs de foot. Pour attirer les meilleurs dans leur championnat, les Etats se sont lancés dans une course délétère au moins-disant. Moins-disant fiscal : beaucoup de pays se sont transformés en paradis fiscaux pour footballeurs, les exemptant d’impôts et de charges sociales, contre toute éthique de justice».

L’UEFA et le fair-play financier
L’UEFA a fait un premier pas avec les règles de «fair-play financier», objectif pour limiter l’endettement des clubs et à restreindre l’apport de capitaux de mécènes extérieurs. Terra Nova propose des mesures plus volontaristes. Ce qui atterrit à «l’interdiction des plus-values financières sur les joueurs : les dépenses des clubs doivent être financées par les recettes commerciales pérennes, pas par de la cavalerie sur les contrats de joueurs».
Autre proposition, une «DNCG européenne» : qui veillera à travers un contrôle comptable et financier rigoureux sur la gestion des clubs, «sur le modèle pratiqué en France avec la direction nationale de contrôle de gestion. Enfin, l’interdiction de la concurrence fiscale déloyale en Europe : elle existe déjà pour la fiscalité des entreprises, il faut l’étendre aux footballeurs». Les clubs agiront à l’image du système scolaire, c’est-à-dire s’orienter vers la sélection des meilleurs, avec comme objectif la constitution de l’élite sportive du pays. «Ils dissuadent, dès lors, tous les autres pratiquants : les jeunes joueurs compétitifs mais écartés de la course à l’élite, les adultes qui veulent pratiquer un football-loisir, les femmes pour lesquelles il n’y a pas encore de véritable élite». Comprendre par ce système une manière de faire pousser les clubs à conquérir les publics.
H. Hichem