L’Algérie s’apprête à entamer «un nouveau régime financier», dès 2021

Vers la révision de la loi sur la Monnaie et le Crédit et la baisse des transferts sociaux

Le vaste chantier de la réforme économique et financière sera entamé dans les plus brefs délais à en croire les récentes instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a annoncé de nouvelles mesures austères, mais aussi, incitatives pour le développement de l’économie du marché en adéquation avec l’évolution du marché financier interne et externe. De nouvelles coupures budgétaires sont d’ailleurs prévues dans le prochain texte du projet de loi de Finances 2021.

Elles concerneront, à priori, l’enveloppe destinée aux transferts sociaux, «sans pour autant attenter aux catégories défavorisées, aux pauvres et aux indigents», a précisé le chef de l’Etat, dans une entrevue accordée, avant-hier, à quelques responsables de médias nationaux. Quant à la réforme financière globale, le Président Tebboune a évoqué la révision prochaine de la loi sur la Monnaie et le Crédit 90-10, servant de référent externe et interne dont dépendent l’organisation monétaire et la liquidité monétaire représentée par la monnaie de crédit. Instaurer une nouvelle politique monétaire pour corriger les déséquilibres financiers. Ainsi, encourager les dépôts bancaires par le biais des crédits qui assureront en simultané la création monétaire. La révision de cette ordonnance intervient après «l’engagement d’une réflexion sur la création de mécanismes pour couvrir les risques de change encourus par les opérateurs économiques en raison de la dépréciation de la monnaie nationale», a précisé le chef de l’Etat, ajoutant dans le même registre, que «toutes les lois régissant les secteurs économiques doivent être révisées, citant particulièrement la révision de la loi sur la Monnaie et le Crédit».
Ainsi, l’Algérie opte pour la crédibilité monétaire qui pourrait en parallèle contribuer à l’extension et la régularisation du marché financier dans le pays, gangrené par l’informel financier et une monnaie en perte de vitesse et de crédibilité auprès des utilisateurs. Cette réforme est plus que nécessaire étant donné que l’Algérie souhaite promouvoir l’économie numérique. «Nous nous dirigeons aujourd’hui vers une économie ouverte sur le monde. Il faut que la loi sur la Monnaie et le Crédit soit révisée. Il faut aller vers une réforme bancaire et fiscale absolue et à fond», a souligné le Président Tebboune, tout en reconnaissons les défaillances du système financier et bancaire algérien, citant en exemple la problématique du change qui paralyse les investisseurs dans le pays ayant en conséquence un impact négatif sur la santé économique du pays. En réponse à cette question, le chef de l’Etat a assuré que «ce problème technique nécessitait l’intervention de spécialistes pour déterminer les conditions de prise en charge de l’investisseur dans ce domaine», appelant la Banque d’Algérie «de revoir les contentieux existants liés aux risques de change».
Il a jugé «inconcevable que l’investisseur perde à cause du change», incitant, à cet effet, les spécialistes du domaine à trouver des mécanismes alternatifs pour solutionner la situation du marché du change et surtout pour stabiliser la dépréciation de la monnaie nationale, dans un contexte particulier où la volatilité de la croissance et du régime de change de plus en plus remis en question. Un défi de taille pour les autorités qui tentent d’éradiquer l’économie informelle qui a mis à genoux l’économie nationale et créant un déséquilibre financier important. Pour anticiper les solutions, le Président Tebboune a suggéré la création d’une «caisse de compensation» pour soutenir les investisseurs, à condition d’assurer «la stabilité politique, juridique et financière». En sus de ces imminentes révisions, le chef de l’Etat a évoqué le prochain projet de loi de Finances 2021, qui, selon lui «déterminera tous ces aspects économique» et apportera plus de rigueur et de vigueur «aux questions financières qui doivent être déterminées et contrôlées au centime près», a-t-il assuré.
Mettant en garde, par ailleurs, les entreprises contre «les fausses déclarations concernant les dommages subis pour bénéficier des mesures prises par les autorités publiques contre la propagation du Coronavirus». Il a rappelé, les dispositions prises par l’Etat pour aider et soutenir les entreprises lésées par la crise sanitaire de la Covid-19. De même pour les ménages en difficulté financières, affirmant que les autorités «ont enclenché le processus de prise en charge de cette catégorie dont le salaire ne dépasse pas les 30.000 DA, en leur supprimant l’IRG, et continueront à lui apporter notre soutien jusqu’à ce que tous les Algériens puissent jouir de chances égales à une vie décente». En conclusion, le chef de l’Etat a répondu lors de cette rencontre avec les médias à plusieurs sujets liés à la vie économique actuelle en mettant chaque réponse dans son contexte actuel et ultérieur. Il a exposé une vision plus optimiste de l’avenir économique du pays et surtout plus réglementé.
Samira Takharboucht