L’atermoiement dans l’application du droit international entrave le processus de règlement politique en Libye

Libye

Le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé vendredi la levée «sous conditions» du blocus imposé sur les champs et ports pétroliers depuis janvier, ont rapporté des médias locaux.

«Nous avons décidé de reprendre la production et l’exportation du pétrole sous conditions, à savoir une répartition équitable des revenus pétroliers», a déclaré Haftar dans un bref discours diffusé à la télévision. Depuis janvier, des groupes pro-Haftar bloquent des champs et ports pétroliers. Ce blocage, qui a engendré plus de 9,8 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros) de pertes de revenus, selon les derniers chiffres de la compagnie nationale du pétrole, a exacerbé les pénuries d’électricité et de carburants dans le pays. Haftar a déclaré que «le commandement» de ses forces «met de côté toutes les considérations militaires et politiques» pour répondre aux «souffrances» des Libyens et à la détérioration des conditions de vie.

Dans un mouvement de protestation rare dans l’Est du pays, des centaines de Libyens ont manifesté la semaine dernière à Benghazi, l’un des fiefs du maréchal Haftar, et dans d’autres villes, contre la corruption et aussi les longues coupures d’électricité et les pénuries d’essence et de liquidité. Les parties libyennes qui se sont entendues récemment à Montreux (Suisse) sur «une phase préparatoire», poursuivaient leur efforts en vue de booster les pourparlers interlibyens prévus en octobre à Genève, devant conduire à la formation d’un nouvel exécutif, au profit de qui, le Premier ministre Fayez al-Sarraj, entend céder ses fonctions fin octobre.

Mercredi, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen Fayez al-Sarraj a annoncé être prêt à quitter ses fonctions au plus tard fin octobre pour céder la place à un nouvel exécutif issu de pourparlers interlibyens visant à parvenir à une issue politique à la crise que connaît le pays depuis dix ans. «J’annonce à tous mon souhait sincère de céder mes fonctions à un prochain pouvoir exécutif avant fin octobre au plus tard, en espérant que le Comité de dialogue achève ses travaux, choisisse un nouveau Conseil présidentiel et transfère les pouvoirs au Premier ministre conformément aux conclusions du Congrès de Berlin», a déclaré le chef du GNA, lors d’une brève allocution télévisée.

Fayez al-Sarraj s’est félicité du dialogue interlibyen mené sous l’égide l’ONU et des recommandations qui en ont découlés en référence aux consultations de Montreux, tenues du 7 au 9 septembre en Suisse, soulignant que ces discussions ont balisé le terrain pour une «phase préparatoire» à une solution globale en Libye. Le chef du GNA a exprimé son «soutien à tout dialogue politique qui déboucherait sur l’élection de nouveaux organes politiques susceptibles de mettre un terme à la division en Libye». Après avoir fait le 21 août dernier deux déclarations distinctes de cessez-le-feu, les rivaux libyens ont retrouvé le chemin du dialogue à Montreux pour relancer le dialogue inclusif facilité par l’ONU et trouver une solution politique à la crise libyenne.

Lors de ces concertations, les parties libyennes ont accepté de tenir des élections dans les 18 mois et de restructurer le gouvernement. Dans la foulée, le gouvernement installé à Benghazi a aussi annoncé sa démission après les violences ayant marqué les dernières manifestations dans la ville d’Al-Marj, dans l’est de la Libye. A ce sujet, la mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), a relevé que ces manifestations soulignaient le besoin urgent de «lever le blocus pétrolier» et «de revenir au processus politique inclusif» afin de répondre aux aspirations du peuple libyen à un « gouvernement représentatif », à la paix et à la dignité. Mardi, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2542 (2020) qui proroge d’un an, jusqu’au 15 septembre 2021, le mandat de la Manul, en charge de la facilitation du processus de transition en Libye.

Si la nouvelle résolution ne modifie par le cœur du mandat de la mission, elle s’écarte des priorisations des responsabilités énoncées par les textes précédents et indique que la Mission est désormais «chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices, dans le strict respect du principe d’appropriation nationale». La Manul est également appelée à «appuyer l’instauration d’un cessez-le-feu, une fois convenu par les parties libyennes», et à «fournir le soutien approprié à son observation». Le Conseil lui demande en outre de coordonner et de dialoguer étroitement avec les acteurs internationaux et les pays voisins ainsi que les organisations régionales. La crise en Libye a débuté en 2011, et depuis deux autorités se disputent le pouvoir: le Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli, et la Chambre des représentants qui siège à Tobrouk dans l’Est.
R.I