Un des meilleurs ambassadeurs de la chanson Malouf

Décès de Hamdi Bennani

Les artistes et acteurs de la scène culturelle dans la wilaya de Annaba ont été unanimes à reconnaître que le chanteur bônois Hamdi Bennani, surnommé «l’ange blanc» décédé lundi matin à l’âge de 77 ans fut un des meilleurs ambassadeurs de la chanson Malouf et la musique andalouse sur la scène internationale.

Compagnon de route du défunt artiste pendant près de 60 ans, le chanteur également annabi Ayachi Dhib assure que Mohamed Cherif Bennani alias Hamdi Bennani avait «réussi à marier dans sa musique authenticité et modernité». Visiblement très ému, il a déclaré que «le défunt a su respecter les règles de base de l’art andalou authentique en exécutant les diverses Nouba tout en s’ouvrant aux autres tonalités de sorte à développer un style à part à la fois authentique et moderne qui lui avait permis de représenter l’art andalou à l’échelle nationale et internationale». Selon le témoignage du même artiste, Bennani qui avait côtoyé les maîtres du Malouf que furent El Kourd, Hassan El Annabi, Cheikh Triki, Mohamed-Tahar Fergani et bien d’autres était «un passionné des Nouba authentiques exécutées à l’Oud et au violon également ouvert aux potentialités des sonorités des nouveaux instruments modernes dont la guitare basse par lesquelles il a pu conquérir une vaste audience nationale et internationale». Bennani, ajoute-t-il, a débuté son parcours artistique à l’orchestre de la musique et de la chanson Malouf Hassani El Annabi créé en 1970 par la commune de Annaba avec lequel il était parvenu à se distinguer lors d’un concert animé à Alger en présence du défunt président Houari Boumediene.
Pour cheikh El Ayachi, le chanteur des mythiques tubes «Ya bahi El djamel», «Ouyoun lahbara» et «Djani ma djani» qui conserveront son empreinte singulière, a toujours su apporter généreusement la joie aux cœurs des mélomanes. De son côté, le directeur de la maison de la culture Mohamed-Boudiaf, Rachid Saïdi a confié que le défunt Bennani était connu pour «son humilité et son encouragement aux jeunes talents qu’il accueillait toujours dans le bureau de l’Union des artistes d’Annaba qu’il tenait à la maison de la culture». Rédha Arfaoui, jeune chanteur du genre chaâbi, assure aussi que le défunt tout comme son fils Kamel ouvrait constamment les portes de son studio à Annaba aux jeunes artistes qui désirent sortir leurs albums. Hamdi Bennani est décédé lundi matin à l’hôpital Ibn Sina d’Annaba à l’âge de 77 ans. Il a été inhumé après la prière d’El Asr au cimetière familiale de Sidi Aïssa dans la ville d’Annaba.
Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a présenté ses sincères condoléances à la famille du chanteur et musicien Hamdi Bennani. «J’ai appris avec une profonde tristesse et affliction la nouvelle du décès de l’ami et grand artiste Hamdi Bennani. Avec sa disparition, la scène artistique perd un homme engagé qui a su gagner le respect du public avec son art, tout au long de son parcours artistique, tant à l’intérieur du pays qu’à extérieur», a écrit le Président Tebboune sur son compte officiel Twitter. «En cette douloureuse épreuve, je tiens à exprimer mes sincères condoléances et ma profonde compassion à sa famille et à tous ses fans. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons», a ajouté M. Tebboune. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a également adressé un message de condoléances à la famille de l’artiste, estimant que la scène artistique en Algérie, notamment la chanson Malouf, a perdu avec sa disparition «l’une de ses icônes».
«C’est avec beaucoup de tristesse et de chagrin que j’ai appris la nouvelle du décès de l’artiste Hamdi Bennani des suites d’une longue maladie qui l’a emportée et mis fin ainsi à une vie riche en œuvres et créations artistiques authentiques», a écrit le Premier ministre. «La scène artistique en Algérie notamment la chanson Malouf vient de perdre avec la disparition du virtuose de ce genre musical unique, l’une de ses icônes», a-t-il souligné, ajoutant que le public mélomane et tout le peuple algérien se souviendront à jamais du défunt, de ses qualités et de ses chansons authentiques ayant marqué son riche parcours artistique». «En cette douloureuse circonstance, je ne puis que partager vos peines et tristesse. Je tiens également à vous présenter ainsi qu’à la famille artistique, mes sincères condoléances et l’expression de ma profonde compassion, priant Allah, Tout-Puissant, d’accorder au défunt Sa sainte miséricorde, de l’accueillir en Son vaste paradis et de vous prêter patience et réconfort», a conclu le Premier ministre.
Surnommé l’ange blanc en référence à son violon blanc qu’il n’a jamais quitté, Hamdi Bennani, Mohamed Cherif Bennani de son vrai nom, est né à Annaba en 1943 dans une famille de musiciens qui l’a initié à la musique andalouse et à l’école du malouf. Dans son enfance, il était entouré de son oncle Mhammed El Kord et de son grand-père Mustapha, musiciens et maître du malouf. Après avoir été primé dans un concours de chant, c’est au théâtre de Annaba qu’il se fait connaître en 1963 avant a première apparition à la télévision, trois ans plus tard. Connu pour avoir révolutionné ce genre musical en introduisant des instruments nouveaux et des influences d’autres musiques, Hamdi Bennani a chanté dans de nombreuses villes du monde où il a représenté avec une grande élégance la culture et la musique algérienne. En 2017, il avait reçu la médaille de l’ordre du mérite national au rang de «Ahid» à l’occasion de la Journée nationale de l’artiste.
R. C.