Les notables pleurent le lustre évanescent de leur ville

Aïn Témouchent

Au lendemain de l’indépendance, la ville d’Aïn Témouchent était plus belle, propre, charmante et verte. Elle était également accueillante et attirante. Trois toilettes publiques situées au cœur de la ville rendaient énormément de services aux citoyens, passagers et visiteurs. Aujourdhui elles sont inexistences car elles ont été purement et simplement démolies par ordre des autorités municpales.

Et les visiteurs souffrent le martyr pour faire leurs besoins naturels. Contre son gré, la place du 9 décembres1960 s’est pervertie en vespasiennes où s’exhalent les odeurs nauséabondes. Il en est de même pour les fontaines publiques qui autrefois rafraichissaient les gorges. Cependant, l’avenue Mohamed Boudiaf, jalonnée d’administrations et d’établissements publics, s’est faite remarquer ces dernières années par l’intense circulation piétonnière. Elle est très fréquentée. En principe, les pouvoirs publics doivent penser à construire des toilettes publiques et des fontaines. C’est le souci des enfants de la ville. En conséquence, le maire d’Aïn Témouchent, M. Ourred Omar a déclaré aux journal : «Nous avons inscrit l’opération de construction de toilettes publiques à travers la ville. On souhaite qu’elles ne soient pas implantées à la périphérie de la ville pour servir aux chiens errants comme les précédentes».

Concernant le tissu végétal, l’on peut le citer à titre illustratif et non limitatif. Autrefois, des squares embellissaient les cités et le paysage, mais ils ont été éradiqués de telle sorte qu’un enfant d’aujourd’hui ne pourra jamais imaginer les fleurs et plantes ornementales plantées. Les notables de la ville regrettent qu’un certain wali, cheffe de l’exécutif, a décidé de déterrer la verdure et ensevelir le sol par le béton et le carrelage pensant que ses opérations s’inscrivent dans le programme d’embellissement et d’aménagement de la ville qui a gaspillé des millions de dinars. Un carrelage aux couleurs éclatantes crève les yeux sous l’effet de la réflexion des rayons solaires dans cette ville au climat très ensoleillé. La place Verdun, très bien située, a perdu ses romarins, géranium, verdure pour devenir une lugubre aire vêtue en carrelage. Ce même wali a également ordonné la fermeture de la place publique Emir Abdelkader, récemment réalisée devant le siège de la wilaya.

Ses portes sont cadenassées et des herbes folles ont investi le sol. Encore, les riverains au siège de la wilaya, à Hay Zeitoun, ont pleuré lorsque cet éminent wali a également dévasté un espace vert où les enfants de la cité jouaient et où les adultes et les familles se relaxaient sur une pelouse en gazon. Ne s’arrêtant pas à ce point, cette cheffe de l’exécutif a également proposé la suppression d’une partie d’un joli et magnifique jardin botanique entourant le siège de l’hôtel de ville de la commune de Sidi Ben Adda pour la construction d’une annexe administrative. Fort heureusement, les citoyens, pas les élus, ont réagi et ont manifesté leur opposition par des écrits médiatiques et saisi les autorités supérieures de l’Etat pour stopper ce massacre. Dieu soit loué, ils ont obtenu gain de cause et ont préservé leur espace vert érigé depuis l’année 1953 et qui embellissait leur village à vocation agricole. Pour ces citoyens, le jardin fait partie du patrimoine communal. En fait, tous les passagers à travers le boulevard national contemplent avec amertume l’état lamentable du jardin public et son théâtre de verdure de la ville. Ils regrettent les carrés ornés de diverses variétés de fleurs, ses pittoresques arbres ornementaux, sa fontaine où s’effectuaient les promenades et s’organisaient les soirées musicales et distractives. Il ne reste plus aujourd’hui que les souvenirs d’une époque révolue.
Sabraoui Djelloul