Qu’en est-il de la rentabilité de l’exploitation du phosphate, du fer et de l’or en Algérie ?

Face aux nouvelles mutations mondiales

Au dernier Conseil des ministres, il a été demandé aux départements ministériels concernés, des études sérieuses sur l’opportunité de la valorisation des gisements de fer et de phosphate. Cela ne date pas d’aujourd’hui puisque en tant que jeune conseiller du ministre de l’Industrie et de l’Énergie entre 1974/1977, je rappelle que ces projets avaient été abordés et de nombreuses études ont été réalisées. Et depuis combien ont coûté entre 1980/2019 toutes ces études tant en devises qu’en dinars sans résultats probants ?

Selon le rapport du Conseil mondial de l’or (CMO), en juin 2020, nous avons pour les réserves d’or par ordre décroissant les pays suivants : Etats-Unis 8134 tonnes, Allemagne 3364, Italie 2452, France 2436, Russie 2300, Chine 198, Suisse 1040, Japon 765, Inde 658 et les Pays-Bas 612 tonnes. Toujours selon le rapport du Conseil mondial de l’or (WGC) reprenant le classement des pays de la région Mena (Moyen-Orient, Afrique du Nord) en terme de réserves d’or, l’Algérie est classée en 3e position, l’Algérie venant après l’Arabie Saoudite et le Liban avec des réserves d’or s’élevant à 173,6 tonnes, suivie par la Libye avec 116,6 tonnes, par l’Irak avec 96,3 tonnes et l’Egypte qui détient une réserve aurifère estimée à 79 tonnes. Nous aurons une valeur courante en septembre 2020 pour une valeur (1 once = 28,3495 grammes), au cours du 24/9/2020 de 1901,42 dollars l’once, environ 9,5 milliards de dollars.

Evitons l’expérience malheureuse, avec la compagnie australienne, Gold Mining of Algeria (GMA) qui s’est retirée en octobre 2011 avec un lourd passif, l’Enor étant en déficit structurel entre 2010/2019. En effet, il est utile de préciser qu’existe un gisement situé dans l’extrême sud du pays, à Tirek-Amesmessa (à 400 km au sud-ouest de la wilaya de Tamanrasset), la compagnie publique d’hydrocarbures Sonatrach ayant assuré la poursuite de la production, dans l’attente d’un nouveau partenaire. Au contraire, la thésaurisation et la spéculation dans les valeurs refuges comme l’or, certaines devises ou certaines matières premières sont nocifs à toute économie. Avoir des réserves de change en devises ou en or est une condition nécessaire, sécuriser l’investissement et surtout éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar par rapport aux devises où existe une corrélation d’environ 70% entre la valeur actuelle du dinar, et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures, sinon le dinar flotterait à plus de 300-400 dinars un euro.

C’est loin d’être une condition suffisante d’un développement durable, le problème central pour l’Algérie entre 2020/2025 avec les tensions budgétaires qui s’annoncent, étant de transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles. 4.- En résumé, sans vison stratégique les pertes peuvent se chiffrer pour l’Algérie en dizaines de milliards de dollars. Il s’agit d’éviter les erreurs du passé par des évaluations sérieuses en termes de rentabilité et sans un partenariat solide, il est vain de pénétrer le marché mondial et encore moins la filière minière contrôlée par quelques firmes internationales. Lafarge qui a des points d’appui en Afrique à travers ses filiales étant difficile pour les autres unités d’exporter, où, contrairement à certains discours ne reposant sur aucune étude de marché sérieuse, les parts de marché étant déjà pris avec de nombreux complexes en voie de réalisation au niveau du bassin méditerranéen. Pour ce cas, de nouvelles méthodes de construction au niveau mondial sont en cours économisant le rond à béton, le ciment et l’énergie et comme en Allemagne, est d’utiliser le béton pour construire les routes revenant souvent moins cher que le bitume importé.

L’Algérie a besoin d’une vision stratégique au sein de laquelle doit s’insérer la politique industrielle, afin de s’adapter aux nouvelles filières mondiales poussées par l’innovation perpétuelle. Evitons les utopies : l’Algérie dépendra encore pour de longues années des hydrocarbures, les autres matières premières permettant de réaliser tout juste un profit moyen devant investir dans les institutions démocratiques, l’éducation, la transition numérique et énergétique. Aucun pays dans le monde qui a misé uniquement sur les matières premières brutes n’a réussi son développement.Depuis que le monde est monde et cela s’avère plus vrai avec la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030/2040 la prospérité des différentes civilisations a toujours reposé sur la bonne gouvernance, le travail, la recherche théorique et appliquée, un pays sans son élite étant comme un corps sans âme (Suite et fin)
A. M.