Appels à s’attaquer aux raisons de l’obstruction pour surmonter l’impasse politique au Liban

Liban

La classe politique au Liban a appelé à s’attaquer aux causes de l’obstruction à laquelle s’est heurté le Premier ministre désigné Moustapha Adib qui s’est excusé samedi de n’avoir pas pu former un exécutif devant mener l’opération de sauvetage du pays en proie à des difficultés économiques accentuées suite à l’explosion de Beyrouth.

Nommé le 31 août, Adib s’était engagé en faveur de réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer l’aide promise au lendemain de l’explosion du 4 août dernier qui a fait 190 morts et 6.500 blessés. La première tâche du gouvernement aurait été de relancer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage vital. Mais, les efforts du Premier ministre désigné se sont heurtés à des obstacles liés aux exigences du Hezbollah et du mouvement Amal, dirigé par le chef du Parlement Nabih Berri, qui réclamait le portefeuille des Finances. Selon la Constitution libanaise, le chef de l’Etat doit désormais mener de nouvelles consultations parlementaires contraignantes pour désigner un nouveau Premier ministre. A présent, les regards sont braqués sur les quatre anciens Premiers ministres Saad Hariri, Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam pour proposer un nouveau nom. Ils étaient à l’origine de la candidature de Adib. Les 3 anciens premiers ministres Najib Mikati, Fouad Siniora et Tamam Salam ont demandé aux partis politiques d’ «être à l’écoute des besoins nationaux, et qu’ils prennent conscience des dangers de la désintégration et de l’effondrement du Liban sans un gouvernement capable, efficace et non partisan».

Faciliter la formation du gouvernement, loin des comptes étroits
Avec la récusation de M. Adib, «le pays fait désormais face à de multiples dangers, dont notamment l’absence d’un gouvernement pilotant l’opération de sauvetage du pays, participant aux conférences internationales et discutant avec le Fonds monétaire international», a déclaré dimanche le patriarche maronite Béchara Raï. «De par notre attachement à la Constitution et au Pacte national, nous appelons à ce qu’aucun portefeuille ministériel ne soit définitivement réservé à un camp, formation politique, communauté ou confession, et appliquer la règle de la rotation démocratique (…) Aucun nouvel usage ne peut être imposé sans un consensus», a souligné le patriarche. (…) Quelles que soient les divergences entre les Libanais, le dialogue doit être plus fort que tout». Dans un tweet, le député Farid Boustani a estimé que «le problème politique dont le pays souffre doit être contenu rapidement».
Ce dernier, a considéré « nécessaire d’entamer de nouvelles concertations parlementaires et la nomination d’un nouveau Premier ministre pour la formation d’un gouvernement dont le choix des ministres serait basé sur les critères de la compétence». Selon lui, la solution demeure celle d’ »instituer un Etat civil». Pour sa part, le Chef du Parti Socialiste Progressiste (PSP), Walid Joumblatt, a déclaré : «Il est grand temps de reprendre la feuille du passé, de se baser sur elle pour bâtir et de faciliter la formation du gouvernement, loin des comptes étroits. Chaque minute qui passe n’est pas dans l’intérêt du Liban». Ce dernier, a estimé que les partis responsables de l’obstruction de la formation du prochain gouvernement «ont commis un pêché vis-à-vis du peuple libanais». Le parti socialiste progressiste (PSP) a espéré que toutes les parties politiques «se rendent compte à quel point la situation en cours au pays est grave et critique et que ceux qui imposent des conditions cessent d’entraver l’unique chance pour sauver le pays avant qu’il ne soit trop tard». Depuis 2009, le Liban connaît des blocages à répétition de la formation de plusieurs gouvernements.
R. I.