Que faut-il faire pour éradiquer la bureaucratie ?

Boumerdès

Une Assemblée populaire communale ou collectivité locale est en quelque sorte un petit gouvernement d’où le maire en est le petit président de la République, idem pour la wilaya qui voit le wali être le chef suprême d’une région, et pour pouvoir prétendre avoir un Etat fort et stable, il faudrait un processus d’édification qui doit correspondre à un processus de constitutionnalisme, voire de structuration par le bas.

La commune et la wilaya sont les premiers jalons du processus de l’institutionnalisation de l’Etat dont la solidité des fondements fait qu’ils résistent à toutes les crises et les secousses dont ils sont la cible. Malheureusement, les présidents d’APC ne savent pas gérer leurs communes, les walis rencontrent des problèmes quand ils butent face aux besoins des habitants de leurs communes, certains ne possèdent pas le gaz de ville, d’autres ne sont pas alimentés en eau potable, l’assainissement fait toujours défaut. Et dire qu’en est en 2020, la mise en place de ces deux structures récupérées comme un élément du patrimoine national, certains principes de base (collégialité hiérarchisée des organes d’exécution) auxquelles s’ajoutent des règles nouvelles fort importantes des institutions nationales naissantes, un Etat fort se doit d’être démocratique, sérieux, régi par les lois et basé sur une morale, un Etat qui saura survivre aux gouvernements et aux hommes.
Malheureusement, ce n’est pas le cas actuellement dans nos administrations, les embûches administratives, l’excès de zèle des agents d’administration, le mauvais accueil, les grossièretés, le mépris, l’ostracisme, les obscénités, le manque de coordination flagrant entre les différentes institutions étatiques et privées, l’injustice, la hogra, le piston, le favoritisme auxquels sont confrontés les citoyens est un état de fait bien connu dans notre quotidien de tous les jours qui, en fin de compte, finit par agacer la majorité des Algériens. Que faut-il faire pour éradiquer, ou du moins, atténuer le problème de la bureaucratie au niveau des services publics ? Le Président de la République, en l’occurrence, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, se doit de prendre les décisions adéquates pour en finir avec cette bureaucratie insolente qui prend des proportions alarmantes et inacceptables dans notre pays, et qui dit bureaucratie dit forcément agents zélés, impolis, irrespectueux, qui n’ont aucune notion du service public et encore moins du respect vis-à-vis des usagers, et qui dans certains cas, se permettent des écarts de langage à l’égard des citoyens.
Qui sont-ils pour se permettre de pareilles situations ? C’est des personnes ripoux qui se sont fait beaucoup d’argent sur le dos du contribuable, ils ne reculent devant rien pour parvenir à leurs buts, Abdelmadjid Tebboune en collaboration avec les ministres qu’il a lui-même choisi, des walis qu’il a placé, doivent chercher un plan anti-bureaucratie, susceptible d’améliorer le vécu des usagers et mettre un terme aux souffrances des Algériens qui sont malmenés de part et d’autre, de service en service, sans jamais arriver à régler leurs problèmes. «J’ai déposé un dossier complet au niveau de la DRAG, j’ai demandé un accusé de réception. Cette document m’a été refusé pour des raisons incompréhensibles, pour la simple raison qu’ils n’ont pas l’obligation de le faire, et dire que c’est un service de la réglementation», affirme un citoyen de la wilaya de Boumerdès. « Nous sommes un groupe de citoyens, nous avons déposé un dossier en bonne et due forme pour l’obtention d’un agrément pour une association, en date du 19 avril 2017, nous avons été entendu par les services de sécurité pour enquête, malheureusement, nous avons essuyé un refus par la DRAG au motif que le «but de l’activité de l’association n’est pas conforme».
Nous avons essayé une seconde fois avec un autre dépôt de dossier, le même scénario se répète, un refus total mais cette fois-ci nous n’avions pas été convoqué comme le veut la réglementation par les services de sécurité pour enquête, la DRAG est resté plus de huit mois pour nous notifier un refus notifié en date du 3 mars 2020, stipulant que notre association «Afak» de la zone d’activité de Bordj Menaïel ne répondait pas aux normes de la réglementation. Dans quel monde vivons-nous, c’est vraiment très grave ! Il y a anguille sous roche ! Voilà ce que l’on appelle la bureaucratie ! L’administration algérienne est défaillante malgré les consignes strictes qui ont été données par le gouvernement aux directeurs de l’aménagement local (DAL) et les directeurs de la réglementation et l’administration générale (DRAG) à tous les chefs de daïra et aux présidents des assemblées populaires et communales du pays dans le but de plancher sur le sujet et définir une stratégie commune de lutte contre le fléau de bureaucratie, le problème demeure toujours et s’aggrave de plus en plus d’année en année.
Quel est le remède le plus efficace nécessaire à endiguer cette épidémie qui a atteint un seuil alarmant ? Que faut-il faire pour améliorer les prestations de services publics et faire en sorte que l’administration soit au service du citoyen et non l’inverse ? Il faudrait tout d’abord que les requêtes transmises au chef du gouvernement puissent avoir une réponse, que tel ministre ait l’amabilité de prendre en charge le problème vécu d’un citoyen, c’est là que la confiance sera restaurée. «La bureaucratie n’est pas un phénomène nouveau en Algérie, elle a toujours existé, et pour la combattre, il faudrait que le gouvernement applique à la lettre une mesure phare pour réduire de manière drastique la paperasse inutile afin de faciliter la vie aux citoyens dans leur démarche d’obtention d’un document officiel, affirme un interlocuteur. Les agents de l’état civil n’ont aucune relation avec les usagers. Ils manquent de formation et de culture de service public et ses rudiments. Au risque de nous répéter, l’administration doit être au service du citoyen et faire en sorte que ce dernier soit entièrement satisfait des prestations qu’ils lui sont offertes.
Le problème de la bureaucratie n’est pas spécifique à l’état civil des APC, mais bien plus à tous les secteurs étatiques, que ce soit du sommet à la base, c’est-à-dire à commencer par le gouvernement, les ministères, les wilayas, les daïras, les collectivités locales (APC) et autres. Vous avez beau écrire par courrier officiel une requête aux plus hautes instances de l’Etat pour dénoncer une quelconque injustice, une hogra, soyez en sûr que personne ne vous répondra, votre requête demeurera lettre morte. Abdelmadjid Tebboune doit faire de la bureaucratie son nouveau cheval de bataille au sein de son gouvernement et faire un point de situation avec ses ministres pour diagnostiquer les éventuelles carences auxquelles sont confrontés quotidiennement les Algériens, que ce soit dans les APC, les services des impôts, les services des urgences des hôpitaux, les directions des administrations de la wilaya, dans les postes et télécommunications, les banques algériennes, au niveau de la direction de la réglementation et l’administration générale, la direction de l’administration locale, dans les services de sécurité de la DGSN, les services de la Gendarmerie nationale et autres secteurs névralgiques. Les Algériens crient leur désarroi face à la détérioration qui affecte l’administration algérienne, ils ne savent plus à quel saint se vouer pour mettre fin à ce calvaire qui n’a que trop duré, certains citoyens se sont dits abandonnés et mal écoutés par les autorités locales, les présidents d’APC refusent de leur accorder une audience, idem pour les chefs de daïra.
Les institutions étatiques doivent respecter la feuille de route tracée par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, à savoir l’instruction aux différents chefs de daïra et présidents d’APC pour qu’ils organisent des stages de formation à l’intention des différents agents d’administration, dans le but de leur enlever cette mentalité rétrograde à l’égard des usagers et leur inculquer d’autres mesures qui pourraient voir le jour, pour éradiquer la bureaucratie et réhabiliter les fondements d’une administration saine. Les responsables doivent savoir sanctionner tout dépassement et prendre le soin d’accorder de l’importance aux doléances des citoyens. Le calvaire des usagers de la Poste venus pour y retirer leur argent sont sujets à une longue file d’attente, les usagers, des fonctionnaires, des retraités pour la plupart sont astreints à de longues heures d’attente, avant d’atteindre le guichet et encaisser leur pécule avec irrespect. Devoir se lever aux aurores, supporter des heures d’attente sous le soleil et en posture debout, avouez que ce n’est pas évident, a fortiori pour des vieux de 70 ans qui la plupart sont des malades chroniques. Il faut endurer l’acerbe pour pouvoir savourer l’exquis.
Kouider Djouab