Source d’inspiration

Les arts primitifs africains

Les Africains qu’on a traités de sauvages, de cannibales, de singes pour expliquer leur mise en esclavage, ont beaucoup apporté aux traditions, sciences et arts des autres continents.

Qui peut nier, aujourd’hui, ce qu’ils ont été capables d’innover sur les terres agricoles américaines qu’ils ont défrichées, labourées, semées, plantées sous la menace d’une cravache et pour le bien des Européens conquérants ? C’est dans ce climat d’ingratitude, d’interdiction et d’exploitation esclavagiste que les Noirs ont inventé des genres musicaux à l’exemple du jazz et du blues qui allaient révolutionner en culture américaine au point de propulser ces artistes au sommet, dans les compétitions mondiales, à l’image des résultats sportifs pour ne pas dire des performances de leurs athlètes à la peau noire.

Le cubisme inspiré des arts primitifs africains
On sait ce que la peinture de Picasso a provoqué dans les mouvements picturaux, mais on ignore encore que le cubisme ressemble aux statuettes africaines ainsi qu’aux masques des temps anciens. Ces objets sortis de l’imagination des artistes ayant travaillé dans l’ombre avec des outils rudimentaires sont les dignes représentants du génie créateur africain. Pour ceux qui les ont observés, ils sont constitués de formes géométriques exactement comme celles de la peinture de Picasso qui s’est inscrite dans le mouvement surréaliste. Ceux qui ont essayé de décrypter ces personnages sculptés sur du bois ont dû faire aussi un rapprochement avec les peintures rupestres et hiéroglyphiques qui remontent à des millénaires avant l’ère chrétienne. La peinture dans tous ses états a toujours été en Afrique un art primaire, mais qui a servi de moyen de communication entre les générations séparées par des millénaires. On éprouve un intérêt particulier à lire les gravures les peintures anciennes comme les masques à grande valeur symbolique réalisés aussi du bois sculptés avec dextérité pour être adaptés à des cérémonies rituelles.
Les égyptologues formés dans les grandes écoles européennes avant d’aller en terre africaine, ont une longue expérience des lectures de textes, signes anciens, sites historiques mais le décryptage des sculptures de l’Afrique ne semble pas avoir été accompli de manière parfaite, pour en dégager tous les messages iconiques qu’ils ont véhiculés depuis des siècles. Les masques dont chaque vivant est encore porteur pour cacher son moi intérieur, doivent faire l’objet d’un travail d’exploration digne de ce nom par des équipes de philosophes du langage, anthropologues, sociolinguistes. Les études réalisées à ce jour ne nous satisfont guère. Elles ont une valeur d’actualité indiscutable. Malgré les difficultés que les Africains d’il y a des millénaires, ont rencontrées pour survivre, des artistes de grand talent se sont portés volontaires pour écrire l’histoire par sculptures artistiques interposées qu’il nous appartient aujourd’hui de déchiffrer à la manière de ceux qui font un travail de décryptage ou d’interprétation des tableaux de Picasso qui eux, ont le mérite de valoir des fortunes immenses contrairement aux créations artistiques de l’Afrique qui ont servi de source d’inspiration.
Même la culture grecque pourtant si florissante est née de l’influence africaine Hérodote s’est beaucoup intéressée à l’Afrique du Nord pour ses dieux, son histoire, ses parlers, ses vestiges les plus anciens. Les peintures rupestres, les hiéroglyphes devraient exister à plusieurs milliers d’années avant cet ancêtre des historiens. Ainsi la pratique divinatoire employée dans la géomancie et l’activité du jeu à tablette nommé Mankala sont répandues dans le monde, via la Grèce, mais sont d’origine africaine. Hérodote avait des raisons d’ordre historique de parcourir la Libye, située à quelques centaines de kilomètres, sinon moins de la Grèce. On dit qu’Homère aurait visité la Tunisie qui devait être une terre à explorer. Ne peut-on pas parler d’origines africaines ou nord-africaines à propos des légendes d’Ulysse et de l’Iliade qu’Homère avait coutume de déclamer de place publique en place publique à la manière des aèdes d’antan.
Certaines linguistes, particulièrement spécialisées en lexicologie, parlent d’origines africaines d’une proposition négligeable de vocabulaire grec. Certains toponymes, particulièrement ceux de la Crète, la plus proche de la Libye et de la Tunisie, auraient été empruntées à ces deux pays. Les noms d’Athéna et de l’Acropole seraient partis de l’Egypte ancienne. La Grèce considérée comme le berceau de la pensée européenne aurait bénéficié de découvertes africaines pour les techniques de travail. On retrouve chez nous comme de l’autre côté de la Méditerranée des moulins traditionnels, des métiers à tisser, des charrues pour les labours et de nombreux autres outils que les uns et les autres se disputent la paternité. On retrouve aussi des similitudes dans divers domaines comme la céramique, la production de l’huile d’olive et de nombreux rites accompagnant des travaux traditionnels.
Abed Boumediene