Les pêcheurs se préparent à une grève

Pêche

C’est à Annaba que devraient se préparer dès aujourd’hui jeudi les pêcheurs de différentes zones côtières du pays. «Effectivement nous allons nous réunir dès aujourd’hui pour une réunion au cours de laquelle nous déciderons d’entamer d’une grève générale. Notre décision a été déjà prise après avoir constaté que la hogra persiste toujours.

Il s’agit de l’expression de notre impuissance à mettre légalement fin aux agissements de certains exploitants agissant dans un cadre pour imposer leur loi dans le dispositif régissant le «rôle». Ce document représente l’un des axes prioritaires de travail de la fonction maritime face aux actions de la police maritime comprenant diverses opérations : observation des activités de pêches ; interrogation de navires de pêche, vérification des journaux de bord, examen des captures, des installations de stockage ou de traitement, vérification des engins de pêche et contrôle des maillages, appréhension des navires, matériels et produits de la pêche, rédaction de procès-verbaux d’infraction, déroutement… Ce document dit «rôle» fait l’objet de contrôle facilité pour les uns, alors qu’il est très difficile pour d‘autres. Notamment les petites embarcations formant la proie des frégates de la police de surveillance.

Celle-ci traque les marins-pêcheurs agissant légalement et ferment l’œil sur les braconniers. D’où la colère de plus en plus grande des patrons de pêche et des chalutiers particulièrement les thoniers contraints et forcés de se soumettre. Ce qui donne un aperçu sur la décision de la majorité des pêcheurs d’entamer une grève générale sans préavis. L’appel est prévu pour être étendu à tous les acteurs de la côte maritime algérienne. Initialement limitée à la zone maritime de Annaba où la corruption bat son plein, la grève devrait être suivie par les thoniers également confrontés au diktat des détenteurs des droits d’entrée et de sortie des embarcations et de la pêche sous quelque forme que ce soit «le rôle, explique le vieux Mohamed un vétéran de la pêche.

La cause en est la corruption et la compromission qui sévit sur le port de pêche à Annaba. «Non seulement, la grève sera appliquée sans préavis, elle sera aussi illimitée jusqu’à satisfaction de nos revendications dont la révision du contenu du rôle et la mise hors d’état de nuire des corrompus», a affirmé ce vieux approuvé par plusieurs de ses camarades. La plupart d’entre-eux paraissaient véritablement déterminés à aller plus loin que la revendication sur certains passages du contenu du rôle maritime et de ce qu’il sous-entend comme problème de frais supplémentaires à payer. Ils ont également abordé la question de l’indemnité des 30.000 DA non encaissée par les gens de la pêche contrairement à tous leurs camarades des autres ports. Ces points et bien d’autres figureront à l’ordre du jour de la réunion d’aujourd’hui jeudi.

Cette situation met en relief le fait que l’Algérie est encore loin de réunir les conditions permettant de promouvoir et d’encourager le développement de la pêche. Pourtant, les récentes et multiples déclarations du ministre de la Pêche et des Productions halieutiques visant à créer l’émulation entre les différents acteurs publics et priés. Cette réaction des pêcheurs est à inclure dans les projets et initiatives ratés de l’administration visant à les faire connaître pour mieux maîtriser les efforts fournis par les équipes d’acteurs directement impliqués. Ce qui contredit les déclarations faites en mars 2020 par l’actuel MPRH Sid-Ahmed Ferroukhi. C’était à Mostaganem lors du lancement du programme national de maintenance des infrastructures portuaires. Ce programme a pour objectif de permettre au secteur d’atteindre, à la fin des travaux une production de 166.000 t/an.

Rappelons que S.A. Ferroukhi avait insisté sur l’achèvement des travaux d’urgence qui peut accueillir environ 120 embarcations à Mostaganem et des wilayas avoisinantes. Il constitue une source de vie pour 2.000 familles Dans cette même infrastructure portuaire, le MPRH avait inauguré une poissonnerie moderne et présidé à la signature officielle de deux conventions entre la Direction de wilaya de la pêche et des produits halieutiques et l’Entreprise de gestion des ports et abris de pêche et entre la Chambre de wilaya de la pêche et de l’aquaculture et la société algérienne d’assurances «CAAT» destinée à élargir les services de cette dernière institution à l’assurance aux biens et outils de production. Il reste qu’entre la réalité du terrain de la pêche et celle vécue par les principaux acteurs, il y a les fausses déclarations des décideurs locaux. Ils ne bougent pas et se limitent à reprendre à leur compte des réalisations de projets qu’ils sont les seuls à voir.
A. Djabali