Oui, le supporter est un poumon économique du club

Football

Quelle place occupe aujourd’hui le supporter dans la structure du football national ? C’est une question qui semble ne pas être traitée par la majorité des dirigeants qui n’ont pour œil que le résultat. L’impression règne sur les terrains de la communication, tente de faire face à ceux qui pensent que ces dirigeants se disent ne pas se mêler de ce qui se prépare chez leurs supporters.

«On est tranquille sur ce plan», semble afficher les «patrons» de clubs. Mais se soucient-ils du fait que cette «entreprise» en évoquant les supporters, risque ne pas produire ce qu’ils attendent d’elle, et face à cette ignorance que l’on manifeste à ce monde de fans, la crainte grimpe dans les leurs rangs ? Le football au plus haut niveau semble pouvoir – les plus pessimistes diront vouloir – se passer d’eux. Pierre Barthélemy, supporter parisien et avocat défendant le droit de déplacement des supporters déclarait : «Cette prévalence économique des diffuseurs et de l’international grignote de plus en plus l’importance accordée aux supporters fidèles et réduit de facto le réflexe de défense des supporters et de leurs droits». «Votre club vous échappe» On est clairement en train de leur dire «votre club vous échappe totalement, c’est un objet commercial hors-sol dont vous n’êtes que des clients». On nie la dimension locale d’un club «ancré dans son histoire, dans sa culture, dans le quotidien de ses supporters, ancré dans la vie familiale de génération en génération». Leur place est légitime, «on a besoin du supporter, que ce soit avant, pendant et après la rencontre.
Il est le porte- parole du club, même si celle-là peut paraître de façon indirecte». C’est lui qui place le club au sommet de la hiérarchie tant du classement national que de celui africain. La négociation avec les fans n’est souvent pas au rendez-vous, notamment lorsqu’ils accompagnent l’équipe là où elle est appelée à jouer. Qu’obtiennent-ils en retour, alors que le stade est, et restera leur terrain d’appartenance. Mais hélas, dans bien des cas, ces derniers ont «le sentiment de s’être fait remplacer par les spectateurs, et la crainte de voir les touristes les suppléer». Ce sujet, étant nouveau, rappelle que le supporter cherche avant tout une place au cœur d’un événement-spectacle quelque que soit la qualité du match. Une idée très bien répandue, veut que le supporter soit actif et le spectateur passif. Et pourtant le tarif du ticket acheté après bousculade devant la «misérable» forme minuscule du guichet, semblable à un trou… ouvert à ces supporters pour l’achat de leur ticket d’entrée, pour aller soutenir leur équipe, avec au programme qui fait réagir divers équipes du monde quant à la qualité des chants, à chaque rencontre et qui furent sublimes (tifos) enrichis par les somptueuses banderoles réalisées par leurs supporters.
Et pourtant, ce supporter que l’on aime appeler le 12e homme n’est souvent pas mis dans les conditionnes idoines pour «faire son travail comme il se doit». Nous avons été approchés plusieurs fois par ces jeunes qui nous ont demandé de transmettre leur message, celui d’une meilleure considération par toutes les parties concernées par l’organisation d’un match. Souvent, ces supporters ont du mal à réunir la somme nécessaire au déplacement, à domicile ou à l’extérieur. Après les différents aléas liés aux transports, à l’achat du ticket d’accès, fouille, restauration, place dans les gradins… les supporters sont mis en conditions. Enervés, il suffit de peu pour que cela dégénère. C’est dire que ce 12e homme que l’on sollicite lors des moments difficiles a besoin d’un meilleur traitement.
Là, nous évoquons bien entendu le fan qui est là pour soutenir son équipe et non ceux qui profitent des rencontres pour semer le désordre. Y aurait-il une nouvelle stratégie lors de la prochaine saison 2020/2021 ? «On n’est pas dupes, on voit bien que nous n’avons plus la même place qu’avant», soupire les quelques supporters rencontrés et questionnés. Au point d’imaginer franchement un football sans ses supporters ? Christophe Lepetit, économiste du sport et responsable des études au Centre de droit et d’économie du sport de France est loin d’en être convaincu : «Les supporters présents dans les stades sont des acteurs à part entière du spectacle offert aux téléspectateurs et aux diffuseurs.
Quel engouement y aurait-il pour un match à huis clos ? Les télévisions comme les sponsors ne paieraient pas bien cher pour diffuser et s’afficher dans des stades vides ou avec des clubs ne disposant pas d’une fan-base solide. Aujourd’hui, le football est un tout, qui pour se vendre doit proposer un beau spectacle sur le terrain, de beaux écrins – les stades ­– mais aussi une belle ambiance à l’intérieur de ceux-ci». N’est-il pas une fête ? A la télé, c’est important de voir une ferveur dans les tribunes, des cris et des stades pleins… même si leurs équipes ne sont pas toujours flamboyantes, regarder leur match est une expérience à vivre grâce à leurs gradins. Et ça, des clubs plus imposants commencent à le comprendre. «On regrette de n’avoir jamais vu les présidents des instances de football s’afficher avec ses supporters pour leur montrer l’importance qu’il leur accorde». Restons optimiste. La saison prochaine sera différente.
H. Hichem