Hassan Nasrallah appelle Macron à réviser son discours qui porte atteinte à la dignité nationale

Liban

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé le président français Emmanuel Macron à réviser son discours sur le Liban, dans la forme et dans le contenu, lui reprochant d’avoir porté atteinte à la dignité nationale des Libanais. «Nous saluons toujours l’initiative française (…) mais les intimidations ne doivent pas se poursuivre».

«Nous refusons que le Président Emmanuel Macron se comporte comme le gouverneur du Liban», a souligné Hassen Nasrallah, ce mardi 29 septembre, lors d’un discours retransmis par la chaîne Al Manar. Il a surtout évoqué en détails les réelles raisons pour lesquelles les tentatives du Premier ministre désigné Moustapha Adib de former un cabinet ministériel se sont soldées par un échec. Le numéro un du Hezbollah a expliqué comment le club de quatre anciens Premiers ministres libanais, dont Saad Hariri, a voulu passer outre l’avis des forces politiques de poids au Liban, dans la désignation des portefeuilles ministériels, en voulant imposer aux Libanais un gouvernement de fait accompli, sous peine de menaces de sanctions et de blocus.
Le tout sans aucun lien avec le texte de l’initiative française. Mettant en garde contre les intentions américaines visant à revivifier les cellules de Daesh au Liban et dans la région, le chef du Hezbollah a, dans ce contexte, accusé les Etats-Unis et l’Arabie saoudite d’avoir fait échouer l’initiative française pour sortir le Liban de sa crise. Dans son discours, Hassan Nasrallah a démenti les allégations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur l’existence d’un dépôt d’armes près de l’aéroport international de Beyrouth. «Netanyahou est un menteur (…) et nous allons le prouver au monde», a-t-il affirmé. Appelant le bureau médiatique du Hezbollah à organiser une tournée sur le lieu désigné par Netanyahou.

Les principaux points du discours
«Tout d’abord, je voudrais présenter mes condoléances au peuple koweitien, à son gouvernement, à son parlement et au prince héritier pour le décès de l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah. Les Libanais n’oublieront jamais le rôle du Koweït et de son émir dans la fin de la guerre civile au Liban, ni leur position à l’égard de l’agression israélienne contre le Liban en 2006 et leur contribution à la reconstruction du Liban, ni leur position ferme face aux pressions sur les pays du Golfe pour normaliser leurs relations avec l’ennemi sioniste. Je prie Dieu pour qu’il lui accorde sa miséricorde».

Des cellules takfiristes au nord du Liban
«Deuxièmement, je veux aborder la situation sécuritaire au nord du Liban, ce qui s’est passé dans la localité de Kaftoune et les affrontements des cellules terroristes avec l’armée libanaise et les forces de sécurité. Nous saluons les efforts qui ont abouti à la découverte de ces cellules, et présentons nos condoléances aux familles des soldats de l’armée tombés en martyrs. La découverte de ces groupuscules, armés de ceintures explosives, de roquettes RPG et d’obus de mortier, prouve qu’ils préparaient une grande attaque. J’avais mis en garde, il y a un mois, contre les intentions américaines de réactiver les éléments de Daesh en Irak et dans notre région. En fait, après l’assassinat du général Qassem Soleimani et d’Abou Mahdi al-Mohandes, et après la résolution du parlement irakien appelant au retrait des forces américaines de l’Irak, les Etats Unis ont revivifié le groupuscule Daesh en Irak pour justifier leur présence. Vu que le Liban fait partie de la région, j’appelle à la vigilance. L’enquête a révélé que les membres des groupuscules tués ou arrêtés au nord appartiennent à Daesh. Quand les USA se sentent dans l’impasse, ils ont recours sans hésitation à de tels actes.

L’état d’alerte israélien au sud perdure
«Troisièmement, j’ai un mot à dire à propos de la situation à la frontière sud. L’armée d’occupation est toujours en état d’alerte, attendant notre riposte (au martyr d’un combattant du Hezbollah par un raid israélien contre la Syrie). Ils n’osent pas bouger à la frontière. Il s’agit du plus long état d’alerte israélien depuis 1948».

Nouveau mensonge de Netanyahou
«Un autre point concernant le dossier israélien. Dans son discours à l’Onu, Netanyahu a cherché à inciter le peuple libanais contre le Hezbollah, en évoquant un endroit pour stocker les missiles entre Beyrouth et la banlieue du Hezbollah, et près d’une station de gaz. Netanyahou est un menteur et nous allons le prouver. Les relations médiatiques du Hezbollah devront inviter, après mon discours, les médias locaux et étrangers à entrer dans cette installation, pour que tout le monde découvre le mensonge de Netanyahu. Et s’ils veulent aller avant la fin de mon discours, ils le peuvent. Le Hezbollah ne stocke pas de missiles dans le port ou près d’une station de gaz».

Un gouvernement de fait accompli ou les sanctions
«Sur le plan politique local, je voudrais expliquer à l’opinion publique libanaise ce qui s’est passé à propos des tractations gouvernementales. Après l’explosion du 4 août et la démission du gouvernement, il y a eux deux réunions au palais des pins avec le président français qui a proposé son initiative appelant à la formation rapide d’un gouvernement. Les blocs parlementaires se sont entendus pour nommer un candidat au poste de Premier ministre. Durant cette période, le club des 4 anciens Premiers ministres (Fouad Siniora, Nagib Mikati, Tammam Salam et Saad Hariri) se sont réunis et ont présenté une liste de trois candidats, dont Moustafa Adib. Pour faciliter la formation rapide du gouvernement, nous n’avons pas émis de conditions, et accepté la nomination de M. Adib. Mais, après sa désignation, il semble qu’on a demandé à M.Adib de ne pas discuter la formation du gouvernement avec les blocs parlementaires, ni même avec le chef de l’Etat, qui est un partenaire principal dans la formation du gouvernement. Les Français doivent savoir où ils ont commis une erreur, notamment en retirant au président de la République une de ses plus importantes prérogatives».
Mohamed El Ouahed