La sortie de la crise récession post-confinement est enclenchée

Des directives et mesures restrictives attendues pour 2021

La crise sanitaire du nouveau Coronavirus a plongé le monde dans une crise économique sans précédent. Aucun pays n’a été épargné par la crise financière, plus sévère que prévue. Même l’Algérie n’échappe pas au pessimisme ambiant d’où la nécessité de faire face aux effets négatifs du choc initial de la crise sanitaire qui a porté un coup de massue aux banques et aux entreprises nationales.

Un triste constat prévu pour l’année 2021, en raison du repli de l’activité économique en quête de relais dans une conjoncture économique structurellement et financièrement déprimée. Avec une activité industrielle publique en baisse de 14% et l’érosion des réserves de changes devant chuter à 52 milliards de dollars d’ici fin 2020, l’Etat tente d’apporter des solutions pour prendre en charge l’envolée des déficits publics en optant pour la rigueur budgétaire. Pour faire face au net rebond de l’activité commerciale et sociale dans un contexte mitigé et relever le défi du post-confinement, l’Etat vise dans l’avant-projet de la loi de Finances 2021, présenté en Conseil des ministres tenu avant-hier, à préserver les équilibres financiers de manière à permettre la concrétisation des réformes économiques. Un point important sur lequel a insisté le Président Tebboune qui a souligné l’impératif de «parvenir à une formule flexible du budget d’équipement au titre la loi de Finances 2021, qui prendrait en considération les grands équilibres économiques».
L’onde de choc de la crise du Coronavirus pourrait perdurer dans le temps et impacter négativement le comportement des ménages et des entreprises qui seront contraints de s’adapter à la situation économique et financière. Cette austérité pèsera directement sur la croissance potentielle à moyen terme et sur les finances publiques en déprime. L’Etat voudrait, du coup, anticiper le scénario pessimiste dressé par la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) qui ont tablé sur des prévisions sombres concernant l’économie algérienne dépendante de la rente pétrolière. Pour s’affranchir de ce modèle économique éprouvant, l’Etat a décidé de concentrer tout son intérêt sur le développement de la finance inclusive et la diversification de son économie pour maintenir un équilibre interne et amortir l’onde de choc de la crise de la Covid-19 et aborder les séquences du post-Covid-19 qui pourrait se faire sur plusieurs phases. Procédant par ordre de priorités, l’Etat mise sur la stabilité sociale en allégeant les charges fiscales des ménages. Le Président Tebboune a sommé, d’ailleurs, les pouvoirs publics «d’éviter d’instaurer des impôts qui n’auraient pas un impact sur le volume du budget, et continuer à alléger les charges sur les citoyens pour préserver les postes d’emploi».
Une même directive a été adressé dans l’objectif «d’instituer des exonérations fiscales allant jusqu’à cinq (5) ans au profit des start-up, d’exploiter de la meilleure manière les fonds spéciaux et se passer des fonds qui ne sont pas nécessaires, et de réviser les conditions d’inscription des fonciers issus de marchés de vente et mettre en place une loi sanctionnant la fraude et l’évasion fiscale pour lutter contre le blanchiment d’argent et la corruption». Des mesures incitatives pour encourager l’entrepreneuriat et surtout créer des richesses et de l’emploi. Par ailleurs, pour maintenir relativement les équilibres économiques et exécuter les réformes, il faudrait assainir l’administration des pratiques malsaines à travers la modernisation et la numérisation des différents mécanismes de travail. Le chef de l’Etat a appelé, dans cette optique, au «durcissement du contrôle en matière d’impôt sur la fortune afin de dissiper toute opacité, principale entrave à la numérisation, d’encourager les petits investisseurs et porteurs de projets dans le cadre des start-up, car constituant une source fondamentale pour la réalisation de l’autosuffisance et la création des emplois, et d’éviter d’instaurer ou d’augmenter les impôts sur les professionnels de la pêche».
Plusieurs autres dossiers ont été examinés lors du Conseil des ministres de dimanche afin de répondre dans l’urgence aux besoins du marché. Concernant le secteur industriel, la pierre angulaire du plan d’action national, le Président Tebboune ordonné la séparation «dans les cahiers des charges les appareils électroménagers et les appareils électroniques, pour une meilleure intégration». Il a exigé plus de transparence et de la traçabilité dans la gestion des soutiens financiers publics massifs, comme celui destiné au «secteur agricole, notamment lors des grandes opérations de mise en valeur», en ordonnant de «mettre un terme au gaspillage et à la connivence dans les différentes filières et conclure des contrats d’efficacité avec les éleveurs au titre du soutien».
Samira Takharboucht