Décès de Kenzo des suites de la Covid-19

Mode

Le plus célèbre des créateurs de mode japonais, Kenzo, est mort ce dimanche 4 octobre des suites de la Covid-19 à l’âge de 81 ans, a annoncé un porte-parole. Kenzo Takada a été le premier styliste japonais à s’être imposé à Paris, où il a fait toute sa carrière et a rendu célèbre son prénom.

«Au Japon, il y a pas mal de protocoles, tandis qu’à Paris, comme je ne connaissais pas beaucoup de monde, je faisais ce que je voulais», racontait-il à RFI, dans une interview accordée en décembre 2018. Né le 27 février 1939 à Himeji près d’Osaka, Kenzo Takada se passionne pour le dessin et pour la couture, enseignée à ses sœurs. Le créateur a été l’un des premiers garçons à étudier à la Bunka, l’une des principales écoles de mode de Tokyo. Mais c’est pendant un voyage en France, où il arrive par bateau dans le port de Marseille en 1965, que sa carrière démarre, grâce à quelques dessins montrés naïvement à l’épouse du couturier Louis Féraud. Sa première collection date de 1970, présentée dans une petite boutique baptisée Jungle Jap, un nom qui crée la polémique, notamment sur le marché américain, qui le considère comme péjoratif. Il déménage en 1976 vers un lieu plus grand, place des Victoires, et fonde sa marque sous son seul prénom.

«Cela me manque un peu»
Sa première ligne pour hommes date de 1983, son premier parfum (Kenzo Kenzo) de 1988. En 1993, la griffe est rachetée par le groupe de luxe LVMH. Kenzo Takada quitte officiellement la mode en 1999, mais poursuit dans la création avec des projets plus ponctuels et personnels. «C’était une grande responsabilité et une pression énorme. J’ai fait ça pendant 30 ans ! Alors à un moment, je voulais arrêter. Mais finalement, cela me manque un peu. On ne peut pas tout avoir», confiait-il à RFI il y a deux ans. Le créateur au look d’éternel adolescent avait lancé en début d’année la ligne de design K三 (prononcer K-3). Composée de meubles épurés et d’objets de décoration, le projet proposait aussi d’impressionnants paravents réalisés à partir de kimonos. Lors du lancement de la ligne en janvier, Kenzo a reçu la presse en petit comité dans son studio de création, situé juste en dessous de son appartement en face du grand magasin parisien Le Bon Marché.
Entouré de jeunes designers qui l’inspiraient et le vénéraient, il racontait enthousiaste l’histoire de chaque imprimé – sa marque de fabrique – et montrait les prototypes comme si c’était son premier projet. A tel point que la soirée s’est prolongée dans le showroom, où il tenait à montrer les premières créations, déjà installées. Avec ses «près de huit mille dessins», le créateur japonais «n’a jamais cessé de célébrer la mode et l’art de vivre», a indiqué son porte-parole. Kenzo est emporté par la Covid-19 en pleine Fashion Week, pendant une semaine de défilés troublée par la pandémie, qui a poussé plusieurs marques et maisons à présenter leurs collections virtuellement.
Une ironie pour un couturier qui aimait la fête et les défilés spectaculaires. La Maison Kenzo, dont la direction artistique est assurée depuis 2019 par le créateur portugais Felipe Oliveira Baptista, a rendu hommage à son créateur sur son compte Twitter. «C’est avec une immense tristesse que Kenzo a appris le décès de notre fondateur, Kenzo Takada. Pendant un demi-siècle, M. Takada a été une personnalité emblématique de l’industrie de la mode – insufflant toujours créativité et couleur dans le monde. Aujourd’hui, son optimisme, sa joie de vivre et sa générosité continuent d’être les piliers de notre Maison…», écrit notamment la Maison Kenzo.
S. M.