Un diagnostic serein de la situation aéostratégique et socio-économique

Plan de relance économique 2000/2025

A un mauvais diagnostic résulte forcément de mauvaises solutions. Aussi, s’impose un bilan serein de la situation actuelle et des solutions adéquates pour faire face à la crise qui secoue pas seulement l’Algérie mais le monde. (Voir notre interview à la télévision américaine Al Hurra 11-8-2020).

En réalité la question qui mérite d’être posée aujourd’hui : est-ce que les pouvoirs politiques algériens successifs de 1963 à 2019 ont-ils édifié un Etat national d’abord et qu’est-ce qu’un Etat national dans le cas algérien précisément car, il faut bien le rappeler, il n’y a pas d’Etat national standard mais que des équipements anthropologiques intrinsèques historiquement datés qui modèlent le système politique. C’est dans ce cadre qu’il faille revaloriser le savoir et donc la compétence qui n’est nullement synonyme de poste dans la hiérarchie informelle, ni de positionnement dans la perception d’une rente. La nécessaire refondation de l’Etat est une condition nécessaire pour la réussite des réformes institutionnelles et l’optimalisation de la dépense publique couplée avec de nouvelles formes de protection sociale, pour plus de justice sociale non antinomique avec l’efficacité économique, impliquant plus de décentralisation à ne pas confondre avec l’avatar néfaste du régionalisme et de la déconcentration qui renforce la bureaucratisation.
La vision centralisatrice jacobine annihile les créativités et la régionalisation économique est une voie salutaire pour bon nombre de pays évitant l’autoritarisme d’en haut de peu d’efficacité tant économique que sociale impliquant des institutions appropriées. 2.2-Ainsi, s’impose une redéfinition du nouveau rôle de l’Etat dans le développement économique et social et d’une manière claire, les relations entre l’Etat et le marché qui doivent procéder d’une démarche pragmatique autour de douze axes directeurs que j’ai développés par ailleurs (voir nos conférences devant le Parlement européen Bruxelles novembre 2012 — devant l’ensemble des attachés économiques des ambassades accrédités à Alger au siège Ambassade US, à l’Institut militaire de Documentation et de Prospective – IMPED, à l’Ecole supérieure de guerre MDN – 2019, au Forum mondial du développement durable et Sénat Français Paris – 2016/2017 – nos interviews in American Herald Tribune – USA – 26/12/2016 et 11/08/2018 et Africa-Presse, Paris 8/9/10 août 2018).
Premièrement, la refondation de l’Etat et la réussite des réformes impliquent un nouveau mode de gouvernance dont les fondements sont la garantie des LIBERTES au sens large pour une société participative et citoyenne, une économie de marché à finalité sociale, tenant compte de notre riche anthropologie culturelle nécessitant le retour à la confiance sans laquelle aucun développement n’est possible. Deuxièmement, la moralisation de la société, en insistant sur le fait que la majorité des cadres sont honnêtes, renvoyant aux différents scandales financiers qui touchent certains secteurs publics et privés, la corruption, encore que dans tout Etat de droit, cela implique la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l’Etat censés, contrôler les deniers publics, gel de la Cour des comptes et bien d’autres institutions comme le Conseil national de l’énergie, le CNES, le Conseil national de la concurrence, la Bourse d’Alger. Ces scandales jouent comme facteur à la fois de démobilisation des citoyens par une névrose collective du fait que ces montants détournés sont la propriété de toute la collectivité nationale et comme frein à l’investissement national et international porteur de croissance.
Troisièmement, la réduction la dépendance des hydrocarbures procurant 98% des rentrées en devises avec les dérivées tenant compte des avantages comparatifs mondiaux, il ne faut pas être utopique, ne pouvant pas tout produire, l’Algérie étant en septembre 2020 dépendante tant des biens de consommation finale que de la majorité des équipements et entrants tant des entreprises publiques que privées, (taux d’intégration inférieur à 15/20%). Quatrièmement, concilier les objectifs et les moyens de réalisation (faiblesse des capacités d’absorption) qui entraîne un gaspillage des ressources rares, avec une mauvaise gestion avec des projets non maturés, ensuite mal faits, souvent réévalués, expliquant le faible taux de croissance non corrélée à l’importance de la dépense publique avec une entrée en devises de plus de 1 000 milliards de dollars entre 2000/2019, et une importation de biens et services ayant dépassé les 935 milliards de dollars, avec un taux de croissance dérisoire, moyenne de 2/3% entre 2010/2019, un taux négatif de moins de 5% en 2020 du fait de l’impact de l’épidémie du coronavirus selon le FMI. Or, le taux d’emploi et la baisse du taux de chômage, tenant compte de la pression démographique (arrivée chaque année de 350 000/450 000 de demandes d’emplois additionnelles qui s’additionnent au stock du taux de chômage actuel est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Cinquièmement, comme facteur de mobilisation, il y a urgence de la production d’une culture politique participative et d’une communication institutionnelle efficiente, qui renvoie au système d’information qui s’est totalement effrité et devant tenir compte des nouvelles technologies.
Septièmement, la promotion de la jeunesse et de la femme, signe de la vitalité de toute société et la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international. Huitièmement, une nouvelle réorganisation institutionnelle des fonctions autour de grands ministères homogènes et des collectivités locales, une réelle décentralisation autour de cinq à six grands pôles régionaux s’insérant au sein d’objectifs stratégiques précis pour plus d’efficience de la dépense publique et de rapprocher l’Etat des citoyens. Neuvièmement, la réforme du système éducatif, nerf du développement au XXIe siècle, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et à la modernisation du pays, réformes du primaire au supérieur, en passant par la formation professionnelle aux métiers de l’avenir dont le numérique et une nouvelle politique salariale passant par des négociations productives par branches avec les représentants des travailleurs, qui doit être corrélée avec celui du marché de l’emploi conciliant flexibilité et sécurité et la réunification des caisses de retraite afin d’éviter leur implosion.
Dixièmement, la transparence de Sonatrach, lieu de distribution de la rente afin d’améliorer sa gestion, une politique clairement définie dans le temps de la transition énergétique et du nouveau modèle de consommation énergétique (Mix énergétique) et du système financier, lieu de distribution de la rente devant les autonomiser afin d’éviter qu’ils dépendent de relations de clientèles qui sont un préalable essentiel à la relance de l’investissement public, privé national et étranger, les banques publiques et privées, notamment, étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente. Onzièmement, la dynamisation du partenariat public/privé PPP, de la démonopolisation du secteur privé national et international créateur de richesses, devant les orienter vers les industries d’avenir le numérique et les industries écologiques supposant comme je suggère depuis 2010, un assouplissement de la règle des 49/51% devant définir clairement ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas, avec l’incitation en faveur de nos émigrés à l’étranger qui peuvent contribuer au développement national et une nouvelle politique du foncier industriel ainsi qu’une dynamisation du secteur agricole et son corollaire, une nouvelle politique de l’eau, cet or bleu qui sera un enjeu crucial au XXIe siècle avec le réchauffement climatique. 3. –
L’Algérie doit s’adapter face aux nouvelles tensions géostratégiques 3.1- Mais l’important est de tenir compte dans toute stratégie et politique socio-économique sur le plan économique de la demande de révision par l’Algérie de certaines clauses de l’Accord d’Association avec l’Europe notre principal partenaire pour un partenariat gagnant-gagnant (voir notre étude IFR Institut Français des Relations Internationales, Paris 2011, la coopération Europe Maghreb face aux enjeux géostratégiques et mon interview 1/3 septembre 2020 à l’AFP/et quotidien El Moudjahid, août 2020 sur la révision de l’Accord) et des tensions en Méditerranée et au Sahel car les tensions géostratégiques au niveau de la région sont déterminantes pour l’avenir de l’Algérie. D’où l’importance d’un renouveau de la politique étrangère et une adaptation de notre politique de défense sécurité pour la maîtrise des nouvelles technologies, (réseaux de satellites-cybercriminalité) et des nouvelles mutations géostratégiques mondiales, devant rendre hommage aux efforts de l’ANP et de nos forces de sécurité, pour la protection des biens, des frontières, devant reposer sur des réseaux décentralisés avec une redéfinition des missions des ambassades qui doivent contribuer au développement du pays à travers la dynamisation des missions économiques. Les évènements récents montrent qu’en Méditerranée orientale, d’importants enjeux se déroulent, concernant les gisements de gaz, notamment les tensions entre la Grèce et la Turquie, les évènements en
Libye qui interpellent l’Algérie où son marché principal de gaz se trouve en Europe à travers les canalisations Transmed via Italie et Medgaz via Espagne et dont les hydrocarbures avec les dérivées procurent en 2019, environ 98% des recettes en devises avec un prix de cession du gaz qui a connu une baisse de plus de 75% en 10 ans et procurant 33% des recettes de Sonatrach. Sur le plan de la scène énergétique en Méditerranée, nous avons au moins deux grands champs de manœuvre dont il est intéressant d’essayer de comprendre les tenants et d’anticiper les aboutissants qui expliquent les tensions actuelles notamment en Méditerranée orientale, les accords entre le gouvernent de Tripoli et la Turquie qui d’ailleurs entend se placer en Afrique à travers de nouvelles bases militaires, un quart de la population mondiale entre 2035/2040, enjeux géostratégiques du XXIe siècle entre la Chine, les USA, l’Europe et avec une recomposition des forces, au niveau du Moyen-Orient. Le premier théâtre est celui des énergies renouvelables (éolien, solaire à concentration, photovoltaïque) qui s’est caractérisé par le lancement de grandes initiatives fondées sur l’idée que le progrès technique dans les lignes de transport à courant continu permettrait de tirer parti de la complémentarité entre les besoins en électricité des pays du Nord et les disponibilités en espace et en soleil des pays du Sud.
On parlait alors de 400 M€ d’investissements et de la satisfaction de 15% des besoins européens en électricité. Aujourd’hui, le projet Desertec est plutôt en berne, du fait notamment du retrait de grands acteurs industriels, Siemens et Bosch, et du désaccord consommé entre la fondation Desertec et son bras armé industriel la Desertec Industrial Initiative (Dii). La Dii poursuit ses ambitions d’intégration des réseaux européens, nord-africains et moyen-orientaux, cependant que la Fondation Desertec semble à présent privilégier les initiatives bilatérales au Cameroun, au Sénégal et en Arabie Saoudite. Le second théâtre d’opérations est plus récent : il a trait à la découverte à partir de 2009, des ressources gazières en off shore profond, en Méditerranée orientale qui explique les tensions actuelles. Les grandes compagnies qui exploitaient jusqu’alors d’autres champs plus accessibles, plus rentables ou à proximité d’installations à proximité, sur terre, se tournent désormais vers la Méditerranée orientale, au large de l’Égypte, d’Israël, du Liban, de Chypre et de la Turquie, autant de pays qui n’entretiennent pas forcément de bonnes relations de voisinage.
C’est que plusieurs gisements de gaz ont été découverts au large des côtes égyptiennes, israéliennes, libanaises ou chypriotes, au cœur de ce qu’on appelle le bassin levantin estimées par l’US Geological Survey – à 3 452 milliards de mètres cubes (voir nos contributions Mena Forum Londres Geostrategic, Gas Tensions in the Mediterranean, By Dr A. Mebtoul sept. 18, 2020 et Africa Presse-Paris 19 septembre 2020 – Libye – Sahel (Bassin Levantin – Pr A. Mebtoul) : il est urgent pour l’Algérie d’avoir une vision stratégique d’adaptation face aux tensions et enjeux. Même si la Grèce et une partie de la communauté internationale accusent la Turquie d’avoir pénétré dans l’espace maritime grec, le droit international est flou dans cette situation qui ne délimite pas clairement les frontières et les limites géographiques, les ressources pouvant se trouver dans des réservoirs situés sous les pieds de différents pays.
(A suivre) A. M.