Rencontre sur le parcours et l’œuvre prolifique de Mohia

La rentrée culturelle 2020

Le cycle de conférences programmées à Alger dans le cadre de la manifestation «La rentrée culturelle», lancée par le ministère de la Culture et des Arts le 26 septembre dernier, s’est achevé mercredi avec une rencontre autour du parcours atypique et de l’œuvre prolifique du poète et dramaturge Mohia, un des précurseurs du théâtre d’expression amazighe.

Animée par l’universitaire Ghania Mouzarine et le dramaturge Noureddine Aït Slimane, la rencontre, dirigée par le Théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, s’est déroulée à la Bibliothèque nationale d’El Hamma. L’enseignante au département de la langue amazighe à l’université Mouloud-Maameri de Tizi Ouzou, Ghania Mouzarine a d’abord abordé «l’identité et l’imaginaire dans le théâtre de Mohia» à partir du texte de «Mohand U Chavane», adaptation qu’il a tirée de «Le ressuscité» du dramaturge chinois Lu Xun. Selon l’universitaire, un des soucis majeurs dans les adaptations de Mohia est la nécessité de «transférer l’imaginaire collectif» où réside l’universalité et la «caractérisation des personnages» qui contribuent à contextualiser l’œuvre traitée en lui restituant la structure socio-politique et l’environnement culturel autochtone ciblé. Dans «Mohand U Chavane», il s’est agi d’une quête pour récupérer un passé avec la possibilité d’opérer de nouvelles lectures susceptibles de promouvoir la langue amazighe et la tradition berbère, «souci récurrent» chez Mohia, qui insiste sur «l’importance de transmettre le message quitte à changer les données culturelles du texte de départ», explique l’oratrice. S’adressant à l’intelligence du récepteur en lui donnant des indices, pour le faire réagir et l’inciter à aller faire des recherches, Mohia, voulait également savoir «jusqu’où pouvait aller cette langue vernaculaire», d’où son choix, ajoute l’universitaire, d’aller vers l’adaptation des œuvres universelles. Entamant son intervention avec la lecture de «Ayen V’Ghigh» (ce que je veux), un court poème de Mohia, sur la nécessité de passer à l’étape de l’écriture de tamazight après des siècles d’oralité, l’écrivain et dramaturge Noureddine Aït Slimane a commencé par décrire l’auteur de ce poème comme «un personnage en quête de vérité en anticipant les obstacles». Le conférencier a ensuite expliqué que toutes les œuvres de Mohia reposaient sur la «crédibilité» de ses personnages, dont les dialogues évoluaient dans ce que le dramaturge appelait «Tafellahith» (la langue paysanne), et auxquels le public devait impérativement s’identifier. Un préalable important, selon lui, pour la compréhension du message. Auteur de plusieurs poésies, Mohia, Abdellah Mohia, de son vrai nom, avait déclaré que «le temps de la création était plus long», optant ainsi pour l’adaptation de textes dramaturgiques universels dont il compte une vingtaine, à l’instar de «Am win yergan rebbi», (En attendant Godot de Samuel Beckett), «Tacvaylit», (La jarre de Luigi Pirandello), «Le Médecin malgré lui» et «Tartuffe» de Molière, «Mohand U Chavane» (Le Ressuscité de l’écrivain chinois Lu Xun) ou encore «Sin Enni» (Les émigrés du Polonais Slawomir Mrozek). Diplômé en mathématiques, Mohia aura su «allier rationalité et esthétique», concluent les participants. La manifestation «La rentrée culturelle», programmée dans toutes les villes du pays, a pris fin mercredi. La cérémonie de clôture de cet événement, initialement prévue mercredi soir, a été reportée à une date ultérieure, selon les organisateurs.
R. C.