Un diagnostic serein de la situation géostratégique et socio-économique

Plan de relance économique 2000/2025

A un mauvais diagnostic résulte forcément de mauvaises solutions. Aussi, s’impose un bilan serein de la situation actuelle et des solutions adéquates pour faire face à la crise qui secoue pas seulement l’Algérie mais le monde. (Voir notre interview à la télévision américaine Al Hurra 11-8-2020).

Les tensions actuelles pourraient être le début d’une transformation des équilibres régionaux, notamment le conflit en Libye, au Sahel et au Moyen-Orient. L’avant dernière édition de la revue El Djeïch de l’ANP (août 2020), a mis en relief que «l’évolution de la situation en Libye peut être source de défis et de menaces sur notre sécurité nationale et que la sécurité de la Libye participe à la sécurité de l’Algérie». C’est que la Libye, porte de l’Europe et de l’Afrique, situation géographique stratégique, avec 42 milliards de barils de pétrole et entre 1 500/2 000 milliards de mètres cubes gazeux et d’autres richesses colossales, pour une population ne dépassant pas 7 millions d’habitants, suscitent des convoitises et expliquent les tensions où s’affrontent par groupes interposés, les grandes et moyennes puissances, favorisant l’insécurité, et le terrorisme via différents trafics.
Le Sahel est également une zone de déstabilisation à nos frontières, impliquant d’accorder une attention particulière aux tensions au niveau de cette ceinture sahélienne qui recouvre entièrement ou en partie, les pays suivants : l’Algérie (à l’extrême sud) ; le Sénégal ; la Mauritanie (au sud) ; le Mali ; le Burkina Faso (au nord) ; le Niger ; le Nigeria (à l’extrême nord) ; le Tchad (au centre). Le Sahel est un espace sous-administré et souffrant d’une mauvaise gouvernance chronique. La vulnérabilité du Sahel découle d’une profonde vulnérabilité des Etats accentuée par la pression démographique. Caractérisé par une forte croissance démographique (environ 3,1%), le Sahel devrait doubler sa population d’ici 25 ans, et comptera plus de 100 millions d’habitants en 2020. Cette croissance affecte la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région dans son ensemble.
A cela, se greffe d’importantes inégalités qui accentuent l’intensification de la radicalisation qui est le fruit d’une conjonction de facteurs liés à l’individu, ses relations, sa communauté et son rapport à la société, avec des ingérences étrangères manipulant différents acteurs afin de se positionner au sein de ce couloir stratégique et de prendre le contrôle des richesses qui sont nombreuses, l’arc sahélien étant riche en ressources : après le sel et l’or, pétrole et gaz, fer, phosphate, cuivre, étain et uranium qui nourrissent les convoitises de puissances désirant s’en assurer le contrôle. Pour l’Algérie, il y a l’urgence d’une coopération tant régionale que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l’amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme.
En conclusion, face tant aux tensions budgétaires que géostratégiques, espérons une stabilisation de la région sahélienne et de la Libye afin de garantir la sécurité méditerranéenne et africaine d’où l’importance des incitatives de la diplomatie algérienne et des actions de l’ANP à nos frontières, la Libye, 982 km , le Mali, 1329 km, la Mauritanie 461 km, le Maroc,1739 km, le Niger, 951 km la Tunisie 1010 km et le Sahara occidental 39 km, pour un total d’environ 6 511 km. Sur le plan interne, il faut éviter toute ambiguïté, l’égalité n’est pas celle du modèle de l963-2019 mais recouvre la nécessité d’une transformation de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, par la formulation d’un nouveau contrat social, renvoyant au débat sur la refondation de l’Etat. L’Algérie a besoin pour éviter la léthargie et la stérilité que tous ses enfants dans leur diversité, par la tolérance des idées d’autrui, se regroupent au sein d’un même objectif à savoir le développement économique et social tenant compte de la dure réalité mondiale où toute nation qui n’avance pas recule forcément.
La construction de la démocratie, tenant compte des anthropologies culturelles, au vu des expériences historiques, ne se fait pas d’une baguette magique étant le fruit d’un processus de longue haleine et de luttes sociales, économiques et politique. L’Algérie a toutes les potentialités, pour dépasser les tensions actuelles et devenir un pays émergent. Pour cela, la révision de la Constitution qui n’est qu’un moyen, évitons les discours démagogiques qui n’ont plus de portées, devra s’insérer dans le cadre de profondes réformes qui sont une entreprise d’envergure, exigeant une véritable stratégie nationale d’adaptation. Le XXIe siècle sera dominé par les réseaux de la société civile en symbiose avec de nouvelles fonctions des Etats, des entreprises et des institutions internationales de régulation, avec les défis de la transition numérique, énergétique entre 2020/2030/2040 (voir tous les plans de relance des grands pays développés) et la culture à travers les médias, qui imposeront un changement profond dans les deux prochaines décennies dans les modes d’organisation institutionnelle, d’entreprises, de consommation et nos comportements.
L’Algérie, acteur stratégique au niveau de la région, a besoin de paix et de développement loin des mentalités rentières, du fait des liens dialectiques entre sécurité et développement, car toute déstabilisation aurait une répercussion régionale sur l’espace méditerranéen et africain – Interview A. Mebtoul American Herald Tribune USA 2018 – Mais les réformes garantissant la sécurité et le développement ne peuvent provenir que des Algériens eux-mêmes.
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international, Dr Abderrahmane Mebtoul