Une situation ubuesque et des interrogations ?

Mascara : Arrêt graduel de réalisation de la pénétrante autoroute Est-Ouest

Pour rappel, le coup d’envoi des travaux de réalisation de la pénétrante devant relier le chef-lieu de la wilaya à l’autoroute Est-Ouest sur une distance de 43 km, qui a été effective en date du 20 septembre 2014 par l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, semble s’essouffler au vu des problèmes qui se sont accumulés il y a presque une année sans que les responsables de la wilaya, qui ont d’autres chats à fouetter, ne redressent la situation qui s’est complètement dégradée.

L’ex- wali de Mascara, à l’époque, qui a annoncé, lors d’une de ces visites sur site, que l’ouverture de la voie expresse reliant la ville à l’autoroute Est-Ouest avant la fin de l’année 2016, et qui malheureusement est chose irréalisable. Lors de sa dernière visite d’inspection sur le chantier du projet, le wali a appelé les entreprises chargées de la réalisation de cette pénétrante de renforcer les chantiers en main-d’œuvre et en équipements, et d’accélérer la cadence des travaux pour rendre le projet dans les temps. En effet, depuis le départ d’une centaine de travailleurs étrangers faisant partie du consortium algéro-espagnol, qui a été retenu pour la réalisation du tracé composé de quatre entreprises (Sarl Benzamia, Irrigout, LIC et CHM), où treize ouvrages d’art, trois viaducs dont un d’une longueur de 1.850 m, deux échangeurs et cinq ouvrages hydrauliques sont au menu. Les travaux d’exécution pour cette section sont confiés également à un autre groupe algéro-espagnol composé également de quatre entreprises (Sarl Benzamia, Irrigout, LIC et CHM). Mais la réalité est autre, et ce, pour ne pas rentrer dans les détails qui fâchent. Dans un autre chapitre, quelque 5.760 postes d’emploi seront générés par le projet durant toute sa durée de vie (24 mois), dont 3.480 postes dans la section une et 2.230 autres postes dans la seconde section du projet.
Douze ouvrages d’art, trois échangeurs, un viaduc et 18 ouvrages hydrauliques sont projetés dans cette section dont les travaux sont confiés à un groupement algéro-chinois composé de 4 entreprises (Seror, Sntp, SNC-Mezoughi et fils et Shan Dong Luqioad). En évitant de construire un tunnel et de dégager des solutions idoines pour contourner des difficultés techniques et éviter des surcoûts, il a été parachevé entre le bureau d’études et au groupement d’entreprises retenues pour ce projet de réaliser sa deuxième tranche de 18 km, entre les communes de Tizi et de Hacine, semble tourner en rond, où des problèmes financiers ont fait surface par ces temps de crise économique déficiente. Son coût a été fixé à 15,7 milliards DA. Le second lot concernant 18 km de route entre Hacine et Tizi. Une enveloppe de 19,4 milliards DA a été dégagée, alors qu’un groupe d’entreprises nationale et une société espagnole se chargeront de sa réalisation. Le budget dégagé pour la réalisation de cette infrastructure routière, qui comprend également la réalisation de 25 ouvrages d’art, 4 viaducs, 23 ouvrages hydrauliques et 5 échangeurs, dans un délai de 24 mois, est de 35 milliards de dinars. Les entrepreneurs à la tête d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs s’alarment des conditions actuelles d’attribution ou de renouvellement des contrats de sous-traitance.
On entretient à plaisir un catastrophisme qui s’auto-alimente et c’est tout un état d’esprit qui malheureusement fait boule de neige, l’entreprise E.K.B, un sous-traitant de la wilaya de Batna, où la relation entre cette entreprise et le groupe algéro-espagnol est devenue totalement «pourrie à l’extrême». L’entrepreneur aux abois sans un sou depuis sept mois, et ce, malgré les promesses mensongères du groupe pour régulariser sa situation financière. La mauvaise pratique des groupes qui profitent du fait que leurs sous-traitants sont constamment sous pression des fournisseurs. Chantage, rétention de factures : tout est bon ! L’éthique en la matière connait une véritable régression sans que le gouvernement intervienne dans cette difficile situation qui perdure, et qui a complètement retardé la pénétrante autoroutière Mascara-autoroute Est Ouest. La seconde dimension courante des pratiques contestables est celle des conditions de paiement des avenants et les respects des lois, où l’état de droit, dans les relations économiques, c’est le respect du contrat gagnant-gagnant. Il n’y aucun motif pour laisser place à des abus dans des relations économiques contractuelles, aussi ne serait-il peut-être pas incongru que l’Autorité de la concurrence puisse intervenir comme gendarme de la bonne exécution du contrat.
Les dispositions prévues par le Code du commerce, a priori, ne le lui permettent pas, même lorsque des situations d’une extrême violence sont portées à sa connaissance. Sachant, répétons-le, que les prestataires victimes ne peuvent bien entendu pas dénoncer ces pratiques devant les tribunaux de commerce traditionnels puisqu’il leur en coûterait la perte immédiate de leur contrat. Le « bon libéralisme », c’est la volonté de voir l’activité économique régulée par le respect des règles conventionnelles fondées sur le libre consentement des parties et non par la loi du plus fort. En effet, l’entreprise E.K.B, qui a osé réclamé plus de 20 milliards de cts (avenants et factures) des travaux réalisés pour le compte du au groupe algéro-espagnol, a été prié de quitter les lieux sans préavis ni avis du groupe, en les remplaçant par d’autres sous-traitants ramenés par un membre du groupe qui fait la pluie et le beau temps, et ce, vu ses interférences sur le ministère de tutelle. L’entreprise «E.K.B», qui empile plus de 30 engins et environs 60 camions gros tonnages liés au domaine de la location du matériel des travaux publics, est victime de ces mauvaises pratiques qui s’amplifient, sont aussi catastrophiques en terme d’image, qui a carrément bloqué l’issue des deux entrées du groupe algéro-espagnol, pour dénoncer la loi du plus fort ou les abus se sont multipliée sans que les prestataires ne puissent agir, risquant de perdre leurs précieux contrats.
La seconde entreprise S.H.S, ayant son siège a la wilaya de Mascara, qui entame un sit-in devant le siège du groupe algéro-espagnol, où un important matériel et autres engins de travaux publics ont été entraînés pour bloquer les autres issues du groupe, et dont ce dernier n’a pas touché un centime depuis plus de sept mois. Se retrouvant dans une situation de précarité, victime de la seconde dimension courante des pratiques contestables est celle des conditions de paiement : certains grands groupes peuvent profiter de leur ascendant pour imposer des délais de paiement très longs, alimentant donc leur trésorerie aux dépens de celle des fournisseurs, où des sommes considérables sont transférées en Espagne et en Europe. Concernant l’entreprise E.K.B et S.H.S, ils ont été vidés de leur contenu et les font mourir à petit feu, pour avoir osé défendre leur droit, et ce, via des entrepreneurs algériens travaillant avec le groupe algéro-epagnol, qui ont été introduit par un ex-ministre de la tutelle pour des considérations qui crèvent les yeux. Dans certains cas, la technique peut s’apparenter purement et simplement à l’élimination d’un concurrent potentiel gênant.
Mais cette régression est encore insuffisante et semble aujourd’hui marquer le pas vers une récession inquiétante ou des PME algériennes. Il n’est sans doute pas abusif de voir dans ces relations parfois tendues entre PME et donneurs d’ordre l’une (parmi d’autres) des causes du manque de PME en Algérie par rapport à l’Espagne. Dans un autre contexte, nous avons contacté à ce sujet un autre entrepreneur de renom, qui nous a déclaré en ces termes que : «Si la situation financière de notre groupe n’est pas réglée en cette fin de mois, nous serons dans l’obligation de mettre les clés sous le paillasson et de licencier les quelques 1.200 travailleurs que nous employons». Aussi, il est important de souligner que le groupe algero-espagnol, a vu un départ précipité en deux vagues de quelques 160 Espagnols vers leur pays d’origine. Pourquoi et comment ces choses ne sont pas signalées par le ministère des Travaux publics pour séparer le bon grain de l’ivraie ? Pour conclure, c’est malheureux de voir des milliards partir en poussière sans que les responsables qui sont autour de la table de décision ne réagissent, soit par complicité ou carrément par incompétence.
Manseur Si Mohamed