Le FMI s’inquiète sur les conséquences économiques en Afrique

Crise sanitaire

Pour surmonter la crise sanitaire provoquée par la pandémie du Covid-19, les Etats africains ont besoin de 1.200 milliards de dollars de financement jusqu’en 2023, a annoncé vendredi passée la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

Elle a souligné dans ce sens que quelque 345 milliards étaient pour l’heure manquants. Selon elle, les engagements des prêteurs bilatéraux officiels et des institutions internationales couvrent moins d’un quart des besoins prévus, tandis que les capitaux privés sont toujours limités. Dans un discours prononcé à l’occasion d’un événement virtuel baptisé «Mobilisation en faveur de l’Afrique», Kristalina Georgieva a souligné qu’il est impératif que tous les pays et institutions se mobilisent davantage pour aider l’Afrique à faire face à la crise. A cette occasion, elle a indiqué que «la pandémie ne pourra pas s’arrêter si elle n’est pas maîtrisée dans des régions comme l’Afrique», rappelant que le continent compte plus d’un million de cas de Covid-19, et 23.000 personnes en sont mortes. Le PIB devrait s’y contracter d’au moins 2,5% en 2020, «ce qui représente l’un des pires résultats jamais enregistrés pour le continent», selon le Fonds. L’institution de Bretton Woods estime que la reprise devrait commencer l’année prochaine mais le PIB réel n’atteindra son niveau d’avant la crise qu’en 2022. A ce propos, Kristalina Georgieva a indiqué que «la détérioration des conditions économiques et la perte d’emplois pourraient entraîner une baisse du revenu des ménages jusqu’à 12% cette année». En conséquence, jusqu’à 43 millions de personnes supplémentaires pourraient être poussées dans l’extrême pauvreté en Afrique, anéantissant cinq années de progrès dans la réduction de la pauvreté.

En outre, le Fonds a relevé que «la crise met également en péril les progrès de la dernière décennie en matière de renforcement du capital humain, notamment l’amélioration de la santé, la scolarisation et la réduction du retard de croissance». Le FMI a considérablement augmenté son aide financière en faveur de l’Afrique avec l’octroi d’environ 26 milliards de dollars à plus de 40 pays en 2020, «près de dix fois plus que la moyenne annuelle de la dernière décennie en pourcentage du PIB». Il a toutefois assorti cette aide d’urgence à l’obligation pour les autorités locales d’utiliser ces fonds pour lutter contre les effets de la pandémie. Les pays devront publier des audits régulièrement pour faire preuve de transparence. Le FMI se félicite que plusieurs pays ont déjà promulgué des lois et créé des organes de contrôle, citant le Burkina Faso, la République Centrafricaine et la Gambie. Il a aussi accordé des subventions pour l’allégement du service de la dette à 22 pays d’Afrique. De son côté, la Banque mondiale par le biais de l’IDA (l’association internationale de développement) et de la BIRD (La Banque internationale pour la reconstruction et le développement) a fourni environ 21,9 milliards de dollars en prêts. Par ailleurs, le FMI a souligné que «les projets de développement à plus long terme doivent jeter les bases d’une reprise solide et durable en Afrique». De plus, la Banque mondiale travaille actuellement sur un plan de financement pour soutenir l’accès équitable aux vaccins et leur distribution dans les pays africains. Elle a ainsi demandé fin septembre à son Conseil d’administration d’approuver un financement supplémentaire de 12 milliards de dollars pour aider les pays pauvres à acheter et distribuer des vaccins contre la Covid-19.
Manel Z.