La Sonatrach table pour une intégration de 80 %, à long terme

Les entreprises locales ne représentent que 15% du total des contrats des EPC

La Société nationale des hydrocarbures se dit prête à décliner sa stratégie globale en actions d’intégration durable des entreprises locales dans la réalisation des projets EPC. C’est ce qu’a déclaré, avant-hier, don P-dg, Toufik Hekkar, dans une allocution d’ouverture des travaux d’une journée d’études consacrée à «la stratégie de développement du contenu local de la Sonatrach en accordant plus de facilités et d’intérêt aux partenaires locaux».

L’intégration de ces derniers dans les projets de base de la compagnie est primordiale pour se libérer de sa dépendance aux partenaires étrangers qui s’accaparent plus de 71% du total du marché des EPC, tandis que les entreprises locales n’accèdent qu’à 15% du marché global. Ce qui est insignifiant en terme de gain et de réalisation. Toutefois, cette période de rupture et de crise financière qui s’abat sur les entreprises nationales incombe à la compagnie de revoir ses critères d’ancrage local sur lesquels se base sa nouvelle vision de la responsabilité sociétale et de l’importance d’inclusion, si elle veut surmonter la crise actuelle. «La stratégie tracée par la compagnie en matière d’intégration nationale vise à permettre l’accès aux entreprises algériennes à des contrats de projets d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (EPC) à travers l’élaboration d’un cahier de charges spécifiques», a indiqué, M. Hekkar qui a mis en avant l’enjeu d’une collaboration interne qui profite à la petite comme à la grande entreprise. Cette démarche s’inscrit «dans le cadre de la responsabilité sociétale et d’acteur national majeur dans le développement durable du pays», a-t-il assuré. Son objectif serait, probablement, d’atteindre un résultat principalement quantitatif qui répond à une logique de coopération nationale par l’inclusion des PME dans sa stratégie de développement durable. En effet, depuis plusieurs années, cette compagnie est l’une des entreprises qui cristallise le plus d’interrogations portant sur son modèle de gestion qui devrait être reconfiguré. Pour rappel, en mois de juillet dernier, le ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar, a annoncé la réorganisation de la Sonatrach «pour se focaliser sur ses métiers de base». Ainsi se concentrer entre autres sur ses activités d’exploration, d’exploitation, de transport, de transformation et de commercialisation de ses produits. Accorder plus de facilités aux entreprises locales et les associer dans les projets EPC figure à priori parmi ses objectifs stratégiques. Une directive dans ce sens a été donnée aux différentes filiales de la compagnie à travers le territoire national. Ces entreprises émergentes auront accès à 10% de la part des marchés des projets EPC. «En direction des PME et PMI, des instructions ont été adressées aux directeurs généraux des filiales pour accorder 10 % des marchés à cette catégorie d’entreprises», a affirmé le P-dg de la Sonatrach, tout en annonçant «la mise en place d’une nouvelle direction au sein du groupe pour accompagner et orienter les start-up», comme prévu par l’APLF 2021. En facilitant l’accès aux appels d’offres et au marché de construction dans le secteur aux petites et moyennes entreprises, le groupe Sonatrach espère atteindre «en matière d’intégration des entreprises locales dans la réalisation des projets EPC un taux de 60% dans le court terme et de 80% à long terme», a indiqué M. Hekkar. «Un cahier de charges spécifiques pour des appels d’offres de biens et services locaux et/ou en démultipliant le nombre de contrats EPC (Engineering Procurement Construction) notamment au moyen de l’allotissement, lorsque cela est possible, afin de permettre l’accès des entreprises algériennes à ces projets», a-t-il précisé. L’attribution de ce type de marché a souvent suscité la polémique et la controverse. Une époque dont la Sonatrach souhaite s’affranchir en orientant sa stratégie «vers l’émergence des potentialités nationales est de nature à stimuler le tissu industriel des PME et PMI algériennes, à développer des compétences, à transférer le savoir-faire et à développer une supply chain locale capable à terme de s’exporter et d’accompagner les projets du groupe à l’international», déclaré M. Hekkar. Il a évalué la valeur des contrats EPC en 2019 à «six milliards de dollars». Un marché très porteur et juteux, monopolisé par les entités étrangères. Ces dernières ont conclu avec le groupe Sonatrach un accord «pour un montant avoisinant 735 milliards de dinars équivalent de 6 milliards de dollars de contrats projets en EPC avec des entités étrangères (Europe, USA et Asie), soit 60 % du montant total des contrats signés», alors qu’au niveau local, «le montant des contrats confiés à des entreprises algériennes dans le domaine des EPC ne dépasse pas les 15% soit 135 milliards de dinars du total des contrats conclus dans des projets de réalisation d’infrastructures, de réhabilitation des installations et des équipements de production, ainsi que des travaux de forage et de raccordements des puits», a expliqué le P-dg de la Sonatrach, tout en exprimant son objectif de changer cette donne à l’avenir.
Samira Takharboucht