Une industrie qui nourrit les ambitions

Le football

Sommes-nous tous d’accord pour dire que le continent africain regorge de joueurs d’avenir ? La réponse, que nous souhaitons positive, pourra trouver une place dans cette interrogation. Mais si on regarde les infrastructures sportives, le retard dans la professionnalisation des clubs dans certaines nations, l’absence de filières de formation, hormis quelques initiatives privées, il serait difficile de créer une élite performante.

L’autre question qui revient souvent dans la discussion est celle de savoir s’il est possible de récupérer les footballeurs d’origine africaine ayant grandi en Europe ? Difficile de se laisser emporter par un oui catégorique. Les meilleurs sont exposés à des propositions de naturalisation, souvent ils refusent de se laisser embarquer par les alléchantes propositions, voire de conditions de vie et ne peuvent être récupérés par les équipes nationales européennes. Ils continuent de quitter l’Afrique pour aller chercher le meilleur, mais souvent pas pour une nouvelle nationalité. Les clubs achètent beaucoup de joueurs sans avoir un plan spécifique pour chaque joueur, c’est de la consommation. «Le rapport montre clairement que les joueurs qui partent à l’étranger avant 18 ans, réalisent de moins bonnes carrières que ceux qui mûrissent dans leur pays d’origine avant de partir. Certains mineurs ne s’en sortent pas trop mal avec une carrière moyenne mais d’autres disparaissent complètement des radars, ce qui peut être dramatique pour des jeunes et des familles qui ont tout misé sur le foot», estime Raffaele Poli, responsable de l’Observatoire du football (CIES) à Neuchâtel. Quelle surprise attend le joueur qui se voudrait demain être une marque, pour devenir une star, tout cela est aussi lié à cette industrie de «scouts» (observateurs sportifs) et agents qui tournent autour des clubs. La multiplication des transferts sert souvent plus leurs intérêts. Les critiques arrivent et se transforment en un fleuve, pourquoi cette tentation, aller chercher le meilleur ? Le refus d’exposer leur jeunesse à une stagnation dans leur équipe de football. Ils préfèrent atterrir ailleurs avec un niveau capable de mettre en valeur leur qualité de performance technique. Les internationaux confirment que le niveau des championnats est encore bas chez certains clubs africains, voire incapable d’égaler celui des autres nations. Parmi tous les sports, dans la plupart des pays africains, c’est le football qui remplit le mieux cette fonction. Pourtant, il faut reconnaître que les plus hautes autorités des pays africains où le football est «roi» ont depuis bien longtemps investi le «terrain» en question. Inversement, l’aura qui entoure les meilleurs footballeurs permet désormais à ces derniers de nourrir des ambitions sportives. «La nationalité, une grille juridique incontournable» Il y a l’exception «Didier Drogba, qui s’explique par le fait qu’il a explosé tardivement et qu’il avait déjà porté le maillot de la Côte d’Ivoire. Il faudrait que les acteurs africains, à l’image de leurs homologues européens et sud-américains créent de véritables filières d’élite, qui permettent d’empêcher le départ précoce des joueurs, en sortant d’une logique spéculative de court terme», fait remarquer Raffaele Poli, directeur de l’observateur des footballeurs professionnels. Il faut aussi évoquer la nationalité des joueurs qui constitue une grille incontournable dans le monde du sport, les joueurs individuels ont toujours étaient associés à une nationalité qui est indispensable. Sans elle, il n’y aura pas de championnat du monde des Jeux olympiques. Or cette grille a été brouillée ces dernières années par certains détails qui ont réussi à contourner les règlements concernant les changements de nationalités. Pour les observateurs, il n’existerait aucunes définitions de la nationalité sportive, alors qu’elle constitue le lien ombilical entre un sportif et sa fédération internationale. Sa définition varie d’une fédération à une autre et ne se recoupe pas forcément avec sa nationalité juridique. Certains pays ont profité de cette diversité de définitions. «Le Qatar est le plus connu de ces états. L’Emirat a disputé à domicile la finale du championnat de handball 2015 composé exclusivement de joueurs naturalisés et a profité des transferts de nationalités en athlétisme pour briller sur la scène internationale grâce à des athlètes du Kenya qui n’ont rien à voir avec le Qatar, considérés comme des mercenaires. Le sport n’est pas prêt à adopter une double nationalité, la composition de l’équipe nationale dans ce contexte engendrera encore longtemps des polémiques. Enfin, «le sport contribue donc à la définition de la nation dans un contexte supporté par le nationalisme et le populisme», souligne encore Raffaele Poli.
H. Hichem