Le ministère de la Communication saisira la justice chaque fois que de besoin

Publications électroniques nauséabondes

Les produits informationnels motivés par l’argent sont «particulièrement nocifs», estime le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, le professeur Ammar Belhimer. Dans un entretien accordé à l’APS, le ministre a abordé la question de la «violence expressive» qui se déverse sur nos réseaux sociaux.

«Elle est inadmissible, dit-il, et menace le tissu social de banalisation de l’incivisme, de brutalisation et d’»ensauvagement», imposant, précise-t-il, ce que d’aucuns ont appelé une «démocratisation de la méchanceté» et d’autres «passions tristes»». Le ministre fait observer que cette violence donne libre cours aux «trolls», expression désignant, explique-t-il, «les internautes plus ou moins malveillants dont l’objectif est de ‘’pourrir’’ des fils de discussion en générant artificiellement des polémiques». Pour Ammar Belhimer, «au-delà du ‘’trolling’’ et de l’agressivité comme registre d’expression, que l’on pourrait réunir sous le terme d’»incivilités», le cyber-harcèlement militant et les discours de haine, même s’ils sont punis par la loi, en raison des dommages psychologiques qu’ils peuvent occasionner chez leurs victimes, ont également des effets néfastes sur le débat public et peuvent être considérés comme des atteintes au pluralisme démocratique, car engendrant des phénomènes de censures collectives et d’autocensure qui appauvrissent le débat». Abordant l’impact du foisonnement des fake-news sur les réseaux sociaux et dans la presse électronique, il s’est référé aux résultats d’un sondage réalisé par Immar en avril 2019, selon lesquels 18 millions d’Algériens sont quotidiennement exposés aux chaînes de télévision, 17 millions à Internet, 15,5 millions aux médias sociaux, 3 millions aux radios et, enfin, 2,6 millions sont des lecteurs. Le ministre de la Communication estime que la qualité du message véhiculé par les nouvelles technologies de communication est «à bien des égards peu enviable». Face aux déviations qu’elles entraînent dans le champ médiatique et aux dérives d’une «presse de caniveau», la société n’est pas sans défense. Ainsi, rappelle le ministre, la loi du 28 avril 2020 relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine, comprend 48 articles, répartis en 7 chapitres, traitant des mécanismes de prévention contre la discrimination et le discours de haine. Elle prévoit, précise-t-il, «une peine d’emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans et une amende de 200.000 à 500.000 DA, pour quiconque produit, fabrique, vend, propose à la vente ou à la circulation des produits, des marchandises, des imprimés, des enregistrements, des films, des cassettes, des disques ou des programmes informatiques ou tout autre moyen portant toute forme de discours pouvant provoquer la commission des infractions prévues par la loi». Le ministre cite également l’amendement de l’article 196 bis du code pénal qui prévoit de punir «quiconque volontairement diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des nouvelles ou informations, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public, compte tenu de l’effroi qu’ils sèment au sein des citoyens et du climat d’insécurité qu’ils génèrent dans la société». Le ministre affirme que «le ministère de la Communication ne peut pas se taire devant les publications électroniques nauséabondes attentant à l’honneur et à la dignité des responsables de l’État et saisira la justice chaque fois que de besoin pour que les sanctions les plus sévères soient prononcées contre leurs auteurs».
Lakhdar A.