A défaut d’alternatives, l’Algérie risque une véritable crise énergétique dès 2045

Hausse de la consommation locale et baisse des exportations des hydrocarbures

L’Algérie a consommé la moitié de ses ressources naturelles (gaz et pétrole), a indiqué, hier le ministre d l’Energie, Abdelmadjid Attar, lors de son passage sur les fréquences de la radio nationale, Chaîne III, estimant, toutefois que «les Algériens n’auront pas à s’inquiéter pour leur sécurité énergétique, au moins jusqu’à 2045». C’est-à-dire, une fois cette date dépassée, l’Algérie risque de plonger dans une crise énergétique. A défaut d’alternatives pour préserver son équilibre énergétique, l’avenir des futures générations est en danger.

Il est peut-être temps de sevrer l’Algérie et de s’affranchir complètement des énergies fossiles. L’accroissement de la consommation locale et la baisse de la production et des exportations mettent les responsables du secteur sous une pression grandissante. Désormais, l’Algérie doit choisir entre l’exploitation des énergies renouvelables ou des gaz de schistes qui semblent être de moindre mal comparés au pétrole et au charbon. Quel que soit le choix, le coût de l’investissement est très élevé et nécessitent des parties prenantes étrangères, ce qui revient aussi cher aux finances publiques. La raison pour laquelle, le ministre insiste sur la formation et l’intégration de l’entreprise nationale dans le développement du secteur énergétique, en promettant d’aider les investisseurs locaux intéressés. Ainsi, permettre de préserver en collaboration avec la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) de préserver la sécurité énergétique et gagner en savoir-faire et technique afin de relever le challenge de rationnaliser et maîtriser la consommation domestique et industrielle de l’énergie combustible. Il faut se préparer à la phase de l’après-pétrole. M. Attar était clair à c sujet estimant qu’un «beau jour, il faudrait arbitrer, car environ 96 % de ces ressources sont encore réservées à leur placement sur les marchés à l’étranger», tandis que les revenus en devises des exportations alimente le Trésor public à hauteur de 66%, ce qui devrait changer si l’Algérie veut adopter un nouveau modèle économique libre et inclusif. Pour éviter l’onde de choc, le ministre a plaidé pour le renouvellement «des réserves d’hydrocarbures, de changer le mode d’exploitation des gisements tout en développant l’économie d’énergie et le renouvelable». En effet, lors de son intervention à l’émission de la radio nationale, le ministre de l’Energie a alerté sur la menace d’une crise énergétique imminente, si les autorités n’agissent pas en urgence. Une menace qui risque de mettre en péril l’avenir des générations à venir. En plus de s’intéresser au développement de l’industrie pétrochimique «en impliquant les PME/PMI pour réaliser les produits finis», les pouvoirs publics réfléchissent, probablement, à des alternatives énergétiques afin de préserver la sécurité énergétique des générations futures. Depuis plusieurs années, les messages d’alerte sur la fin proche du pétrole s’intensifient, mettant en garde particulièrement les pays exportateurs de cette matière première. Certains pays ont déjà pris les devants en recourant à l’exploitation du gaz de schiste. Certes, les objectifs des parties prenantes sur cette énergie divergent, mais l’intérêt porté à cette énergie est croissant pour les tenants d’une économie libérale. Recourir à l’exploitation du gaz de schiste pour s’affranchir du pétrole n’a pas été écarté par l’Algérie bien au contraire, M. Attar avait indiqué dans l’une des ses déclarations à la presse que «le recours à l’exploitation du gaz de schiste reste une option, en cas de nécessité». Le gaz de schiste est sujet à de nombreuses controverses, néanmoins, il pourrait accélérer l’indépendance énergétique du pays, c’est du moins ce que prétendent certains pays. Une expérience qui pourrait intéresser l’Algérie qui ne cache plus son intérêt à cette option à l’avenir. Une décision qui peut-être influencée par l’atonie de l’économie mondiale et la persistance de la crise pétrolière en terme de production et de tarification, mettant sous pression les pays exportateurs du pétrole qui en pâtissent de la double crise sanitaire et financière. De plus, l’Algérie veut prioriser «la consommation intérieure afin de couvrir la demande industrielle et domestique». L’énergie est plus qu’indispensable pour renforcer le tissu industriel et préserver la sécurité énergétique et valoriser ses ressources naturelles. «La sécurité énergétique nationale sera assurée au moins jusqu’en 2040, notamment grâce à des réserves prouvées de 2.500 milliards de m3 de gaz et 1,7 milliard de tonnes de pétrole», a noté M. Attar, estimant que «la problématique intervient au niveau des recettes à l’export, ainsi que la consommation énergétique locale de plus en plus croissante».
Samira Takharboucht