Des urnes transparentes

Référendum sur la Constitution

L’Algérie a vécu ce dernier samedi 31 novembre 2020, un référendum pour la mise en route ou non de quelques amendements sur la Constitution. Ce rendez-vous électoral ne s’est pas déroulé au gré de la volonté de ses organisateurs politiques. C’est-à-dire avec des manipulations des urnes au gré de la volonté de ceux chargés de la surveillance.

Cette fois, elles ont été réellement transparentes tout autant que les effectifs en charge de leur surveillance. Ce qui n’était pas le cas les précédentes années durant lesquelles nous n’avons pas cessé de dénoncer des urnes bourrées. Ce rendez-vous électoral intervient à une période faite de nouveaux conflits animés par des institutions, en crise tout au long de ces trois dernières décennies et n’arrivant pas à fonctionner en bonne symbiose. Les voix sont nombreuses à imputer cette conflictualité au régime politique inscrit dans la Constitution. Il s’agit du résultat de l’éparpillement des prérogatives et des pouvoirs, sans qu’aucune institution n’en soit vraiment dépositaire. Contactés à l’effet de donner leur version sur le dysfonctionnement chronique de ces trente dernières années, nombre d’enseignants universitaires spécialistes des sciences politiques, estiment qu’il provient de la loi électorale. Celle-ci a constamment donné lieu à un paysage parlementaire effrité sans réelle efficacité, parce que muselé, et, par conséquent, un gouvernement incapable de bien fonctionner à défaut d’esprit d’équipe, d’homogénéité et de solidarité entre ses membres. Le référendum de ce dernier dimanche 1er novembre pourra-t-il mettre un terme aux conflits à l’origine de blocages tous azimuts ? Cette période, à la fois inédite et critique, que traverse l’Algérie, sur fond de crise sanitaire planétaire, semble avoir attisé les querelles politiques, au lieu de les mettre en sourdine. Les tensions s’exacerbent au grand jour, à l’heure où l’Algérie a besoin beaucoup plus d’action et de concrétisation, que de conflits marginaux qui n’intéressent guère la population. Ce que laisse ressortir dans sa déclaration, le secrétaire général de l’UGTA Salim Labatcha. Sollicité, il pourrait s’avérer un allié objectif. C’est ce qu’il met en relief dans une déclaration faite à la presse. Il a annoncé les prémices de cette alliance en soulignant : «Le référendum sur le projet de révision de la Constitution est un devoir national. Il contribuera au changement que connaît l’Algérie sur de nouvelles réglementations. Le référendum sur le projet de révision de la Constitution est un devoir national pour contribuer au changement à même de permettre de construire une Algérie forte économiquement, politiquement et socialement. Il faudrait organiser un référendum politique pour évaluer le régime politique, si c’est une réussite ou un échec, ou s’il aide une orientation politique déterminée, à occuper les rouages de l’Etat alors qu’ils sont incompétents pour le faire». D’autres acteurs politiques et représentatifs de la société civile se sont félicités de l’initiative prise par le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune d’appeler au référendum sur la constitution synonyme de profonds changements. Malgré les risques que faisait peser la circulation du Covid-19 sur le référendum, donc sur la révision de la Constitution, ce rendez-vous électoral s’est bien déroulé. Plus de 5 millions d’électeurs ont pris le chemin des urnes. L’équivalent de 26,07 % des suffrages se sont exprimés clairement. Quelques opposants et membres de la Société civile s’étaient présentés en rangs dispersés. Ils l’ont fait dans le calme et le respect de l’autre. Ils étaient loin de représenter un quelconque risque sur le référendum. Une situation qui semble avoir semé le désarroi dans les rangs des formations politiques de l’opposition. Celles-ci avaient espéré maximaliser leurs chances pour les prochaines législatives en attirant vers elles de nouveaux protestataires et militants. D’où les tergiversations enregistrées auprès des uns et la position d’observateurs adoptée par les autres avec le spectre d’un autre mandat après celui oublié de 2017. Des calculs infondés au regard du comportement de certains chefs de partis politiques et autres acteurs de la société civile se sont remis à caresser le pouvoir dans le sens du poil. Les auteurs sont à la recherche de la déstabilisation sociale et les risques de tout ce qui peut créer une crise institutionnelle. Ce qui, pour bon nombre de citoyens est regrettable du fait que le pays aspire à un sursaut social et économique pour bien maîtriser l’avenir que prépare le dernier référendum. «Il est important que nos politiciens sachent partir et travaillent, dès maintenant à raisonner leurs entourages pour qu’ils soient tous sur la même longueur d’onde. Ce qui n’est malheureusement pas le cas dans notre pays Et c’est, malheureusement le cas, pour la majorité de nos politiciens, qui ont beaucoup peiné à accéder au pouvoir, s’y sont agrippés ont suscité beaucoup d’espoirs, en arrivent à s’y arc-bouter pour y rester tout en se sachant inefficace. Et ce serait insuffler un mauvais exemple pour tous les autres s’ils devaient être suivis. L’avis est de la majorité de nos interlocuteurs enseignants universitaires à l’université d’Annaba. Ils ont estimé : «…la situation deviendrait intenable avec un recul du point de vue démocratique et même économique soutenue par la méfiance des partenaires et des investisseurs. Aggravée par une multitude de crises profondes politiques et sociales. Elle attend de ses populations, notamment la société civile, une collaboration qui ne saurait être effective que si la paix et la sécurité règnent sur toutes ses régions». Pour eux, la situation actuelle est faite de Covid-19 qui ne s’accommode pas de mobilisations de masse et de tensions sociales. Ce qui justifie la mise en place de tous les moyens humains et matériels et leur disponibilité pleine et entière pour éviter tout faux pas. Ce qui explique le suivi minutieux à tous les niveaux des services du ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière bien avant le jour «j».
A. Djabali