Les libraires américains se mobilisent contre Amazon

Lecture au temps du confinement

L’ABA, l’Association américaine des librairies, vient de lancer une campagne publicitaire baptisée «Boxed out» , contre le géant américain du e.commerce pour alerter sur le danger que représentent les ventes de livres en ligne pour la survie des librairies et la vie de quartier.

Plus de 35 librairies, membres de l’Association américaine des librairies, ont baissé le rideau et licencié leur personnel, et ce n’est que le début, craint Allison Hill, directrice d’ABA. «Au moins 20% de nos librairies risquent de fermer d’ici la fin de l’année. Et nous sommes en dessous de la réalité. Un très grand nombre sont dans le rouge et n’ont plus de trésorerie. Nous avons lancé cette campagne pour tenter de mettre fin à cette (transe Amazon), qui fait que les gens trouvent plus facile de cliquer pour acheter. Ils ne réalisent pas que ce choix a des conséquences. Et puis avec Amazon, il n’y a pas de relation personnelle, pas de conseil. Donc nous voulons les sensibiliser à tout cela, mais sans gravité, avec intelligence et humour. J’étais à New-York hier et j’ai visité les librairies qui ont affiché nos publicités. Eh bien les gens se sont arrêtés, ils ont pris des photos. Et sur les réseaux sociaux, une centaine de librairies a rejoint notre campagne.» Certaines librairies de quartier, comme Solid State Books, à Washington, ont recouvert leur devanture de grands cartons marron pour imiter les colis envoyés par Amazon ou affiché des slogans comme «Des livres choisis par des personnes, pas par un algorithme flippant» ou encore « Ne laissez pas Amazon devenir le Big Brother de demain» , en référence à «1984» , livre culte de George Orwell. En France, fermeture des libraires et des rayons livres des grandes surfaces Face à la fermeture des librairies indépendantes en France en raison du nouveau confinement, la polémique prend de l’ampleur. Après des prix littéraires reportés et des appels au boycott d’Amazon, le gouvernement a décidé ce vendredi 30 octobre que la grande distribution devait fermer momentanément ses rayons livres et culture. L’annonce intervient alors que de nombreux acteurs culturels regrettaient que les librairies doivent rester fermées aux termes des règles présidant au nouveau confinement. Les librairies ne font pas partie de la liste des commerces dits «essentiels» autorisés par le gouvernement à rester ouverts durant le confinement. Ils peuvent toutefois effectuer des livraisons ou proposer le retrait de commandes, à la porte du magasin, ce qu’on appelle le click and collect. La Fnac et Darty, des commerces essentiels Un peu plus tôt vendredi, le groupe Fnac-Darty – dont les magasins vont rester ouverts pendant le confinement – avait également annoncé qu’il fermerait ses rayons culture pour les 15 prochains jours, «dans un souci de responsabilité» . Les quelque 300 magasins Fnac et 500 Darty, considérés comme commerces essentiels, ne souhaitent pas se mettre en concurrence déloyale avec les librairies. Une décision qui a du poids venant du premier libraire de France. Dès ce samedi matin, l’ensemble des rayons culture du groupe ont donc fermé pour les 15 prochains jours, en attente de nouvelles annonces du gouvernement français. Pas question cependant de fermer tout, car la période des fêtes qui débute constitue l’essentiel des ventes et du résultat de l’enseigne multi-spécialiste. Des appels à rouvrir les librairies viennent également des rangs politiques : de l’ancien président français François Hollande, de la maire de Paris Anne Hidalgo ou encore de l’ex-ministre de la Culture Jack Lang. Ils estiment l’accès à la culture comme essentiel, tandis que le critique littéraire François Busnel a créé une pétition en ligne pour rappeler qu’avec la fermeture des librairies, le pays se priverait «de son meilleur bataillon pour affronter l’obscurantisme».
RFI