«Havelange et Blatter n’ont jamais été capables de faire ce que je fais !»

Diego Maradona à France Football

«Avec dix-huit ans de carrière, et tout ce que j’ai vécu, je pense avoir l’autorité morale suffisante pour avoir le droit de parler sans rien cacher. Je n’ai rien à cacher. Pour moi, le ballon est une source infinie de plaisir. Je suis heureux quand je marque, quand je réussis un petit pont ou une belle action. Cela n’a pas changé avec le temps. Parce que c’est au plus profond de moi», dixit Maradona.

Égal à lui-même, à l’image des grandes stars internationales, celles qui construisent le football, celles dont leurs noms évoquent les multiples péripéties vécues dans ce monde d’un sport qui draine des milliards de supporters. Des stars qui font part de la réalité du football, ce qu’il était par le passé, et comment il a grandi, et surtout a en faire un sport qui fédère des hommes, des femmes autour de ce cuir qui est enseigné aux générations présentes, passées afin que la réalité du terrain remonte à la surface. Raconter directement ou indirectement, leurs histoires, et celle du football. Maradona fait partie de ces stars. Il raconte à France Football dans un long entretien ce qui a marqué sa vie, ses déceptions, ses attaques et ses tentatives d’humiliations. Dure d’être footballeur ? Non. Pour Maradona, il suffit tout simplement d’être le joueur qui reflète la réalité des faits, la réalité qui rassure et fait du bien à ceux qui le connaissent, et celle qui fait mal à ceux que cette vérité dérangent. «Diego, rebelle aux nombreuses causes, a évoqué le passé, le présent et l’avenir. Et l’on a enfin compris que ce génie du ballon rond, qui restera unique et irremplaçable pour toutes les joies qu’il nous a procurées pendant dix-huit ans, était d’abord et surtout un homme éperdument épris de liberté et de justice avant d’être le plus grand footballeur de son temps. Tout simplement». Ainsi l’a résumé à son tour l’auteur de l’interview.

«Je ne veux plus pleurer devant mes filles…»
Un peu plus loin dans cet entretien, il évoque ce qui l’intéresse, fait l’actualité de ce sport «le football professionnel, c’est beau mais pas aussi pur et frais que les gens seraient en droit de l’espérer. Et ce n’est pas normal». On a voulu le faire débrancher du football, et le caser dans un circuit qui n’a absolument rien à voir avec ce sport qu’il adule. Il l’explique «il est probable qu’on a voulu couper ma carrière mais, mon histoire, elle, continue. Ce n’est pas Blatter ou Havelange (les dirigeants de la FIFA, Ndlr), qui ne connaissent rien au football, qui pourront achever Maradona». Pour lui, ce sont des actes qui visaient à lui faire bafouer son histoire celle «qui a toujours été celle d’un footballeur qui va sur le terrain pour amuser les gens». Il montre du doigt Havelange et Blatter, lesquels, dira-t-il «n’ont jamais été capables de faire ce que je fais et ne pourront jamais le faire un jour !». Aujourd’hui, il n’est plus question de «procurer ce plaisir à la FIFA. Mes deux filles sont déjà grandes et je ne veux plus pleurer devant elles». Sa route vers d’autres horizons footballistique a été vite barricadée. Tout pour lui faire échouer ses rêves et le «détruire».

Havelange ignore ce que le mot «aider» signifie
«Ce n’était pas du dopage ?» A cette question du journaliste, il répondra spontanément «c’est une bêtise, mais pour ça ils m’ont donné quinze mois. Une idée de ces messieurs de la mafia. Je ne peux rien y faire !» Un cri de cœur s’est vite fait entendre, notamment lorsqu’il avoue qu’il a «trop d’ennemis, oui. Ils ne m’aiment pas car je leur dis ce que je pense. Ils sont habitués à acheter les gens et qu’on leur dise toujours oui. Heureusement, moi, ils n’ont pas pu m’acheter». Mais il y a le contrôle positif pratiqué pendant la Coupe du monde… Question du confrère de FF. Diego Maradona répondra sans bégayer «c’était simplement de l’éphédrine ! 1986 alors que moi, on m’a privé du Mondial avec quinze mois en prime. C’est pour ça que je dis que les messieurs de la FIFA se sont mal comportés avec moi». Évoquant la consommation de drogue, il dira qu’elle «n’a rien de comparable avec celle de l’éphédrine. Je vous le dis pour que vous compreniez bien, et je le dis aussi à tous pour que ce soit bien clair. Je veux que ce soit clair en Espagnol, en Français, en Italien, en Allemand et en Anglais. Il n’y a pas eu récidive !» Interrogé sur la critique qu’il oriente sur Havelange qui aurait voulu disputer le Mondial-94, Maradona d’une réponse sèche lui fera savoir «Havelange ignore ce que le mot aider signifie, il n’existe pas dans son lexique. Donc, ne parlons pas d’aide. Dans cette affaire, le seul qui aurait pu me soutenir, c’est Grondona. Mais comme il est proche des chefs, il s’est rendu… Vous pouvez en être certains. Le Brésil devait être champion. D’abord parce que c’était une bonne équipe. Parce qu’ensuite c’était le dernier mandat du Brésilien Havelange et il ne pouvait partir sans une Coupe du monde. La rage de parler l’envahit, il n’hésite pas à aller fouiller dans ses archives pour tout dire, ne rien oublier ou cacher, ses faits datés justifient ce qui a caractérisé ses années du football. Il indique à travers ses mots qu’il voudrait tout simplement mettre de l’ordre dans un dossier d’où fusaient de tas de rumeurs à son propos. A ce sujet, il répond en ses termes «les joueurs procurent du plaisir au public, pas des dirigeants avec dix-huit ans de carrière, et tout ce que j’ai vécu, je pense avoir l’autorité morale suffisante pour avoir le droit de parler sans rien cacher. Je n’ai rien à cacher». Sur cet élan poussé par des vérités, il fera rappeler aux lecteurs de FF «une chose qui est très claire. Ce sont quand même les joueurs qui procurent du plaisir au public, pas des dirigeants qui sont là grâce à nous et qui en profitent pour se gaver ou pour imposer leur loi. Ce sont eux qui programment le jeu avec leurs ordinateurs, qui décident qui va jouer la finale, l’heure du match. Certains à midi, d’autres à 9 heures, et pendant ce temps, nous, les joueurs, on s’écrase». Le football professionnel et être entraîneur, deux questions distinctes qui se complètent «entraîneur, ça m’amuse beaucoup. J’aime ça. Je pense que les joueurs, il faut les cajoler. Je veux les traiter comme j’aurais aimé être traité. Car pour le reste, il n’y a rien à inventer. Tout a déjà été inventé». Et de conclure «il est inutile d’élaborer de savantes tactiques. Si tu n’as pas les joueurs pour, inutile de vouloir innover alors que tout a été tenté. La seule chose valable et importante, c’est de mettre les joueurs en confiance et de leur proposer de bonnes séances d’entraînement».
Synthèse de H. Hichem