Des victoires et des paris

Equipe nationale :

Objectivement, l’Équipe nationale de football entraînée par Djamel Belmadi est-elle ou peut-elle être une école de formation, ou plutôt une référence, pour les différents clubs des Ligues 1 et 2 ?

Si pour les uns, cette option ne peut-être sur les rails de la formation, pourquoi est-elle alors évoquée à la veille de chaque événement ? Pourquoi est-elle citée sous forme de référence dans les divers cercles sportifs ? Incontestablement, ses résultats ne sont pas un hasard. Ils se distinguent par leur sérieux, leur discipline, leurs engagements à être fidèle à la glorieuse équipe, d’une part, et d’autre part d’instaurer un climat qui fait de cette ossature les champions d’Afrique. Rompre avec les discours pessimistes, à l’image de ceux de l’ex-joueur de Porto et ex-sélectionneur Rabah Madjer qui disait «je ne vais pas démissionner» et d’ajouter «j’ai toujours assumé mes responsabilités. Si je démissionne, l’équipe nationale va plonger dans une crise. Et personne ne pourra la faire sortir de cette crise». Oubliant ces propos.
L’exemple de Belmadi gagnerait à être enseigné au sein des clubs de football. Que manque-t-il et de quoi souffre la majorité des clubs ? Avant d’aborder cette question, rappelant que les anciens joueurs internationaux se sont imposés sur les calendriers sportifs des années 58-62. Parce que les terrains de football étaient des espaces de formation, de réalisation d’expérience, toujours au centre des défis humains, et souvent élargis à la jeunesse. Que reste-il de cette échelle d’expérience ? Tout ce qui est montré sur les terrains d’aujourd’hui n’est pas important aux yeux des professionnels, et ce qui est important n’est pas montré. Tout ce qui est montré est su, connu et vu, puisque tout ce qui est important doit être connu. C’est peut-être le motif pour lequel les joueurs se manifestent comme des intercesseurs qui attendent à ce que les supporters viennent vers eux.
Or, sur le terrain, c’est souvent un autre spectacle qui est offert ou proposé. Les anciens joueurs internationaux, encore de ce monde dont l’ancien défenseur de l’équipe du FLN, Hamid Zouba rappelait qu’ils étaient «les premiers ambassadeurs de la jeune nation algérienne et les premiers représentants du peuple algérien libre» et d’ajouter pour l’histoire que «mis à part certains pays voisins, comme l’Espagne et l’Italie, qui savaient que l’Algérie était en guerre contre la France, le reste du monde n’avait aucune idée de ce qui se passait chez-nous. Beaucoup, d’ailleurs considéraient que l’Algérie n’était qu’un département français. L’objectif du FLN était de prouver le contraire, et c’est à notre équipe qu’incombait cette lourde responsabilité».

Connaissent-ils ces étapes historiques ?
Des joueurs aspirent à jouer la carte de stars internationales. Ils veulent sauter les barrières nationales pour se retrouver dans des terrains étrangers. Ils négocient leur recrutement sur la base de barèmes dépassant tout entendement. Que cherchent-ils dans ce football ? S’identifier aux champions mondialement connus ? Etre des stars, s’enrichir sans chercher à être l’exemple ?

L’appel de l’international Abdelkrim Kerroum
L’ex-joueur de l’équipe de la liberté Abdelkrim Kerroum, a lancé un appel aux autorités du pays pour réunir et rassembler les sept joueurs survivants de l’équipe du FLN, afin qu’ils puissent se rencontrer, se revoir et se dire Adieu avant de quitter ce monde. Kerroum évoluait comme attaquant à l’Association sportive Troyes Sainte-Savine. Il rejoint l’équipe nationale de football du FLN entre 1961 et 1962. Cet appel est intervenu juste après le décès de Saïd Amara, un autre joueur de la glorieuse équipe.

Quels messages ont-ils laissé ces héros du football national ?
La question remue un passé marqué par des engagements des joueurs qui ne cherchaient aucun gain, mais seulement des victoires pour faire imposer l’emblème national au cœur de ceux qui ne le voulaient pas. Qu’en-est-il de leur participation au sein des instances footballistiques nationales ? Les internationaux interrogés disent ne pas avoir été sollicités ni par les instances ni par la majorité des clubs. Une sacrée expérience qui s’envole. Le football national assiste ainsi à la disparition de ses architectes, à l’image des Rachid Mekhloufi, Kerroum, Mohamed Maouche, Smail Ibrir, Mohamed Soukhane, Hamid Zouba, Dahmane Defnoune… sans oublier l’ex-footballeur Ali Doudou, ancien gardien de but de la glorieuse équipe du Front de libération nationale, «décédé dernièrement à Annaba à l’âge de 87 ans des suites d’une maladie», rapportait l’APS. Doudou avait gardé les cages de l’USM Bône entre 1945 et 1956 avant d’intégrer, en 1957, la formation de l’Armée de libération nationale (ALN). Dès 1958, il répond à l’appel de l’Algérie en lutte pour son indépendance et rejoint l’équipe du FLN en compagnie de nombreux joueurs talentueux évoluant en France, tels que Mokhtar Arribi, Amar Rouaï, Mohamed Maouche, Abdelaziz Bentifour, Saïd Brahimi, Hamid Zouba ou encore Abdelhamid Kermali.

Ne pas donner l’image de pauvres malheureux
Hamid Zouba, rappelait qu’en cette période coloniale «il ne fallait surtout pas donner l’image de pauvres malheureux, dont le monde aurait pitié. Il fallait, au contraire, que notre équipe impressionne et donne une très bonne image, même en dehors des terrains». C’est cette image que donnent aujourd’hui les hommes de Belmadi. Le flambeau est repris par l’équipe nationale de 2019. Ceux qui endossent aujourd’hui les couleurs nationales ont cet avantage de produire et reproduire les messages du 1er Novembre. Les Verts qui s’apprêtent à entamer ce 12 novembre dans le cadre des 3e et 4e journées des éliminatoires de la 33e Coupe d’Afrique des nations contre le Zimbabwe ne peuvent que hisser au plus haut l’emblème national.
H. Hichem