Les hôpitaux algériens aux aguets !

Les victimes des incendies submergent les urgences déjà saturées

«On déborde !», c’était le cri de détresse lancé par les services d’urgence des hôpitaux de plusieurs wilayas du pays, sévèrement, touchées par une série d’incendies dévastateurs, survenus dans la soirée de vendredi à samedi dernier. Des dizaines de blessés et victimes d’asphyxies par la fumée d’incendie ont déjà été accueillis au niveau des services d’urgence déjà saturés par l’afflux des malades de la Covid-19.

Une double peine pour les établissements sanitaires et les soignants, épuisés et dépassés par l’épidémie qu’ils affrontent mains nues depuis des mois. Les conditions d’accueil des blessés et des cas d’asphyxie étaient difficiles pour tous. A Cherchell, Chlef, Oran, Béjaïa et Bouira, les hôpitaux submergés ont appelé à l’aide afin de renforcer le rang des médecins et des infirmiers sur place. Près d’une dizaine d’établissements étaient pris d’assaut. Ils ont fait face à ce nouveau drame, malgré le manque de moyens matériels et physiques. Devant cette urgence, ils ont appelé en renfort des infirmiers et des médecins mobilisables pour prendre en charge les blessés et prodiguer des soins aux asphyxiés. Déjà fragilisés par la crise sanitaire de la Covid-19, les soignants et les hôpitaux sont saturés. Les secouristes et les soignants éprouvés par cette nuit «d’horreur» ont oublié pour un moment la situation épidémique du Coronavirus. Ils étaient en alerte maximale. Les sirènes des ambulances qui retentissaient de partout, présageaient une nuit difficile et longue pour les soignants. Ils se sont tous mobilisés pour aider les blessés et les cas d’asphyxies. Ces accumulations dans des espaces exigus, submergés et difficile d’accès en raison des mesures de sécurités anti-Covid-19 ont compliqué leurs opérations d’intervention, mais une fois de plus, l’armée blanche s’est surpassée en dépit du manque des moyens et des conditions adéquates de travail. Solidaires, certaines personnes se sont portées volontaires pour aider les soignants à maîtriser une situation qui échappe déjà au contrôle. La double alerte a été donnée dès 23 heures où les flammes des incendies dans les wilayas de Tipaza, Cherchell, Oran, Tlemcen et Relizane ont dévoré des foyers entiers causant des dégâts matériels et humains. Pris sous les coups de l’épidémie, les hôpitaux de ces zones ravagées par les feux n’avaient nul autre choix que d’ouvrir les services d’urgence et de mobiliser tout le personnel soignant sur place pour prendre en charge le flux des blessés. Quelques heures après, les services d’urgence débordés et les responsables hospitaliers ont appelé des médecins, des infirmiers et des secouristes en renfort. Ces derniers se sont, malheureusement, confrontés au manque de moyens médicaux, notamment, des bouteilles d’oxygène pour soigner les cas extrêmes d’asphyxie. L’absence d’oxygène dans les hôpitaux algériens fait polémique depuis plusieurs semaines. Les professionnels de la santé ne cessent de signaler la pénurie de médicaments et d’oxygène dans les établissements sanitaires, notamment, au niveau des services de soins intensifs. Une situation intenable pour les blouses blanches qui combattent l’épidémie du Covid-19, depuis des mois dans des conditions précaires dans la plupart des hôpitaux qui ne peuvent prendre en charge une vague d’autres patients. Des gestes d’urgence ont été réalisés sur les victimes de la fumée des feux à l’extérieur. Les services d’urgence débordaient. Le secteur de la santé algérien a fait face avant-hier à une situation de détresse extrême qui a mis à nu les dysfonctionnements des hôpitaux. En plus d’être endeuillés quotidiennement par des pertes de malades de Covid-19, les Algériens ont été frappés par un autre drame criminel qui a causé des dommages matériels et humains. Vingt-et-un feux de forêt ont été recensés en 48 heures à travers le pays causant deux décès, mais aussi plusieurs victimes asphyxiées par le panaché des incendies qui se sont propagés à des régions peuplées.
Samira Takharboucht