La grammaire comparée ou comparatisme

Linguistique

Il y a de cela des millénaires, il y eut d’abord le langage articulé, suivi plus tard de la première écriture cunéiforme et inventée par les Sumériens. Puis sous l’effet de l’évolution au fil des millénaires, le monde a assisté à la naissance d’une diversité de langues à partir des langues mères.

Les travaux de recherche réalisés en linguistique historique ont permis l’invention d’un nombre de mots important du sanscrit, langue de l’Inde ancienne et mère de toutes les langues du monde, et dont on trouve des équivalents sous différentes formes, dans les langues d’aujourd’hui. C’est le cas des verbes exprimant des besoins naturels, ou des noms désignant des membres les plus proches d’une famille comme «La mère» appelée «El Oum», «mother», «Ma» en sanscrit, il en est de même de «Bradj» en sanscrit, berch dans d’autres langues qu’on a relevées dans le désordre dans une série d’équivalents d’une série de langues.

Une ou des grammaires inspirées du sanscrit
Cela s’est passé, à peu près à deux millénaires avant l’ère chrétienne. Des peuples avancés s’étaient distingués par leurs inventions et découvertes de langues leur permettant la communication au quotidien ainsi que l’expression de leurs idées, préoccupations, moyennant des phrases grammaticalement correctes ou des textes correspondant à leur univers et à leur famille linguistique, chamito-sémitique ou indo-européenne qui se sont subdivisées pour la première famille en groupes : sémitique, égyptien, phénicien, libyco-berbère, couchitique, pour la seconde en groupes du hittite, indo-iranien, arménien, thraco-physicien, hellénique, albanais, illyrien, italo celtique, sarde, provençal, catalan, espagnol, portugais, français, rhéto-roman, germanique, anglo-frison, baltosclave. L’appellation «grammaire comparée» semble avoir vu le jour en Allemagne, dès la première moitié du XIXe siècle sous la plume du linguiste F. Bopp qui a comparé la conjugaison de la langue sanscrite à celle des langues grecques et ont été confirmées par d’autres comparatistes, Von Schle, Grimm, Scheicher. Pour eux l’analogie existant entre le sanscrit, langue sacrée de l’Inde ancienne et la plupart des langues européennes anciennes et modernes est indiscutablement évidente. Cet ensemble de langues européennes est appelé langues indo-européennes ou langues germaniques, les résultats des recherches réalisées ont été concluantes, on dit que ces langues indo-européennes ont des ressemblances, une parente qu’on ne peut récuser, sur le plan de la grammaire et de la morphologie, des éléments linguistiques issus de la langue mère de toutes les langues, le sanscrit et ce, malgré des millénaires de temps qui les séparent. Ils sont là pour l’attester. Selon les mêmes linguistes investigateurs dans les perspectives diachronique et synchronique, on peut relever des similitudes en comparant les langues romaine espagnole, italienne, puis en comparant l’allemand au germanique, ou le latin au germanique.

Comparer des langues, c’est surtout comparer leurs éléments grammaticaux
On a déjà parlé de la conjugaison du sanscrit comparable aux langues auxquelles il a donné naissance, on a mis l’accent sur un chapitre important, la déviation par la préfixation comme le radical «ain» dans «aimeront» et «troupe» dans «attroupement», radicaux déterminants pour la construction syntaxique.

Les systèmes grammaticaux, objet de cette comparaison, des cas, des personnes
Les néogrammairiens ou néo-linguistes, au terme de leurs recherches fructueuses pensent que la linguistique historique doit être avant tout explicative. Il ne suffit pas de constater ou décrire les changements, mais de trouver leurs causes qui n’ont jamais été un objet de préoccupation pour Bopp. Pour cela, on essayera de vérifier ces causes dans l’activité des sujets parlants qui utilisent la langue en la transformant. Cette explication de type positif fait penser à une langue qui ne vaut que ce que vaut le peuple utilisateur qui la parle. Si ce peuple est dynamique par son génie qui s’enrichit par les apports du progrès scientifique et technique, l’évolution rapide du peuple devenant compétitif sur le plan des inventions et découvertes, du travail fructueux, de l’éducation, de la morale, du progrès. Si le peuple est amorphe, improductif, inculte, la langue périclite et meurt. Il existe, en plus de l’explication de type positif, une cause psychologique fondée sur la tendance à l’analogie, les lois de l’association des idées qui font que les locuteurs ou utilisateurs de la langue créent des mots nouveaux, des phases personnalisées, donnant ainsi à la langue les qualités de vivante, innovante, active. La pensée d’un locuteur si elle est fertile, conduit à des combinaisons originales des mots ainsi qu’à des constructions grammaticales sans cesse renouvelées pour être adaptées aux idées nouvelles. Ainsi l’histoire de la langue doit être explicative pour permettre à chaque locuteur d’aller à la découverte de son génie pour en faire un outil d’expression performant.
Abed Boumediene