Le système de santé «devra être revu», selon Benbouzid

Fragilité extrême du secteur de la santé

L’épidémie du Covid-19 qui frappe l’Algérie depuis près de neuf mois a mis les problématiques du secteur de la santé à nu. «C’est un système qui devrait être revu», a confié, avant-hier à Alger, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, qui a reconnu l’existence de «dysfonctionnements et d’erreurs», qui paralysent de manière continue les services de santé.

Pour lui, le patient algérien a droit à mieux en ce qui concerne les soins de santé, assurant que «le système de santé algérien devait être revu afin de corriger certains dysfonctionnements et erreurs». Il a plaidé pour la réforme structurelle profonde de ce secteur névralgique, qui ne manque pas d’objectifs, mais plutôt de d’intérêt et de détermination pour reconstruire la réputation et le système sanitaire national.­ Une réalité clamée depuis toujours par les spécialistes de la santé qui, aujourd’hui, dessinent encore un tableau en apparence alarmante de la situation sanitaire du pays. Ce secteur nécessite une attention particulière, de plus que «le nombre des populations a augmenté par rapport aux années précédentes, y compris les demandes sanitaires», a souligné le ministre de la Santé, qui a voulu rassuré quant aux efforts de l’Etat algérien dans la lutte contre la Covid-19, affirmant que «l’Algérie avait signé un accord avec 170 pays en vue d’un achat collectif de ce vaccin et de bénéficier des réductions sur son prix, oscillant de 3 à 38 USD». Toutefois, le plus dur est à venir. Le premier responsable du secteur veut remettre de l’ordre dans son secteur après la dissipation de l’épidémie. Dans l’absolu, il serait question de réguler, entre autres, le système productif des soins et d’améliorer la qualité des soins, sans pour autant toucher à la gratuité des soins qui a toujours été considérée comme un acquis national pour les plus pauvres. «La gratuité des soins est irréversible», a réitéré, le ministre, affirmant que «ses services avaient commencé un travail de révision de ce système». Un travail, qui, selon lui, a été interrompu «en raison de l’orientation de tous les efforts vers la lutte contre la pandémie du Coronavirus, mais un travail est en cours à l’effet de booster le secteur», a-t-il assuré. L’épidémie du Covid-19 a paralysé de nombreux secteurs névralgiques dans la société et a retardé l’exécution des réformes financières et économiques globales prévues dans le programme présidentiel. La réforme du secteur de la santé est devenue un enjeu central dans le programme politique qui nécessite de mettre de l’argent sur la table, beaucoup d’argent, afin de pouvoir exécuter la feuille de route du gouvernement. L’initiative est à prendre en urgence. Pour réaliser ce projet de réforme nécessaire, le projet de loi de Finances 2021 consacre au secteur de la santé pour l’exercice 2021 plus de «527 milliards de dinars, soit une hausse de 2,42 % par rapport au budget de l’exercice 2020», a indiqué Pr Benbouzid, dont «les dépenses allouées au personnel des établissements de santé au titre de la loi de Finances 2021, se sont élevées à plus de 34 milliards de dinars et un montant de plus de 105 milliards de dinars a été affecté comme dépenses de gestion des établissements de santé», a détaillé le ministre de la santé. Concernant le budget d’Equipement, il a «connu une diminution considérable de la priorité accordée à l’achèvement des projets en cours et la suspension de l’inscription de nouveaux programmes sauf en cas de nécessité», a-t-il argué. Le Gouvernement vise, ainsi, à accélérer la réforme hospitalière en Algérie et corriger «les dysfonctionnements et erreurs de gestion» révélés par la crise sanitaire du Covid-19. La population a perdu depuis longtemps confiance en le système de santé algérien, méprisant envers les patients et les professionnels de la santé. Même en pleine crise sanitaire mondiale, l’Algérien remet en question des statistiques liées à l’évolution du Covid-19. Un constat que déplore, M. Benbouzid qui a affirmé que «toutes les statistiques fournies à propos des victimes de la pandémie sont correctes et qu’il n’y a aucun intérêt à les manipuler».
Samira Takharboucht