«La stratégie bute sur une série de problèmes»

Pr Abdelkrim Chelghoum, expert en gestion des risques majeurs :

L’expert en gestion des risques majeurs, le professeur Abdelkrim Chelghoum, est revenu hier mardi à Alger sur la stratégie de prévention des risques majeurs en Algérie, observant que depuis la promulgation, le 25 décembre 2004, d’une loi destinée à l’organiser, celle-ci continue de buter sur une série de problèmes.

«Cette loi élaborée après le tremblement de terre de Boumerdès, était figée, en ce sens où ce qui devait être un Observatoire national de gestion des risques majeurs, installé finalement en 2012, s’est trouvé remplacé par une simple direction relevant du ministère de l’Intérieur, ce qui est aberrant», a-t-il indiqué. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne à l’émission «L’invité de la rédaction», cet expert en gestion des risques majeurs a, cependant, reconnu qu’il y a eu beaucoup d’efforts de faits en matière d’élaboration de procédures de prévention et de protection contre les risques majeurs. Citant les séismes, les inondations, les feux de forêt les catastrophes industrielles, les marées noires et les épidémies, ou ce qui est actuellement observé à travers la prolifération de la pandémie du Coronavirus (Covid 19), en Algérie et dans le monde.
Il faut, a poursuivi l’invité de l’émission «L’invité de la rédaction» de la chaîne III de la radio algérienne, en finir avec les discours sans suite. Rappelant que depuis 2001, l’Algérie a été endeuillée par 120 catastrophes de grande ampleur. «Il reste toujours à instituer les règles d’une stratégie de prévention et de gestion et de protection contre les risques majeurs», estime cet expert en gestion des risques majeurs, considérant que cette stratégie devrait être confiée à un observatoire agissant sous la direction du chef de l’État. Evoquant la lutte entreprise actuellement pour tenter de freiner la pandémie du Coronavirus, le Pr Abdelkrim Chelghoum a estimé qu’il aurait été souhaitable voir s’installer au lieu et place d’un Conseil scientifique chargé de gérer cette crise sanitaire, un organe appuyé par des épidémiologistes, des médecins, des psychiatres, des psychologues, des ingénieurs, et autres statisticiens, mieux à même, selon lui, de la gérer.
Expliquant ce qu’est un risque majeur, cet expert en gestion des risques majeurs a affirmé que celui-ci est de fréquence simple, du fait, a-t-il détaillé, qu’il ne survient pas fréquemment. «Il y ajoute son caractère collectif, parce que pouvant survenir en divers endroits, de même que la gravité de ses effets, pertes humaines et matérielles très importantes, dépassant les capacités d’un État», a poursuivi le Pr Abdelkrim Chelghoum. Des aspects, a encore ajouté l’invité de l’émission «L’invité de la rédaction» de la chaîne III de la radio algérienne, auxquels s’ajoute le concept de vulnérabilité, c’est-à-dire la capacité de résilience, celle de pouvoir répondre, immédiatement, aux effets d’une catastrophe de forte ampleur. Enfin, revenant sur les inondations, meurtrières survenues le 10 novembre 2001 à Bab El Oued, vaste quartier populaire de la capitale, qu’il a qualifiée de terrible catastrophe, le Pr Abdelkrim Chelghoum a rappelé que ces inondations ont entraîné la mort de 800 personnes, engendré 15.000 sans-abri et provoqué pour quelque 30.000 milliards de dinars de dégâts matériels.
Rabah Mokhtari