Face aux nouvelles mutations mondiales, pour un nouveau management de Sonatrach

Sonatrach

J’ai appris avec une profonde tristesse, le décès de mon ami de près de 50 ans, Nazim Zouiouèche, sorti des plus grandes écoles européennes, une des meilleures compétences nationales dans le domaine de l’énergie, un des fondateurs de Sonatrach, qui a dirigé l’amont pendant plusieurs années avant de devenir PDG de Sonatrach, que j’ai côtoyé déjà en tant que jeune conseiller du ministre de l’Industrie et de l’Energie entre 1974-1979.

Pour dépasser la situation actuelle, la nouvelle gouvernance tant locale que celle des entreprises, dont celle de Sonatrach ne saurait reposer sur le diktat bureaucratique mais implique de comprendre le fonctionnement de la société tenant compte de la morphologie de la société suite aux travaux du prix Nobel de l’économiste indien prix Amyra Sen dans son apport sur l’anthropologie économique dans l’efficacité des organisations et qui influe sur l’entreprise publique ou privée. Les institutions ont un rôle très important sur les organisations et la société.
Elles constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme, le terme d’institution désignant «les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines», et aussi comme «les règles du jeu» qui façonnent les comportements humains dans une société. Parce qu’il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d’une organisation, la gouvernance faisant alors référence à la rationalité limitée, l’incomplétude des contrats, mais aussi à la spécificité de certains actifs (non substituables donc), et prenant en compte la nécessité d’adapter les organisations en introduisant l’importance de la confiance, comme ciment de la coopération. L’ensemble de ces actions renvoie en fait à la refondation de l’Etat reposant sur un Etat de droit et de l’urgence d’une gouvernance renouvelée. En résumé, il faut être réaliste.
L’Algérie dépendra encore pendant de longues années des recettes de Sonatrach, les exportations hors hydrocarbures hors dérivées n’ayant pas dépassé selon les statistiques douanières 600 millions de dollars fin 2019. Actuellement deux institutions stratégiques sont garantes de la sécurisé nationale, l’ANP et toutes les forces de sécurité et Sonatrach qui s’assimile en 2020 à toute l’économie algérienne. Le Groupe au niveau intérieur est le véritable moteur de l’économie algérienne, un fournisseur essentiel de revenus d’exportations, de revenus fiscaux, d’emplois. Sonatrach est donc l’Algérie et l’Algérie est Sonatrach et sa gestion et son image se répercutent directement sur l’ensemble de la société algérienne, d’où l’importance de tracer des pistes d’action. Malheureusement, Sonatrach est sortie de ses métiers de base et surtout faisant double emplois avec d’autres départements ministériels notamment dans le dessalement d’eau de mer, récemment dans la production du ciment, l’aviation et projetant de fonder des banques, cette dispersion à vouloir faire tout à la fois grâce à des ressources financières qui sont la propriété de la nation, a nui d’ailleurs à son management stratégique. (Suite et fin) Professeur des universités, expert international
Dr Abderrahmane Mebtoul