La situation en Inde

La crise du cinéma

En Inde, les cinémas ont été autorisés à rouvrir par le gouvernement fédéral le 15 octobre dernier, après sept mois de fermeture due à la crise sanitaire.

L’Inde, il faut le rappeler, est le pays qui compte le deuxième plus grand nombre de cas de Covid-19, après les États-Unis. La plupart des États ont donc rouvert leurs salles, mais avec des mesures strictes d’hygiène et de distanciation… et le public ne revient que timidement. Dans ce cinéma de New Delhi, la première étape pour acheter un billet est de donner son numéro de téléphone. Plus de ticket papier, on le reçoit sur son portable. Ensuite, dans le bâtiment, il y a deux étapes différentes : des gardes nous prennent la température, vérifient qu’on porte bien un masque. Et nous voilà dans la salle. À l’intérieur, sur les 300 sièges, la moitié sont barrés avec des bandes plastiques. On ne peut s’asseoir que sur un siège sur deux, pour garantir une certaine distance. De toute façon, pas d’inquiétude à ce sujet ce mercredi soir, il n’y a que quatre spectateurs dans la salle.

Quand les salles de cinéma cassent le prix d’entrée
Parmi eux, le jeune Afraz est venu avec son frère. C’est un habitué. «Je n’ai pas peur du Covid-19 ici, regardez, il n’y a personne. C’est la troisième fois que je viens depuis qu’ils ont rouvert. Je n’en pouvais plus de rester à la maison ! Je viens deux fois par semaine maintenant. Mon père ne veut pas que j’aille dans les bars, alors pour passer le temps, après le travail, je viens ici. C’est cool, je me relaxe, et c’est moins cher qu’avant : 100 roupies.» Cette chaîne de cinéma, PVR, a cassé le prix d’entrée, qui tombe à environ 1 euro le ticket. Il faut dire que la majorité des films sont des rediffusions, comme celui montré ce soir, un long métrage indien sorti en 2018, et qu’Afraz adore. «J’ai déjà vu ce film 7 fois. C’est l’un de mes préférés. J’adore aller au cinéma et je vais voir plusieurs fois les mêmes films.»

L’offre des salles et la confiance du public
Ce manque de nouveaux longs métrages est l’un des plus grands problèmes pour les opérateurs, comme le confirme Kunal Sawnhey, vice-président et responsable des opérations dans le groupe Carnival Cinemas. «Dans toutes les régions où il n’y a pas de nouveaux contenus, les salles ne sont occupées qu’à 10 ou 15% de leur capacité. Mais au Bengale-Occidental, lors du festival du Durga Puja, de nouveaux films sont sortis et les salles étaient alors pleines pendant quatre jours. Notre priorité est de regagner la confiance du public pour qu’il revienne dans les salles. Pour cela, nous réduisons nos prix, bien sûr, surtout que nous projetons surtout des films anciens. Et nous avons aussi une offre qui marche bien, par laquelle tous les guerriers contre le Covid-19 reçoivent un ticket gratuit, comme les docteurs, les travailleurs municipaux et les policiers.» Les cinémas sont toujours fermés dans plusieurs grands États indiens, comme le Tamil Nadu et le Telangana, et viennent à peine de rouvrir dans la région de Bombay.
S. F.