Dans le terrier de lapin de la Maison Blanche

Président Trump, an IV

L’élection présidentielle s’est parfaitement déroulée, il n’y a pas eu de fraude et Joe Biden l’a emporté. Voilà pour la réalité. Des millions de voix en faveur de Donald Trump ont été escamotées, la justice est complice, le président sortant aurait dû être réélu, et largement.

Voilà pour le bulletin d’information diffusé depuis plusieurs jours dans le terrier de lapin, le rabbit hole, de la Maison Blanche. Que la vérité y flotte à l’état gazeux n’est pas une nouveauté. Le mandat du 45e président avait commencé le 21 janvier 2017 avec l’affirmation par son premier porte-parole, Sean Spicer, selon laquelle la foule venue assister à son intronisation avait été la plus grande de l’histoire des prestations de serment. La quatrième porte-parole, Kayleigh McEnany, a assuré avoir compté plus d’un million de trumpistes dans les rues de Washington, samedi 14 novembre, et elle a par ailleurs un pont à vendre à Brooklyn à un prix qui vous étonnera.

Terrier de lapin
Il vient pourtant un instant où le réel se venge avec l’implacabilité d’une marée montante. Nous y sommes. A en croire le journaliste Bob Woodward, le gendre et conseiller du président, Jared Kushner, a lui-même comparé l’univers de la Maison Blanche du 45e président à celui de l’Alice de Charles Lutwidge Dodgson, alias Lewis Carroll. Voulant donner du sens à ce qui n’en avait pas beaucoup, Jared Kushner s’était retranché derrière un aphorisme du chat de Chester croisé par l’héroïne, selon lequel « si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera ». L’image du terrier de lapin dans lequel tombe Alice l’espace du mandat décidé par son créateur correspond à merveille à la séquence qui s’est ouverte lorsque Joe Biden a été déclaré vainqueur, le 7 novembre.
R. I.