«L’agression marocaine à El-Guerguerat a été préméditée»

Le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui affirme :

Les hostilités sont ouvertes entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc et de toute évidence c’est le retour à la case départ d’août 1991, c’est-à-dire peu avant la signature du cessez-le-feu entre les deux belligérants, constate le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui, Saïd Layachi, dans un entretien accordé, hier matin, à la Chaîne III de la radio algérienne, dont il était l’invité de la rédaction.

Il rappelle qu’aux premières heures du vendredi 13 novembre, il y a eu une violation en direct, au vu et au su de toute la communauté internationale, par l’armée marocaine, du cessez-le-feu. Auparavant, fait-il observer, les Sahraouis n’ont eu de cesse d’attirer l’attention du secrétaire général de l’ONU et de son Conseil de sécurité sur le danger qu’il y a à continuer de permettre au Maroc de violer, encore une fois, les accords de cessez-le-feu et notamment ses dispositions militaires, au niveau d’El-Guerguerat. Il constate que ce qui était craint, a eu lieu. En conséquence, de façon tout à fait normale, souligne le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui, le Front Polisario, d’abord pour protéger les civils, près de la brèche d’El-Guerguerat, et ensuite en état de légitime défense, a répliqué aux attaques marocaines. Il y a une situation de guerre entre le Polisario et le Royaume du Maroc. Pour Said Layachi, les attaques marocaines étaient préméditées.
Il en veut pour preuve une récente déclaration du Roi du Maroc, Mohamed VI, menaçant d’une intervention contre les Sahraouis. L’intervention était donc, dit-il, déjà programmée. Said Layachi explique que, pour ne pas se faire accabler, le Maroc a pris des militaires qu’il a habillés en civils pour les lâcher contre les manifestants sahraouis et les agresser. Il y a bien programmation de cette agression, insiste le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui. L’armée marocaine a ouvert deux autres brèches dans le mur de séparation, fait-il remarquer. Il rappelle également que Rabat n’en est pas à sa première violation. Il y en a eu, dit-il, de nombreuses autres, vérifiées et documentées par diverses ONG internationales, au-dessus de tout soupçon, selon lui, parmi lesquelles il mentionne Amnistie international, Human Right Watch, le Parlement européen, le département d’État américain ou bien encore le Rapporteur spécial de l’ONU, la Fondation Kennedy.
Par contre, le Maroc n’a reçu à aucun moment un rappel à l’ordre pour ces multiples violations des droits de l’Homme contre les Sahraouis. Il cite, d’autre part, la Cour de justice de l’Union européenne, qui a déclaré tout à fait illégale l’occupation du Sahara occidental par le Maroc et la commercialisation par celui-ci des produits sahraouis. Said Layachi souligne que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui est la base même de l’accord de cessez-le-feu et s’il n’a pu être organisé à ce jour, c’est en raison des nombreux blocages du Royaume du Maroc pour l’entraver. Il signale que le Front Polisario a été amené, à un moment, à arrêter les combats contre l’Armée marocaine, dans la perspective du référendum d’auto-détermination du peuple sahraoui. Il note que le Sahara occidental est enregistré, depuis 1963, par l’ONU, comme pays non autonome, justifiable de l’organisation d’un référendum énoncé par le Droit international et dont la préparation avait été confiée à la Mission des Nations unies pour le Sahara occidental (Minurso).
Le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui rappelle que le Maroc a sans cesse tenté d’entraîner l’Algérie dans ce dossier qui ne la regarde pas, parce qu’elle n’est en rien concernée par ce conflit. De plus, signale-t-il, Rabat n’a pas arrêté de jouer la montre et la fuite en avant, en entravant notamment les activités de l’envoyé personnel du SG de l’ONU, ainsi que de la Minurso, qu’il a démantelé il y a quatre ans, persistant, ainsi, à créer des embûches au règlement du dossier du Sahara occidental. Pour Said Layachi, c’est le puissant soutien apporté au Maroc par la France au sein du Conseil de sécurité, qui fait que cette situation perdure depuis 29 années. Le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui relève à ce propos, la récente visite effectuée à Rabat par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et s’interroge de savoir s’il s’agit d’une «coïncidence».
Lakhdar A.