Peine perdue pour les victimes de Khalifa Bank !

Abdelmoumène Khalifa condamné en appel à 18 ans de prison ferme

Le procès en appel de l’affaire Khalifa Bank qui a été ouvert la semaine dernière par le tribunal criminel près la Cour de Blida a rendu, avant-hier, son verdict. Des peines allant de 18 ans de prison ferme à l’acquittement ont été prononcées par le même tribunal qui a condamné en 2015 Abdelmoumène Khalifa à 18 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million de dinar et confiscation de l’ensemble de ses biens et sa privation de ses droits civiques.

Après plusieurs heures de délibéré, le juge et le juré ont rendu leur verdict : Le principal prévenu Abdelmoumène Khalifa (ex-P-dg du Groupe Khalifa) écope de 18 ans de prison ferme. Même sentence que celle de 2015 prononcée à son encontre. Le Juré a jugé que «Abdelmoumène Khalifa ne peut pas avoir été victime d’un complot». Accusé d’un cumul de chefs d’accusation de corruption dont le vol qualifié, l’abus de confiance, faux et usage de faux et abus d’influence. Les avocats du principal accusé ont allégué que plusieurs chefs d’accusation étaient imprécis et surtout infondés, rappelons, lors de leur plaidoyer les témoignages des co-accusés et témoins qui ont «réfuté lors de leur audition par le juge de siège leur implication dans cette affaire», plaidant «un complot fomenté par l’ancien système».
Des témoignages qui s’avèrent de peu d’utilité. La défense les a, d’ailleurs, rejeté et a confirmé les chefs d’accusation reprochés au prévenu principal, accompagné de pièces justificatives de son incrimination avec d’autres co-accusés qui ont été condamné par le même tribunal à des peines allant de cinq ans de prison ferme à l’acquittement. Le principal accusé, Abdelmoumène Khalifa, présent cette fois-ci à son procès a pu livrer son témoignage et surtout assisté à la prononciation du verdict. L’ancien P-dg du Groupe Khalifa qui ne cesse de nier les faits qui lui sont reprochés a été condamné une deuxième fois à dix-huit (18) ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de dinar, avec la confiscation de l’ensemble de ses biens. Il espérait bénéficier de circonstances atténuantes avec la réouverture de son procès qui, rappelons-le, a fait couler beaucoup d’encre en 2015.
Certaines parties ont qualifié, à l’époque ce procès d’inédit et d’historique, tandis que d’autres notamment ses victimes ne voyaient en ce procès qu’une «pièce théâtrale». Le verdict d’ailleurs était attendu sans aucune surprise. Peu de révélations et de nouveaux éléments ont marqué ce procès qui a pourtant vu défiler à la barre plusieurs personnalités politiques et publiques. Un procès express qui a peut-être frustré le principal accusé, mais surtout les victimes qui n’ont, à ce jour, pas été indemnisées. Peine perdue pour elles. Plus de 86% des fonds déposés dans la banque privée, Khalifa Bank, n’ont pas été récupérés, a déclaré le liquidateur de Khalifa Bank, Moncef Badsi, lors de son audition au procès du Groupe Khalifa.
De son côté, l’expert comptable, Hamid Foufa, désigné sur ordre du tribunal pour réaliser une expertise financière sur la situation de Khalifa Bank a révélé «une gestion chaotique de l’agence de Cheraga», assurant que «des fonds retirés des neuf agences et non déposés à la caisse principale ont été transférés vers d’autres destinations inconnues». Un détournement de fonds avéré, de même que l’implication des12 autres co-accusés qui ont été poursuivis, également, pour les chefs d’inculpation de «constitution d’association de malfaiteurs, vol qualifié, abus de confiance, falsification de documents officiels et usage de faux, corruption, abus d’influence, falsification de documents bancaires, et banqueroute frauduleuse».
Des peines d’emprisonnement allant de cinq ans à l’acquittement ont été prononcées contre chacun des 12 co-accusés. Le parquet général près le tribunal criminel de Blida a, également, prononé des peines complé- mentaires, à savoir, la privation des droits civiques pour une durée de trois ans contre chacun des accusés : Abdelmoumène Khalifa, Issir Idir Mourad, Belaid Kechad et Abdelhafid Chachoua. Pour rappel, le procureur général près le tribunal criminel de Blida a requis la peine maximale, la prison à perpétuité contre le principal accusé, Abdelmoumène Khalifa, et le durcissement de peine allant de 18 ans à cinq ans de prison contre les autres co-accusés. Le procès en appel de l’affaire Khalifa Bank a été rouvert, la semaine dernière, après la réponse favorable de la Cour suprême au pourvoi en cassation du dernier verdict prononcé en 2015.
Samira Takharboucht