«Il est important de disposer d’une politique sportive»

Mustapha Larfaoui (président d’honneur de la FINA)

Personnalité sportive émérite, non seulement, mais aussi ambassadeur incontournable du sport national et international, Mustapha Larfaoui a exercé 5 mandats, score unique dans les annales du sport mondial, couronnés de succès reconnus par le Comité international olympique et les hautes instances sportives internationales.

La suite était comment ?
Je vous explique : en 1992, fin de mandat. Les USA proposent de changer la règle de un terme à deux termes pour me permettre de poursuivre mon programme. En 1996, suppression de la règle. Réélection en 1996, 2000, 2005. Plus aucun concurrent depuis 1992. En 2009, malgré la pression des membres qui me demandaient de profiter des réalisations, j’ai décidé de me retirer ? C’est alors que les statuts ont été enrichis par un article portant sur l’élection par le congrès d’un président d’honneur à vie, membre du bureau exécutif. C’est cette position que j’occupe aujourd’hui. Enfin, je me dois de préciser également que eu Juan Antonio Samaranch m’avait sollicité en 1995 comme membre du CIO. Il insista parce qu’il avait reçu l’autorisation de choisir deux présidents de fédérations internationales en cette qualité. Il avait choisi l’athlétisme et il souhaitait avoir la natation. Il m’a été impossible de décliner cette proposition, une marque de confiance que j’ai beaucoup appréciée. Je dois souligner que les présidents du CIO Samaranch et Rogge m’ont beaucoup aidé à l’époque dans mes activités.

En 64 l’Algérie prenait part aux JO de Tokyo, c’était dans quelles conditions…
C’était juste après la création du Comité olympique algérien en novembre 1963. Feu le Dr Maouche Mohand et moi-même avions manifesté le désir de marquer la présence de l’Algérie aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964. Pour ce faire, il nous fallait d’abord la reconnaissance par le CIO, ce qui fut fait en février 1964 à Innsbruck et avoir au moins un athlète. Lazhari Mohamed (Yamani), champion de France de gymnastique, a accepté de représenter l’Algérie.

De qui était composée la délégation algérienne ?
La délégation algérienne était composée de trois membres : le Dr Maouche Mohand, président du COA, votre serviteur alors secrétaire général et Lazhari Mohamed athlète. Nous avons été royalement reçus par nos amis japonais et notre ambassadeur Benhabylès. J’ajouterai, si vous le permettez, que durant ma carrière, j’ai eu plusieurs distinctions : Insigne d’argent et Insigne d’or de la FINA, Prix de la FINA en 1992, Ordre olympique en 2009, Citoyen d’honneur des villes de Winnipeg (Canada) et Indianapolis (USA) médailles d’argent et d’or de la ville de Paris, médaille du Mérite de la ville d’Alger.

Larfaoui, en cette période, étiez-vous confronté au phénomène du dopage ?
Une lutte sans merci a été menée par la FINA contre le dopage. Des crédits énormes ont été engagés à cette fin et les résultats ont été probants. Cette lutte se poursuit à ce jour. Les initiatives prises à cette fin m’ont valu de me trouver membre fondateur en 1999 de l’Agence mondiale anti-dopage et membre de son bureau exécutif en tant que seul représentant désigné par les fédérations internationales des sports olympiques d’été (ASOIF) pendant 10 ans (mandats d’une année), 1999-2009 date de mon retrait de la présidence de la FINA. La lutte est permanente car les tricheurs ont toujours existé et existeront toujours.

On termine par la natation algérienne. Quel regard portez-vous sur cette discipline ?
Je ne peux vous parler de la natation en Algérie en ce sens que je ne suis au courant de ce qui s’y passe qu’à travers les coupures de presse. Seul le président de la Fédération peut vous faire un état de la situation. Mais je peux néanmoins dire que pour l’Afrique, à l’exception de rares pays, si les moyens humains existent, il n’en est pas de même pour les moyens techniques et matériels qui font certainement défaut. Nos athlètes ont besoin de bénéficier et profiter de l’évolution des techniques modernes en participant ou surtout en organisant des stages pour leurs techniciens. Nos athlètes doivent participer aux compétitions pour se mesurer aux autres et constater par eux-mêmes les différences, et c’est ainsi qu’ils amélioreront leurs temps.

Et en ce qui concerne les équipements ?
Il est vrai que nous manquons de piscines, leur construction en dur coûte très cher, mais au jour d’aujourd’hui, les bassins préfabriqués coûtent beaucoup moins cher et la FINA organise des championnats du monde de natation dans des bassins préfabriqués montés sur, par exemple, des cours de tennis.

Beaucoup à faire…
En effet, je dirai enfin qu’il y a beaucoup à faire si l’on veut atteindre le niveau le plus élevé. D’une manière générale, combien même les moyens humains existent, il convient de dire qu’il est important de disposer d’une politique sportive, d’en fixer les étapes à franchir et dégager les moyens nécessaires. Certains sports en Afrique sont porteurs et c’est sur ces disciplines qu’il faut absolument investir. Il n’y a pas qu’un seul sport en Afrique.
Propos recueillis par H. Hichem Suite et fin