USA-Europe et Chine-Inde et leurs impacts sur le nouveau pouvoir économique mondial

Les enjeux géostratégiques 2021/2030/2035 de la transition énergétique

Il ne faut pas être utopique, la transition énergétique demandera du temps. Entre 2020/2025 plusieurs facteurs déterminent le prix des hydrocarbures qui occasionne entre 2019/2020, pour l’Algérie, avec les dérivées (98%), des recettes en devises. Gouverner, c’est prévoir d’où l’importance pour l’Algérie de se préparer à ces nouvelles mutations évitant de vivre sur l’utopie du passé, devant se projeter à l’horizon 2025/2030/2035.

Mais le pays qui concurrence le plus l’Algérie au niveau européen est la stratégie expansionniste russe dont le géant Gazprom, pour le gaz (45 000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve) à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévue de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été d’environ 30%. Qu’en sera-t-il avec les bas prix actuels tant du gaz naturel que du GNL, de la rentabilité des canalisations, ne pouvant exporter à perte, de Medgaz via Espagne, et le plus important Transmed via Italie, fonctionnant en sous capacité, avec une impossibilité financière d’exporter vers l’Asie, l’Iran, le Qatar (plus de 15 000 milliards de mètres cubes de réserves contre à peine 3 000 pour l’Algérie) et la Russie proche de cette zone ayant conclu des contrats avantageux, devant contourner toute la corniche Afrique supposant un prix de cession dépassant 9/10 dollars le MBTU et comment ne pas perdre des parts de marché en Europe, notre principal client ? 2.- Le devenir de la carte énergétique mondiale 2025/2030/2035 D’ici 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique Usa/Europe/Chine, Inde devrait dépasser les 4 000 milliards de dollars où les grandes compagnies devraient réorienter leurs investissements dans ces segments rentables à terme.
L’élection américaine est déterminante pour l’avenir car les démocrates ont une autre vision de la politique énergétique, avec le retour des USA aux accords de Paris COP21 sur le réchauffement climatique. Bien que le nouveau Président dit ne pas vouloir interdire le développement du pétrole/gaz de schiste dont les UA sont le premier producteur mondial, s’engageant avec les nouvelles techniques à améliorer les effets de la fracturation hydraulique, le programme de Joe Biden prévoit 2 000 milliards de dollars sur les 20/30 prochaines années, soit 10% du PIB 2019, pour le développement des énergies renouvelables, les industries écologiques et l’efficacité énergétique mais supposant d’avoir l’aval du Sénat en majorité républicain. Plus globalement, le plan climat de Joe Biden prévoit d’investir, je le cite «dans les infrastructures intelligentes pour reconstruire la nation et pour garantir que nos bâtiments, nos infrastructures d’eau, de transport et d’énergie puissent résister aux impacts du changement climatique, de financer 1,5 million de nouveaux logements plus durables et éco-énergétiques, une réorganisation de l’industrie automobile vers les voitures hybrides et électriques, l’Etat fédéral devant programmer notamment l’installation de 500 000 bornes de recharge publiques sur le territoire et instaurer une prime à la conversion».
L’Europe va dans la même trajectoire. La Commission européenne a fixé, avec le règlement d’exécution 2020/1294 du 15 septembre 2020, les règles du nouveau mécanisme de financement des énergies renouvelables. Chaque État membre doit contribuer à l’objectif européen de 32% d’énergies renouvelables en 2030. Une trajectoire indicative est fixée pour chacun d’entre eux, pour la période 2021-2030, avec des points de référence à atteindre en 2022, 2025 et 2027, devant mobiliser au moins 1 000 milliards d’euros d’investissements durables dans les dix années à venir avec des incitations pour attirer les financements privés, grâce notamment au rôle essentiel que jouera la Banque européenne d’investissement. La Chine et l’Inde ont un fort engagement pour la transition énergétique. Par exemple, selon le rapport de Global Wind Energy Council de 2019, la Chine et l’Inde font partie des cinq pays regroupant 73% de l’ensemble des capacités éoliennes mondiales installées. En termes d’énergie solaire, le soutien des gouvernements indien et chinois stimule la compétitivité de leurs filières solaire, faisant d’eux les premiers acteurs au niveau mondial. La Chine pour tenter de réduire la pollution atmosphérique due à cet usage incontrôlé du charbon, investit massivement dans les énergies renouvelables : pays leader, prévoit d’investir d’ici 2030, 375/400 milliards de dollars. Quant à l’Inde, elle s’est engagée à fortement développer les énergies renouvelables, en disposant en particulier de 100 GW de capacités solaires et de 60 GW éoliens d’ici à fin 2022 (contre 16,6 GW solaires et 32,7 GW éoliens à fin novembre 2017), devant mobiliser pour cette période près de 190 milliards de dollars selon les estimations de la Climate Policy Initiative (CPI).
A suivre) A. M.