Maîtriser les risques pour mieux gérer l’impact, le défi pour l’Etat

Les aléas naturels ont causé 545 milliards de dinars de pertes à l’Algérie

L’impact du changement climatique sur les aléas naturels, ces deux dernières décennies, est de plus en plus croissant, en Algérie. Pour faire face à ces risques majeurs (séismes, incendies et inondations), l’Etat tente de mettre en place une véritable stratégie de prévention contre les risques naturels qui coûtent chers aux sinistrés et aux pouvoirs publics.

A défaut d’une stratégie efficace, l’indemnisation de certains aléas naturels est prise en charge par l’Etat. «Les interventions lors de la survenance d’aléas naturels tels que les séismes, les inondations et les feux de forêts ont coûté à l’Algérie 545 milliards de DA au cours des 16 dernières années», a indiqué avant-hier le délégué national aux risques majeurs, Afra Hamid. Mettant ainsi à jour la problématique de la gestion des aléas naturels par les pouvoirs publics et les assureurs privés. Les feux de forêts se sont multipliés, ces dernières années, détruisant la faune et la flore et provoquant un risque de sécheresse majeur qui peut déclencher, entre autres, une catastrophe naturelle.
Ce phénomène dont on parle peu, malgré son impact direct dans le déclenchement des feux de forêts. Les aléas naturels étaient dernièrement d’une intensité anormale nécessitant une véritable stratégie de prévention mais aussi de prise en charge des sinistrés après une catastrophe naturelle. Toute la problématique réside dans l’anticipation de ces catastrophes à travers l’étude des risques et la mise en place d’un plan d’urgence durant et après la survenue de la catastrophe. Dans son entretien accordé à l’Agence pesse service (APS), M. Afra est revenu sur la stratégie de prévention des risques des aléas naturels du gouvernement, indiquant «la promulgation prochaine du décret portant révision de l’organisation de la Délégation nationale aux risques majeurs, en application des instructions données par le Premier ministre lors de la dernière rencontre gouvernement-walis, mais aussi du cadre de Sendai», a-t-il souligné, estimant que la gestion des catastrophes naturelles bénéficie d’une intention particulière du gouvernement.
Pour faire face à la vulnérabilité aux aléas naturels, notamment, les feux de forêts et les inondations, ainsi qu’ aux conséquences financières, l’Etat prévoit de revoir sa stratégie de prévention des risques naturels et comprendre les défaillances qui accompagnent leur gestion. Dans ce contexte, M. Afra a évoqué les directives du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, qui avait annoncé «la révision du fonctionnement de certaines structures relevant du secteur de l’Intérieur à l’instar de la Délégation nationale aux risques majeurs qui doit avoir une vision prospective et anticipative sur les aléas naturels pour éviter que les feux de forêts et les inondations enregistrés ces dernières années ne se reproduisent», a-t-il précisé.
La nouvelle stratégie repose, en effet, sur multi-aléas afin de détecter, entre autres, les zones représentant un risque potentiel de catastrophes naturelles. «L’Algérie a adopté, dès 2004, une politique de prévention des risques majeurs par la mise en place d’une loi définissant 15 aléas naturels et technologiques, ainsi que les modalités de prévention et d’intervention lors de leur survenance», a indiqué M. Afra. Pour comprendre ces phénomènes, il suffit peut-être de se référer aux études et recherches des sismologues, des météorologues et géologues pour cartographier et identifier les zones les plus exposées aux risques d’une catastrophe naturelle. Des spécialistes et experts qui ne cessent depuis des années de mettre en garde contre un risque sismique majeur en Algérie et celui de la sécheresse qui menace le pays.
Dans ce cas, la prévention à elle seule ne suffit pas, il faudrait «impérativement une adaptation aux nouveaux concepts de gestion des grandes catastrophes, conformément au cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes, lequel insiste sur la nécessité de passer de la gestion des catastrophes à la gestion des risques qui en découlent», a réitéré le spécialiste des risques majeurs . Ce dernier a pointé dans son entretien le vide réglementaire qui a retardé l’exécution de la stratégie de prévention des risques, estimant que «la non-promulgation des décrets exécutifs a entravé l’inscription de la stratégie nationale de prévention contre les risques majeurs au sein des plans de développement au niveau local». Un manque qu’il espère rattraper après «l’entrée en vigueur de la nouvelle stratégie».
Il a relevé dans le détail les difficultés réglementaires qui ont entravé la mise en œuvre de ladite stratégie nécessaire pour prévenir et lutter efficacement contre les aléas naturels. M. Afra a cité en exemple les feux de forêts et qui «cause des pertes estimées à 1,5 milliard de dinar annuellement», regrettant le manque de moyens dans la lutte contre les incendies, insistant ainsi sur l’importance de se doter «des méthodes plus modernes en matière de lutte contre les feux de forêts». Les moyens et les techniques obsolètes de prévention et de lutte contre les risques majeurs sont toujours mis en cause.
Samira Takharboucht