Sous perfusion de ses créances, la Sonelgaz menace de couper l’électricité

Plus de 180 milliards de dinars de dettes cumulés en six mois

Dysfonctionnement et défaillance en cascade. La société nationale de distribution et de commercialisation de l’électricité et du gaz (Sonelgaz) est à bout de souffle en raison du cumul des créances impayées auprès de ses clients qui dépassent les 180 milliards de dinars au premier semestre de l’année en cours, plongeant la société dans une crise financière sans précédent.

Elle fait face à un virus qui s’appelle «la dette» qu’elle ne peut absorber car elle est déjà surendettée, ce qui a provoqué un impact quasi «irréversible» sur sa trésorerie qui ne peut faire face aux échéances. Cette lame de fond ne peut s’arrêter que lorsque ses créances seront épurées. Pour ce faire, la Sonelgaz passe à l’action et menace de couper l’alimentation de l’électricité et du gaz si les entreprises, les administrations et ses abonnés ne respectent pas son échéancier, après plusieurs mois d’indulgence. En effet, malgré la mise en place de plusieurs mesures de facilitation pour inciter ses clients à régler leurs factures cumulées depuis des mois, la Sonelgaz demeure dans l’impasse et craint de faire faillite, comme c’est le cas de plusieurs entreprises publiques qui ont été contraintes à déposer leur bilan.
En l’augmentation constante des créances impayées de ses clients depuis le début de la crise sanitaire et la chute d’activité font craindre un cruel effet domino pour l’entreprise. C’est le sombre constat dressé par Tahar Djouambi, Directeur général des travaux et des services à la Sonelgaz, lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Chaîne III, au cours de laquelle, il a évoqué l’impact de la dette cumulée depuis des mois sur l’entreprise qui est lourdement affectée par la crise sanitaire du Covid-19, estimant que «si cette situation dure dans le temps, ce montant peut causer un sérieux déséquilibre sur la balance de l’entreprise».

Un constat sévère
Pour absorber cette dette et éviter de déposer son bilan, il a recommandé «d’essayer de récupérer une bonne partie de ces créances le plus vite possible», sachant que la capacité de l’entreprise pour absorber le choc est faible en raison de la situation financière fragile des ménages mais aussi des entreprises qui peinent à valoriser leurs engagements envers la Sonelgaz. En tout état de cause, l’entreprise publique doit réagir vite et mettre en place des actions intermédiaires afin d’accélérer et de maximiser le recouvrement de sa dette. Répondant à la question sur la stratégie de la société pour récupérer ses créances, M. Djouambi a déclaré qu’«un plan a été mis en place par l’entreprise pour récupérer les créances, notamment auprès des industriels et des établissements publics», expliquant dans le détail que «l’entreprise a commencé par les administrations. C’est une question de temps, le paiement prendra quelques jours, mais ça va se régler», optimise-t-il.
Cette démarche permettra, selon lui, de recouvrer une partie des créances et se déroulera en deux temps. Après l’acquittement des industriels de leur dette, ce sera au tour des ménages, affirmant, à ce propos, qu’«il est temps de reprendre l’activité de recouvrement après plusieurs mois d’arrêt et de non-coupures, à cause de la situation sanitaire que traverse le pays». C’est l’unique solution, selon lui, pour surmonter les difficultés de la trésorerie de l’entreprise qui impacte sévèrement son actif. Pour rappel, la Sonelgaz ne cesse depuis des mois d’inviter ses clients à régler leurs factures impayées, notamment, après la phase du déconfinement et la reprise de l’activité économique. Elle a intensifié, en effet, les campagnes de communication et d’information auprès des entreprises, administrations, commerçants et ménages afin de les inciter à payer leurs factures. Malheureusement, cet effort n’a pas donné de résultat. L’entreprise passe à l’action et décide d’agir vite.
«La Sonelgaz a lancé un plan de communication et aujourd’hui on va passer à l’action», a-t-il averti, affirmant qu’«au niveau des administrations, l’entreprise a entamé les coupures et ça sera la même chose pour les tertiaires qui refuseraient de coopérer pour l’élaboration d’un échéancier de paiement». Quant aux clients ordinaires qui n’ont pas été sollicités depuis des mois, «la Sonelgaz met en place un ensemble de mesures de facilitation et différents modes de paiement» a souligné M. Djouambi, expliquant que la société établira l’état de la situation «par volume de factures impayées par client afin d’instaurer un échéancier pour ceux qui ne sont pas en mesure de payer leurs factures». En cas de non-respect de cet échéancier, la Sonelgaz procédera à la coupure de l’alimentation de l’électricité et du gaz.
Samira Takharboucht