L’école d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui

Boumerdès : rien ne va plus dans le secteur de l’éducation

Que ce soit à Bordj Menaïel, Khemis El Kechna, Issers, Dellys, Boudouaou, Boumerdès, Chabet El Ameur, Naciria, Thenia, Sidi-daoud, Si Mustapha, Hamadi et d’autres villes et villages de la wilaya de Boumerdès, les écoles primaires, les collèges d’enseignement moyen, les lycées et autres structures de l’éducation sont dans un état de vétusté et d’abandon total de la part des autorités locales et de la wilaya. Nos écoles sont très en retard, on ne se projette pas dans l’avenir en construisant de nouvelles classes afin d’éviter la surcharge des élèves, il n’y a jamais eu de planification à cet effet.

Enseignants et parents d’éleves mécontents, il y a grogne dans le secteur de l’éducation, un secteur très nevralgique qui logiquement nous forment les hommes de demain, ce qui n’est pas le cas actuellement. Où sont-ils les enseignants d’avant, le cheikh Lamssid d’autrefois, à l’image des Amara Ahmed, des Aïche, des Arbouz, des Ali Lahmar, des Ibazizene, des messaoud, des Khoumeri, des Amellal, des Benamane, des Benkhamssa ? Ils nous ont inculqué le savoir de la bonne manière, ils ont formés des médecins, des avocats, des architectes, des ingenieurs d’Etat, des chefs de daira, des notaires, des cadres dans l’administration algérienne, des consuls, des gradés militaires, des cadres de la douane et autres, la plupart de ces enseignants ne sont plus de ce monde, certes, mais ils restent vivaces dans nos cœurs, malheureusement il n’y a pas eu de relève adéquate dans le corps éducatif. La preuve actuellement, lorsque vous vous rendez dans un établissement scolaire pour vous renseigner sur votre enfant élève, un accueil glacial et froid vous frappe au visage de la part du premier responsable de l’établissement, vous êtes mal reçu, à quoi est dû cette manière de faire ? Eh bien, c’est le manque de pédagogie.
Les parents se plaignent des mauvaises conditions de scolarité, de la dégradation des conditions de scolarisation de leurs enfants, les structures scolaire se déteriorent de plus en plus sans qu’aucune mesure ne soit prise, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que des classes ont été fermées en raison de la dégradation totale de l’étanchéité des établissements et ces derniers refusent les chalets en préfabriqués comme solution au problème de surcharge des classes. Les parents d’éleves ont souvent soulevé également l’insalubrité des établissements scolaires, notamment les sanitaires et surtout les grèves à repétition du corps enseignants, les élèves sont pris en otage chaque année. Avec cette histoire de grève, le maître d’école aurait pu être un prophète, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, étant donné que les écoles algériennes souffrent de plusieurs carences du fait que les enseignants et les élèves travaillent dans des conditions difficiles, les élèves sont durement pénalisés et même le personnel ne peut plus travailler dans des conditions qui laissent à désirer.
Et pour cause, les établissements scolaires fonctionnent en double vacation et parfois en triple en raison du manque de classes, les conditions de scolarisation sont décriées avec les surcharges et l’exiguïté des salles de cours : rien ne va plus dans nos écoles étant donné que le maître, l’instituteur, l’enseignant doit maitriser un solide «avoir de connaissances», il ne doit pas négliger de réfléchir à la façon de les transmettre, d’acquérir ce talent qui suppose un long et vigilant apprentissage, malheureusement ce n’est plus le cas actuellement car on n’enseigne plus le savoir dans les écoles mais plutôt on leur inculque la manière de faire grève. Le maître d’école doit developper la mémoire des élèves, le rapport de la mémoire avec l’intelligence, le jugement, l’imagination, la curiosité infantine, l’esprit d’observation et comment le cultiver, l’esprit critique avec les occasions et moyens de le developper, l’enseignant doit à cet effet être initié à respecter chacun d’eux dans son individualité psychologique, sociologique, intellectuelle et mentale, le souci est de lui permettre de progresser à son propre rythme, avec ses différences et donc en fonction de ses moyens.
Aussi, leur proposer des situations pédagogiques à travers lesquelles ils pourront s’approprier le savoir, définir et mettre en place leurs propres schemas de pensée et devenir progressivement les artisans de leurs progrès, aussi tenter de circonscrire les déterminants potentiels des difficultés qu’ils eprouveraient dans leur apprentissage, le souci étant de leur permettre de les franchir. L’enseignant doit être formé à intervenir dans n’importe quelle classe, d’adapter son comportement pédagogique à l’âge des enfants qui lui seront confiés, de participer à l’éveil de leur intelligence, de prendre part, de façon privilégiée, à la construction de leurs personnalités et à la mise en place de leurs structures de pensée sans lesquelles il ne peut y avoir de réussite.
La mission de l’enseignant est donc de construire un homme, non pas conformément à l’image qu’il se fait de lui mais tel qu’il se laisse deviner, tel qu’il se laisse pressentir avec ses forces et ses faiblesses, avec ses problèmes et ses passions. Le regretté Okba Bendiab, éditeur de la maison el Musk avait dit que «vouloir réformer l’école sans prendre acte des besoins de la collectivité et sans faire référence à l’éducation entendue lato sensu, comme ce qui concourt au developpement de la liberté, de l’intelligence et de la sensibilité de la personne, c’est faire fausse route». La timidité du management au plan des actions correctives et innovatrices est à l’origine des réformes éducatives qui s’étaient succédées et qui finalement avaient pour mission de sacrifier des générations entières sur l’autel de la mégalomanie érigée au rang de constante nationale.
Kouider Djouab