Pour un discours de vérité pour le redressement de l’économie nationale : ni sinistrose, ni autosatisfaction

Face à la crise économique mondiale et les tensions internes en Algérie

La crise mondiale avec l’épidémie du coronavirus touche tous les pays du monde et pas seulement l’Algérie mono exportatrice. Le cours des hydrocarbures représentant avec les dérives 98% des recettes en devises, le 8 novembre 2020, le cours du pétrole en bourse du Wit est coté à 37,46 dollars, le Brent à 39,70 et le prix de cession du gaz sur le marché libre à 3,35 dollars le MBTU, baisse de plus de 70% par rapport à 2008/2010, sans compter les pertes de parts du marché notamment en Europe, principal client.

Sans dynamisation de l’appareil productif, nous assisterons à une hyper inflation. Toute baisse du dinar par rapport au dollar et à l’euro permet d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures et la fiscalité ordinaire, pour combler le déficit budgétaire, l’Algérie a eu recours à l’émission monétaire. La Banque centrale de mi-novembre 2017 à avril 2019, a mobilisé 55 milliards de dollars, soit l’équivalent de 32% du PIB de 2018. Ce financement favorise la baisse des réserves de change, puisque en mettant à la disposition des entreprises des dinars, 70/80% des matières premières et des équipements des entreprises étant importées, ces dernières importeront de l’étranger.

5.-En conclusion, le XXIe siècle sera marqué par l’innovation permanente, car la puissance d’une nation et sa prospérité sociale se mesurent à son économie. Dans ce cadre, il faut rappeler que le référendum pour la révision de la Constitution du 1er novembre 2020, s’est tenu dans un contexte national et international défavorable : maladie du président de la République, dossier de corruption des anciens responsables créant une névrose collective et une crise de confiance, épidémie du coronavirus, une faiblesse dans le système de communication non adapté au nouveau monde et le marasme économique et social qui n’est pas propre à l’Algérie. Le taux de participation a été de 23,7% sur un nombre total d’inscrits de 24 475 310 dont 907 298 résidents à l’étranger et le nombre de votants de 5 636 172 dont 45 071 résidents à l’étranger.
Le nombre de voix exprimées a été de 5 023 385 dont le nombre de OUI 3 355 518, soit par rapport aux inscrits 13,70% et le nombre de votes NON, 33,20%, 1 676 867 de voix, soit par rapport aux inscrits 6,85% qui s’ajoutent aux 633 885 voix de bulletins nuls (407 en litige) soit au total 9,44%. Aussi, l’urgence après le référendum du 1er novembre 2020, et quelque soit l’appréciation que l’on fait, est le redressement de l’économie nationale supposant une autre gouvernance et un renouveau du personnel politique dans les hautes sphères des hautes institutions politiques, économiques et de contrôle (la Cour des comptes étant en léthargie ainsi que le Conseil national de l’énergie, sans compter le non renouvellement de la composante du Conseil économique et social depuis des années) pour redonner la confiance sans laquelle aucun développement n’est possible.
Il faut un discours de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction source de névrose collective, les discours démagogiques auxquels plus personne ne croit. Par ailleurs, la future politique socio économique devra tenir compte des nouvelles mutations mondiales axées sur la transition numérique et énergétique, de la demande de révision par l’Algérie de certaines clauses de l’Accord d’association avec l’Europe, négociations toujours en cours, pour un partenariat gagnant, des tensions géostratégiques en Méditerranée, au Sahel et en Libye. D’où l’urgence d’approfondir les réformes internes institutionnelles et micro économiques, portées par de nouvelles forces sociales. Un grand défi pour l’Algérie de demain, défi à sa portée du fait de ses importantes potentialités.
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul