La santé publique mise à l’épreuve du «Black Friday»

Les commerçants face à l’assaut des acheteurs

Des images peu croyables. Une file d’attente interminable est observée devant l’entrée du centre commercial et de loisirs de Bab- Ezzouar, à Alger. Une centaine de personnes sont venues profiter des promotions du «Black Friday» et dénicher les bonnes affaires.

Un rendez-vous commercial, appelé communément, vendredi fou américain, qui séduit depuis quelques années les Algériens. Ces derniers ont bafoué tous les avertissements de la santé publique, dans un contexte de l’explosion du nouveau Coronavirus. Attirés par les fanfares des rabais et des promotions, les consommateurs ont fait fi de toutes les mesures barrières anti-Covid-19, au risque de mettre leur vie, celle de leurs familles et des soignants en danger. A défaut d’un achat en ligne sécurisé, des consommateurs passionnés par les journées de soldes et de promotion se ruent sur les magasins, mais cette fois, le contexte est mal choisi et très sensible en raison de l’épidémie du Covid-19. Il peut leur coûter cher. Même la vie. Un comportement déjà pointé du doigt par les spécialistes de la santé et les pouvoirs publics qui déplorent le degré d’inconscience et d’indiscipline de nombreuses personnes qui n’hésitent pas à s’exposer au risque de contamination au Covid-19 au dépends des autres.
L’Algérie enregistre depuis plusieurs semaines un rebond explosif du nombre des infections au Covid-19 et de celui des décès, dépassant la barre de 1.000 cas de contamination en moyenne. Un constat alarmant qui met sous les feux de la critique l’irresponsabilité de nombreuses personnes et la défaite des gestionnaires de la crise. Les images de la longue file devant le centre commercial et de loisirs de Bab-Ezzouar ont été largement relayées sur les réseaux sociaux et ont provoqué la colère et l’indignation des internautes qui ont dénoncé l’absence de conscience collective, mais aussi de service de sécurité pour contraindre ce rassemblement. Sachant que la direction générale de la grande surface commerciale avait annoncé l’annulation du fameux rendez-vous «Black Friday». Un rendez-vous, en effet, qui devrait obéir à une réglementation stricte. Ce qui n’est pas le cas chez nous étant donné que le concept a été importé et adopté par tous les commerces.
Le «Black Friday» est un rendez-vous juteux pour les commerçants qui enregistrent un gain important qui place cette journée de «Black Friday» en bonne position. Également répandue sur les ventes en ligne. Plusieurs commerces proposent des baisses allant jusqu’à 70% du prix de leurs produits séduisant ainsi les consommateurs. Étant mal organisé et peu structuré, la vente en ligne en Algérie peine à se positionner par rapport au commerce de contact. Ce dernier considéré comme un vecteur de transmission du Coronavirus a été soumis à des restrictions, depuis près d’un mois. Malgré les mesures dissuasives mises en place, la situation épidémiologique reste inquiétante.
L’absence de terminaux de paiement modernes et un véritable réseau de distribution compliquent l’objectif des autorités de développer ce relais qui s’avère très utile et indispensable désormais. Le E-commerce demeure un levier important pour la croissance économique nationale, mais aussi pour assurer la traçabilité des opérations de paiement et la régularisation de l’argent informel. Bien que le «Black Friday» ne fasse pas partie de nos habitudes ou culture, il a révélé l’embarrassante situation compliquée des commerces en Algérie et le laxisme des services concernés à se mobiliser ou s’engager à changer cette réalité qui ne porte que préjudice aux caisses de l’Etat déjà déficitaires.
Samira Takharboucht