Les investisseurs et producteurs pétroliers tenus en haleine

Examen des enjeux et perspectives du marché pétrolier au menu de la réunion Opep+

Grâce à l’annonce du vaccin-anti-Covid-19, les prix du pétrole sont au plus haut depuis le début du mois de mars dernier. Ils sont proches de l’équilibre à la clôture du marché, hier, dans un climat plus serein et optimiste en attendant le 180ème sommet des pays producteurs du pétrole (Opep+), prévu lundi prochain.

Cette réunion ministérielle sera présidée par notre ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, en vue «d’examiner et d’évaluer l’évolution du marché pétrolier international sous le contexte du Covid-19 et ses perspectives d’avenir à court et à moyens termes», a indiqué un communiqué du ministère de tutelle. La situation n’est pas simple, mais les pays membres de l’Opep et leurs alliés doivent décider du sort de l’Accord Opep+, signé au mois d’avril dernier. Le rebond des cours du pétrole a tellement été espéré et surtout apprécié par les pays producteurs de cette matière première, notamment, ceux dépendant des recettes des hydrocarbures, à l’instar de l’Algérie, l’Irak, le Nigeria et même les poids lourds de ce marché qui ont vu leurs revenus pétroliers chuter, au cours de cette année. Certes, la reprise du marché pétrolier a été prévue par plusieurs pays et experts du domaine au deuxième semestre 2020, cependant, les probabilités de les atteindre restaient faibles en raison du rebond du Covid-19 à travers le monde et le reconfinement à nouveau des populations. Mais aussi à cause de la crise politique aux Etats-Unis qui dure depuis un mois.
Il a suffit que Donald Trump donne le feu vert à la transition politique avec l’équipe du président élu Joe Biden et les laboratoires Pfizer-BioNtech annonce la mise au point d’un vaccin fiable à 95%, toutes les prévisions basculent dans le vert, soutenant ainsi le moral des investisseurs et des producteurs du pétrole qui retiennent depuis des mois leur souffle. Dépendante du secteur des hydrocarbures, l’Algérie espère, avec la reprise du marché pétrolier, contrecarrer la faible croissance économique et offrir plus de perspectives de croissance aux secteurs industriels, énergétiques et technologiques afin d’accélérer sa transition économique. En revanche, sa relance économique est tributaire de l’évolution du marché pétrolier et gazier, sachant qu’elle prévoit d’axer sa nouvelle stratégie sur le mix-énergétique afin de profiter de la hausse de la consommation mondiale prévue d’ici 2030.
Le rebond du Brent au-dessus de 48 dollars le baril représente un signe de confiance et d’espoir sans précédent depuis le déclenchement de la crise sanitaire Covid-19) qui a commencé à désagréger le moral des investisseurs et celui des producteurs du pétrole qui réfléchissent à d’autres alternatives de sortie de crise. L’Algérie a même estimé qu’«il est temps de se réconcilier avec l’énergie durable et même d’aller vers l’exploration du gaz de schiste». Ainsi réfléchir à l’après-pétrole pour éviter de sombrer dans une crise énergétique sans précédent. Avec une situation financière restrictive, l’Algérie espère surmonter progressivement la crise économique aigüe à partir de 2021 et ainsi sortir de ce cycle de l’effondrement constant de la demande de pétrole mondiale qui l’a contrainte à réduire sa production pétrolière et revoir le plan de développement de la compagnie nationale des hydrocarbures.
Depuis l’entrée en vigueur de l’Accord Opep+ portant sur la réduction des quotas de production pétrolière des pays membres de l’Opep et leurs alliés, l’Algérie a vu sa capacité de production baisser à près de 50% et ses prix chuter drastiquement. Six mois après l’application des décisions de la Déclaration de coopération des 24 pays producteurs du pétrole, qui a été remise en question à un moment donné par plusieurs pays qui se sont opposés à la limitation de leurs extractions, les pays membres de l’Opep+ vont se réunir afin de statuer sur la situation du marché pétrolier mondial et décider de ce que ces pays feront en janvier 2021. Sachant que le marché pétrolier est imprévisible et dépend de la fiabilité et de la distribution du vaccin anti-Covid-19 sur les populations du monde.
Certes, les découvertes de l’antidote par les laboratoires AstraZeneca, Pfizer/BioNTech et Moderna ont contribué au rebond du marché pétrolier. Un optimisme largement partagé sur le marché a boosté les prévisions de la reprise de la demande mondiale. En attendant le retour à l’équilibre du marché pétrolier, les investisseurs locaux et internationaux sont tournés vers la réunion ministérielle des pays membres de l’Opep et leurs alliés, prévue lundi prochain pour statuer sur l’Accord Opep+ portant sur la réduction du volume de la production des pays signataires.
Cet accord a permis de réduire la pression sur le marché pétrolier inondé par l’offre du pétrole brut et à absorber cet excédent, cependant, l’impact de cette décision sur les petits producteurs à l’instar de l’Algérie a eu des effets dévastateurs sur ses finances et sur ses réserves en devises. Ce qui a poussé les pouvoirs publics à prendre des mesures austères qui risquent de demeurer encore en 2021 en raison de la vulnérabilité de ses infrastructures financières. L’Algérie ne pourrait peut-être pas supporter une autre réduction de son volume de production, si les pays membres de l’Opep+ décident de maintenir les décisions de l’Accord Opep+.
Samira Takharboucht