Une nouvelle gouvernance et un nouveau personnel politique afin de redonner confiance

Après le 1er novembre 2020, les défis de l’Algérie de demain 2020/2025

Le référendum pour la révision de la Constitution tenu le 1er novembre 2020, s’est tenu dans un contexte national et international défavorable : maladie du Président de la République, épidémie du coronavirus, une faiblesse dans le système de communication et le marasme économique et social qui n’est pas propre à l’Algérie.

Quel sera le niveau des réserves de change 2020/2011 ? Selon le FMI, l’Algérie a besoin d’un baril de plus de 135 dollars en 2021 et selon le site spécialisé, Oil Price, 157,2 dollars pour équilibrer son budget. Le prix du baril fixé par la Loi de finances 2020 de 30 dollars, prix fiscal et 35 dollars prix marché, le PLF 2021 40 dollars, n’est qu’un artifice comptable. Selon les prévisions du FMI pour les années précédentes, le prix d’équilibre du baril pour l’Algérie était estimé de 104,6 dollars en 2019, à 101,4 dollars en 2018 et à 91,4 en 2017. Il s’ensuit une baisse drastique des réserves de change qui ont évolué ainsi : – 2013 : 194,0 milliards de dollars, – 2018 : 79,88 milliards de dollars – fin 2019 : 62 milliards de dollars, – fin 2020, avant l’épidémie du coronavirus, les prévisions de la Loi de finances complémentaire sont de 44,2 milliards de dollars contre 51,6 prévus dans la loi initiale. Le FMI prévoit 33,8 milliards de dollars fin 2020, le trésor français 36 milliards et fin 2021, début 2022, entre 12/13 milliards de dollars.
Prenant à contre-pied les prévisions internationales, le PLF 2021 prévoit des resserves de change fin 2021 à 46,8 milliards de dollars en 2021, assurant les importations et les services durant 16 mois et ce suite à l’amélioration prévue dans le déficit de la balance des paiements qui devrait atteindre -3,6 MDS en 2021 et avec des seuils de réserves de change de 47,53 milliards de dollars en 2022 et 50,02 MDS en 2023. Comment cela sera-t-il réalisable vu tant la conjoncture internationale défavorable qu’interne où la majorité des secteurs productifs, hormis l’agriculture, sont en hibernation ? Comme la cotation du dinar est corrélée aux réserves à plus de 70% où la valeur d’une monnaie dépend avant tout du niveau de la production et de la productivité, le dinar officiel est coté le 2 novembre 2020, le cours achat est de 129,51 dinars un dollar et 150,54 dinars un euro (source Banque d’Algérie).
Concernant les cours de change du dinar algérien (DA), le projet de Loi de finances en 2021 prévoit une déprécation par rapport au dollar américain (USD), où la moyenne annuelle devra atteindre 142,20 DA/USD en 2021, 149,31 DA/USD en 2022 et 156,78 DA/USD en 2023. En prenant l’écart actuel de 18% euro/dollar, un euro officiel vaudrait en 2023, 182 dinars un euro et sur le marché parallèle, avec un écart d’environ 50%, nous aurons 280 dinars un euro. Sans dynamisation de l’appareil productif, nous assisterons à une hyperinflation. Toute baisse du dinar par rapport au dollar et à l’euro permet d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures et la fiscalité ordinaire. Pour combler le déficit budgétaire, l’Algérie a eu recours à l’émission monétaire. La Banque centrale de mi-novembre 2017 à avril 2019, a mobilisé 55 milliards de dollars, soit l’équivalent de 32% du PIB de 2018.
Ce financement favorise la baisse des réserves de change, puisque en mettant à la disposition des entreprises des dinars, 70/80% des matières premières et des équipements des entreprises publiques et privées étant importées, ces dernières importeront de l’étranger en devises. En conclusion, il faut arrêter les mesures conjoncturelles de replâtrages et les discours démagogiques auxquels plus personne ne croit et tenir un langage de vérité. Les tensions budgétaires seront vivaces entre 2021/2022. La réalisation de la Loi de finances 2021 dépendra à la fois du cours des hydrocarbures et de la dynamisation du tissu productif, fonction des réformes, qui demandera, minimum, entre 4/5 ans, la compression des importations ayant des limites, le taux d’intégration ne dépassant pas 15%. Aussi, l’urgence après le 1er novembre 2020 sera le redressement de l’économie nationale supposant une autre gouvernance et un renouveau du personnel politique et dans les hautes sphères des institutions oncotiques pour redonner la confiance sans laquelle aucun développement n’est possible.
Avec des hypothèses irréalistes, la Loi de finances 2021 prévoit une baisse des importations de 14,4% de la valeur courante par rapport à la clôture 2020, pour atteindre 28,21 milliards de dollars. 27,39 milliards de dollars en 2022 puis 27,01 milliards de dollars en 2023, et une croissance économique nationale de 3,98% en 2021, après un recul de 4,6%, suivant les estimations de clôture de l’exercice 2020. Or, cette baisse, du fait de la faiblesse des exportations hors hydrocarbures, est liée à l’évolution du prix du pétrole et du gaz qui influe sur le taux de croissance, le taux de chômage, le niveau des réserves de change et surtout à la dynamisation du tissu productif interne (notre interview Monde.fr/AFP Paris 10/8/2020).
Par ailleurs, la future politique socio-économique devra tenir compte des nouvelles mutations mondiales axées sur la transition numérique et énergétique, de la demande de révision par l’Algérie de certaines clauses de l’Accord d’association avec l’Europe, pour un partenariat gagnant, des tensions géostratégiques en Méditerranée, au Sahel et en Libye. D’où l’urgence d’approfondir les réformes internes institutionnelles et micro-économiques, portées par de nouvelles forces sociales. Un grand défi pour l’Algérie de demain, défi à sa portée du fait de ses importantes potentialités.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul