Les pays membres de l’Opep+ à la recherche «d’un front uni»

Le doute plane sur la reconduction de l’Accord Opep+, jusqu’en 2021

Le sort de l’Accord de réduction de production, conclu le 12 avril dernier, sera scellé aujourd’hui. Les 23 pays membres de l’Opep-Non Opep, signataires de « la Déclaration de Coopération «, qui se sont réunis par visioconférence devront statuer à l’unanimité et en accord l’éventuelle reconduction de la baisse de production de pétrole au mois de janvier 2021, et ce, conformément à l’Accord Opep+.

Depuis sont entrée en vigueur au mois de mai dernier, la réduction des extractions a atteint 7,7 millions de barils par jour et désormais ce seuil doit être ramené à 5,8 millions à compter de janvier 2021. Ce qui n’est pas de l’avis de la plupart des observateurs qui souhaitent repousser de trois à six mois, en tenant compte de l’évolution de la pandémie du Covid-19 et des marchés financiers qui commencent à se décomposer. Dans l’espoir de rouvrir les frontières internationales et la reprise des échanges économiques, les investisseurs restent prudents. En dépit des divergences, les participants à ce Sommet devront prendre une décision commune en faveur du marché pétrolier mondial, en crise depuis plusieurs années. Ainsi redonner un peu de vigueur à un marché du brut toujours déprimé par l’incertitude et la pandémie du Coronavirus.
Pour maintenir ce marché en équilibre et soutenir davantage les prix du baril de pétrole qui ont réussi à se stabiliser à 48 dollars, le ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar, qui a présidé cette réunion décisive, a plaidé au cours du premier jour des pourparlers sur «l’importance de maintenir le plafond de réduction de production de pétrole fixé par l’accord, durant le premier semestre 2021». Optimiste, M. Attar a déclaré qu’»à partir du mois de mars 2021, date de la réouverture éventuelle des frontières internationales et de la reprise économique mondiale, le marché pétrolier connaîtra un véritable rebond». Sans oublier l’impact positif de la découverte d’un vaccin anti-Covid-19 par les laboratoires Pfizer-BION-Tech et Moderna sur la hausse des prix ces deux dernières semaines.
Ces bouleversements aideront, peut-être, les membres du cartel à décider de prolonger le niveau de réduction de leur production actuelle au-delà du 1er janvier afin de poursuivre leurs efforts et objectifs inscrits dans cet Accord. Ainsi soutenir un marché qui a vu depuis des mois la consommation d’or noir et les cours sombrer. Après une semaine au plus haut niveau, les prix du pétrole ont connu une légère baisse à la veille de la tenue de cette réunion décisive. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier, dont c’est le dernier jour de cotation, a glissé à 47,29 dollars, influencé par les spéculations autour du sommet de l’Opep+. Le même constat négatif est observé sur le marché financier. Le dollar américain a enregistré son plus bas niveau depuis 18 mois face aux autres monnaies convertibles. Il y a un mois, les producteurs du pétrole russes et saoudiens s’inquiétaient de l’évolution de la pandémie du Coronavirus et des résultats de l’élection présidentielle américaine.
Cette crainte a gagné, également, les petits pays producteurs de l’or noir, à l’instar de l’Algérie dont l’économie dépend à 96% des recettes des hydrocarbures et surtout s’appuie sur des investisseurs étrangers. Le déclenchement de la pandémie mondiale du Covid-19 a bouleversé le secteur financier qui faisait face à une crise pétrolière antérieure. Pour éviter la destruction de la demande mondiale en repli constant suite au confinement des populations, les pays membres de l’Organisation des producteurs du pétrole (Opep) et leurs alliés conduits par la Russie ont décidé, sur le front de la crise sanitaire, de s’accorder sur un plan de réduction graduel des quotas de production à des seuils applicables selon la capacité de production de chaque signataire de cette entente.
Paraphé en mois d’avril dernier et entré en vigueur un mois plus tard (mai), l’accord Opep+ a été respecté à 100% par certains pays à l’instar de l’Algérie, ce qui n’était pas le cas de quelques pays qui ne se sont pas conformés aux décisions de cet Accord. Au mois de juin, soit un mois avant la rencontre ministérielle pour examiner l’évolution du marché pétrolier, dans une conjoncture exceptionnelle, marquée par la progression exponentielle du Covid-19, les deux poids lourds du marché pétrolier, les éternels rivaux, Moscou et Ryad hésitent sur la reconduction de la décision de limitation des extractions. En dépit de ce petit couac, les deux pays approuvent le maintien des réductions tant que l’objectif de rééquilibrage du marché pétrolier n’a pas été atteint, tout en jouant sur leur volume réel de production et en spéculant sur les prix.
Samira Takharboucht